Pendant longtemps, l’université a été un lieu de formation des élites par les élites. On inculquait la vérité absolue, celle de l’autorité : Dieu-famille-patrie-papa. En plus, on préparait les jeunes à combattre les méchants athées, les « communiss », les « féminisss » et d’autres affreux dissidents. C’était un système fermé bien qu’ici et là, il y avait des intellectualités exceptionnelles qui osaient braver le pouvoir.
Plus tard, au début des années 1960, les jeunes ont brisé les barricades. Profs et étudiants, on s’est retrouvés à Paris, Berlin, Los Angeles, Mexico, Prague, Beijing, Santiago, Montréal, à crier, à fêter, à inventer. On en avait marre, on refusait l’inacceptable. Appelons cela, pour simplifier, la révolution 1968…
Depuis, le capitalisme, y compris celui que l’on connaît aujourd’hui sous le label du néolibéralisme, n’a cessé de vouloir briser cet élan. Mais comment faire? Nous sommes des millions, et en plus, on a pris le goût de la liberté. Et plus encore, une majorité dans notre société s’est attachée à l’idée d’une éducation postsecondaire réveillée, critique, alerte. Les élites, les intellectuels-mercenaires, les médias-poubelles, disent : « ça ne sert à rien ». Mais maintenant qu’on s’est organisés, on ne va pas se laisser faire juste comme cela.
Et ainsi, les batailles sur l’éducation se succèdent les unes après les autres. On en perd. On en gagne. La résistance qui produit une insatiable soif de liberté s’exprime à travers l’infinité des réseaux et des alliances. Au-delà d’un « dire non » apparaît de plus en plus un « dire oui » à une autre éducation, une autre science, qui transgressent les modèles pleins de poussière hérités du passé. Une méthodologie « décoloniale » est l’objet de nos recherches et de nos expérimentations où les frontières entre « ceux qui savent » et « ceux qui ne savent pas » explosent comme des feux d’artifice.
Regardons bien : la nouvelle approche sort de l’université, elle s’infiltre partout dans la société. Ce savoir émerge des pratiques sociales et scientifiques. C’est un corps à 1000 têtes, à 1000 abordages, à 1000 positionnements, où ceux qui étaient exclus prennent la parole : femmes, autochtones, paysans, travailleurs, réfugiés. Bref, les subalternes en tout genre.
Qui mène les débats sur les droits, la santé, le travail, la misère? De plus en plus, ce n’est plus dans les limites étroites des institutions que cela se passe.
Et ainsi émergent de nouvelles convergences entre des mondes autrefois séparés. C’est exactement ce qui va se passer à l’université populaire des NCS (20-23 août)…