À propos de ce numéro
Dans le sillon de la conférence La Grande Transition, une masse critique de militantes et de militants intellectuels s’est mise à la tâche de comprendre le monde qui s’esquisse à travers les résistances et les tentatives de construire des contre-pouvoirs. Les débats ont été vifs, s’appuyant sur des enquêtes, des explorations théoriques et des bilans d’expériences extrêmement riches.
Table des matières
Reconstruire nos mouvements
- Le mouvement écologique en transition
Anne-Céline Guyon
- Le projet socialiste peut-il passer à côté du féminisme ?
Diane Lamoureux
- Repolitiser l’accumulation primitive
Dalie Giroux
- Au-delà de la social-démocratie
Emanuel Guay et Alessandro Drago
- Les défis des gauches en France
Hendrik Davi
- Syndicats et mouvements dans la lutte
Dominique Daigneault
- Reconstruire un rapport de force
Nancy Bédard
- La grève, outil incontournable des travailleurs et
des travailleuses
Jane McAlevey
- Syndicalisme, pouvoir ouvrier et économie
Shannon Ikebe - Les infrastructures de la contestation
Entretien avec David McNally
Xavier Lafrance
La crise des crises
- Libre-échange et néo-néolibéralisme
Claude Vaillancourt
- Les États-Unis dans le monde:
hégémoniques et déclinants
Donald Cuccioletta
- Les classes sociales au prisme de la financiarisation
Audrey Laurin-Lamothe
- Capitalisme et décroissance
Jean-Marie Harribey
- Amérique latine : après la vague rose
Maristella Svampa
- La double transformation
Michael Brie - Les trois transitions
Frédéric Legault
Demain et aujourd’hui, la société postcapitaliste
- Le pouvoir après l’émancipation :
propositions pour un socialisme postmoderne
Alain Savard
- Repenser la révolution. Utopie, imagination, pratique
Christian Laval
- Le commun dans la ville
Pouvoir citoyen à Pointe-Saint-Charles
Anne Kruzynski
- Marx et la Grande Tortue. Entrevue avec Glen Coulthard
Pierre Beaudet
- Le modèle Debout!
Esquisse d’une nouvelle organisation politique
Jonathan Durand Folco
- Les communs comme stratégie de décroissance
Bengi Akbulut - Valeur, marchandise et transition
Peter Hudis
Parcours militant
- Gilles Bourque et la question nationale. Entrevue
Jean Trudelle
Bilan des élections 2018
- La patience de notre impatience
Réflexions militantes sur les élections 2018
Pierre Beaudet
- Exaltantes percées et grandes responsabilités
Pierre Mouterde
- L’avancée électorale de Québec solidaire
Nouveaux défis, nouveaux débats, nouvelles pratiques
Bernard Rioux
- Des urnes et de la rue
Richard Fidler
- Bilan de campagne dans Chicoutimi
Pierre Dostie
- Les solidaires dans Québec-Chaudière-Appalaches:
une avancée de la gauche en terrain difficile
Sébastien Bouchard
- Les grands défis
Rosa Pires
- Montée des extrêmes : motifs de crainte et d’espoir
Carole Yerochewski
- Réalignement, systèmes partisans et facteurs de polarisation
Philippe Boudreau
NOTES DE LECTURE
Autres articles disponible sur ce numéro
Lisez quelques extraits de ce numéro ci-dessous.
Le projet socialiste peut-il passer à côté du féminisme
Par Diane Lamoureux
Le mouvement féministe est depuis le début confronté à une tâche qui peut apparaître comme contradictoire : permettre une individuation des femmes (non pas sur le mode de l’autonomie libérale mais sur celui de l’intersubjectivité) tout en entreprenant de construire un mouvement collectif de lutte contre les oppressions et les exploitations. Ce faisant, il n’a jamais pu sacrifier les individus au profit du collectif. L’expérience de l’oppression ne réduit pas les personnes qui en font l’expérience au seul statut de victimes. Les expériences récentes de libération de la parole autour du mouvement #MeToo ne doivent pas se comprendre essentiellement sous l’angle du lynchage public et de la fin de la présomption d’innocence, mais plutôt comme des mouvements d’indignation par rapport à des situations inacceptables et aussi comme parties d’un processus de subjectivation qui dénonce des injustices et cherche des voies d’action collective pour y mettre fin.
Lire la suite
Reconstruire un rapport de force
Par Nancy Bédard
Penser un système de santé post capitaliste n’est pas une utopie. Pendant des décennies, les prétendants au pouvoir, tous horizons confondus, ont partagé cette vision qu’il n’y a aucune alternative au modèle néolibéral. « There is no alternative », disait Margaret Thatcher. Mais aujourd’hui, surtout depuis la crise économique de 2007-2008 et suivantes, le modèle est remis en question. Des partis et des candidats ouvertement socialistes obtiennent des succès intéressants, ce qui était impensable il y a 10 ans. Ici au Québec, nous avons vécu en 2012 l’un des plus importants mouvements de contestation d’un modèle qui priorise la rentabilité et le profit au détriment de l’humanisme et de l’égalité. Chaque jour, je constate que les professionnelles en soins ont compris. Elles ont retenu que l’action collective peut faire changer les choses et que c’est en fait le seul moyen de bousculer l’ordre établi.
Lire la suite
Repenser la révolution. Utopie, imagination, pratique
par Christian Laval
Ce qu’il s’agit d’expérimenter, ce n’est pas un modèle parfait, mais une pratique collective qui laisse toujours la place à la remise en cause de sa dimension instituée. Cette capacité de remise en cause permanente de l’institué, c’est la démocratie réellement pratiquée selon des règles collectives, qui elles-mêmes doivent pouvoir être sans cesse révisées. C’est ce qui aujourd’hui se développe dans ce qui s’appelle de façon générique les « communs ». Ces communs ont une double caractéristique : ce sont des expériences de démocratie radicale et de prévalence du droit d’usage sur le droit de propriété. Dans les luttes et dans les expérimentations, un nouveau communisme est en train de s’inventer par le bas, un « communisme des communs ». C’est cette réalité-là que les révolutionnaires d’aujourd’hui doivent intégrer dans leur pensée et dans leur action.
Lire la suite