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Le PQ n’a plus la moindre crédibilité

Au conseil national du Parti québécois, tenu ces jours derniers pour lancer la machine électorale en vue du scrutin de 2018, son chef Pierre Karl Péladeau a fait de timides appels de phare à Québec solidaire pour qu’il adhère à la convergence souverainiste. Il a alors entrouvert la porte à la réforme du mode de scrutin majoritaire actuel pour y inclure une composante proportionnelle en invitant les délégué-es à examiner la question. Mais M. Péladeau n’est pas allé jusqu’à se prononcer lui même en faveur de cette réforme comme l’a précisé par la suite la députée Véronique Hivon qui est responsable du dossier de la convergence au PQ. Le passé étant garant de l’avenir, un petit rappel historique s’impose pour pouvoir évaluer la crédibilité du PQ en cette matière.

À l’instigation de son fondateur René Lévesque qui qualifiait de « politiquement infect » le scrutin majoritaire actuel, le Parti québécois a fait de cette question un des principaux points de son programme dès son congrès de 1969. Et il l’y a maintenu jusqu’à son congrès de 2011 alors qu’il l’a passé à la trappe. Mais que s’est-il passé pendant cette période de 42 ans, pendant laquelle il a été au pouvoir 19 ans, pour que le PQ fasse chou blanc dans un dossier aussi important pour la revitalisation de notre vie démocratique ?

À la veille de prendre le pouvoir en 1976, le PQ a inscrit dans sa plateforme électorale l’engagement de mettre en marche le processus pour instaurer un scrutin proportionnel dès sa première année au pouvoir. Un livre vert sur la question, présenté en 1977 par le ministre à la réforme électorale Robert Burns, a cependant été mis de côté pour permettre de concentrer toutes les énergies sur la campagne référendaire qui s’amorçait.

De retour au pouvoir en 1981, Lévesque s’est engagé à faire adopter sa réforme avant les prochaines élections. La conjoncture était particulièrement favorable parce que le chef de l’opposition libérale, Claude Ryan, était aussi favorable à l’instauration d’un scrutin proportionnel. Malheureusement les deux partis ne se sont pas entendus sur le genre de système à mettre en place et le dossier a stagné pendant de longs mois. L’Assemblée nationale a finalement confié le mandat à la Commission de la représentation électorale de proposer un nouveau mode de scrutin après avoir évalué le système actuel et avoir étudié les divers projets possibles.

Après une vaste consultation, cette dernière a proposé en 1983 un système proportionnel de type régional. Lévesque a fait immédiatement rédiger un projet de loi conforme aux recommandations de la commission. Puis il a présenté ce dernier au conseil des ministres annonçant son dépôt à l’Assemblée nationale quelques jours plus tard. Mais il a été pris de court par la convocation d’une réunion d’urgence du caucus des députés péquistes à Drummondville. Une majorité de ces derniers, dont les principaux leaders de l’aile supposée réformiste du parti, ont alors infligé à leur chef une des gifles les plus humiliantes de sa vie politique en l’obligeant à renoncer à présenter le projet de loi. Le brouillon du compte-rendu de la réunion contenait même le commentaire suivant : « Faisons la souveraineté d’abord; on s’occupera de la démocratie après ». En colère. Lévesque a fait biffer ce passage.

Une éclipse de 15 ans

Ce malheureux épisode a marqué le renvoi du dossier aux calendes grecques pour une période de 15 ans. Même si elle est demeurée par la suite dans le programme du parti et a figuré de nouveau sous forme d’un engagement censé être prioritaire dans la plateforme électorale de 1994, la réforme du mode de scrutin n’a plus vraiment suscité d’intérêt dans le parti. Au pouvoir, le premier ministre Parizeau, absorbé par la préparation du référendum, a écarté l’engagement électoral du revers de la main se disant tout de go « confortable » avec le mode de scrutin majoritaire. Puis, au congrès du PQ de mai 1998, le premier ministre Lucien Bouchard a fait reporter l’instauration d’un scrutin proportionnel « après l’accession à la souveraineté ».

La tenue d’États généraux sur la réforme des institutions démocratiques, déclenchée par le ministre Jean-Pierre Charbonneau en 2002, a cependant ravivé l’espoir. Les participantes et les participants à ces assises se sont prononcés à plus de 80 % en faveur de l’instauration d’un scrutin proportionnel lors de la séance de clôture en février 2003. Puis, au cours de la campagne électorale qui a suivi, le premier ministre Bernard Landry a déclaré que s’il était reporté au pouvoir, il s’agissait des dernières élections à se tenir sous l’empire du mode de scrutin majoritaire. Mais le PQ a été défait par les libéraux de Jean Charest.

Lors du débat qui a suivi la présentation, en 2004, d’un avant-projet de loi par le gouvernement Charest proposant l’instauration d’une proportionnelle mixte avec compensation, le PQ a mis constamment les bois dans les roues jusqu’à son abandon en 2006 suite aux pressions exercées par le caucus des députés libéraux. Le parti d’opposition était revenu à sa position de 1998 voulant reporter la réforme après l’accession du Québec à la souveraineté. Puis au congrès de 2011, coup d’éclat, le PQ biffe d’un coup de plume 42 ans de son histoire en faisant passer le projet de réforme électorale à la trappe laissant un trou béant dans son programme.

La conclusion de ce rappel historique est évidente. L’histoire du PQ démontre qu’on ne peut absolument pas lui faire confiance lorsqu’il est question d’instaurer un scrutin proportionnel.

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