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Zapatisme : la rébellion qui dure

« Nous avons dit aux puissants “Nous voici” et à notre pays et au monde nous avons crié “Nous voici”… et pour être vus, nous avons caché nos visages, et pour être nommés, nous avons nié notre nom. »

Zapatisme : la rébellion qui dure, Bernard Duterme, Éditions Syllepse, juin 2014

Le 1er janvier 1994, un claquement de fusils a retenti dans les montagnes du Chiapas pour annoncer une tempête et une prophétie. De Zapata à Porto Alegre, de Che Guevara à Pancho Villa, de Santiago du Chili à Caracas, la révolte ouvre la voie à l’émancipation. Une longue histoire qui enchante nos mémoires.

Deux longues décennies ont passé depuis le soulèvement armé des zapatistes du Chiapas dans le Sud-Est mexicain, le jour de l’entrée en vigueur de l’Accord de libre-échange nord-américain.

Aujourd’hui pourtant, à coup de mobilisations détonantes et de communiqués fleuris du sous-commandant Marcos, la rébellion des indigènes mayas encagoulés défraie à nouveau la chronique, sur fond de tensions palpables.

Guérilla guévariste, mouvement civil d’affirmation identitaire, forum altermondialiste, autogouvernement rebelle… la dynamique zapatiste a revêtu au fil du temps des formes diverses pour revendiquer d’abord, construire ensuite – sur ses propres territoires désormais « autonomes de fait » – la democracia, la libertad y la justicia.

La viabilité d’une telle expérience profondément émancipatrice et radicalement démocratique est questionnée.

Fragmentation politique des régions indigènes, stratégies contre-insurrectionnelles et assistancialisme gouvernemental, pénétration des transnationales de l’industrie extractive, touristique, agro-exportatrice… l’adversité du contexte est tangible. Tout comme les limites internes de la rébellion dont les logiques d’action, sociales et politiques, peuvent converger ou se heurter.

Comment se profilent aujourd’hui les perspectives du mouvement zapatiste? Quelle signification recèle cette critique en actes du modèle économique dominant et d’un certain rapport au politique?

Au Mexique et au-delà, quelle est la portée de cette lutte, aussi atypique que légitime, pour la dignité, la redistribution et la reconnaissance?

« Le zapatisme n’est pas une nouvelle idéologie politique, ni un réchauffé de vieilles idéologies. Le zapatisme n’est pas, n’existe pas. Il se contente de servir, comme servent les ponts, pour traverser d’un côté à l’autre. C’est pourquoi, dans le zapatisme, tous ont leur place, tous ceux qui veulent traverser d’un côté à l’autre… Il n’y a ni recettes, ni lignes, ni stratégies, ni tactiques, ni lois, ni règlements, ni consignes universelles. Il y a seulement une aspiration : construire un monde meilleur, c’est-à-dire neuf. En résumé : le zapatisme n’appartient à personne, et pour cela, il est à tout le monde », sous-commandant Marcos.

 

Zapatisme : la rébellion qui dure, Bernard Duterme (coord.), Éditions Syllepse, juin 2014

 

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