Deux ans après l’émeute de Montréal-Nord, la même situation d’exclusion et de pauvreté se perpétue à Montréal-Nord. Les pratiques policières sont plus sophistiquées, mais répondent aux mêmes impératifs de contrôle des « populations dangereuses ». De l’autre côté, les jeunes subissent plus fréquemment les stigmatisations, le racisme, le profilage racial, la criminalisation de leurs mouvements, ce qui renforce leur appartenance au quartier, à une communauté immigrante et pauvre.
De tout cela, la population montre des potentialités de mobilisation collective à travers différentes démarches et mobilisations. Par ailleurs, ce « nouveau » mouvement social embryonnaire qui se développe, lentement mais surement, ne pourra seul, d’« en bas », répondre à cette tâche immense d’apporter les outils critiques. Livrés seuls dans ce combat, les différents acteurs sont facilement marginalisés. Ne disposant pas assez des outils d’analyse politique, ils ne peuvent appréhender leur action immédiate dans une perspective de lutte globale en vue de poursuivre des objectifs stratégiques de changements sociaux et politiques. Pour que leur rébellion devienne une lutte politique et que le mouvement social se structure comme protagoniste principal, un vaste travail idéologique et d’unification des luttes immédiates avec celles plus à long terme est nécessaire.
(Extrait d’un texte paru dans le numéro 5 des NCS, Migrations : Stratégies, acteurs et résistances)