Depuis que l’humanité est l’humanité, on sait que se mettre ensemble, c’est mieux que d’être tout seul. On sait aussi que l’on doit défendre un patrimoine commun, qui est la fondation de la vie, et qu’on appelle souvent la « nature » : les formes de vie, l’eau, l’air, la terre, la lumière, etc. Les communs, c’est aussi nos capacités de communication, de réflexion, d’échanges, bref ce qui fait la collectivité.
Quand l’humanité s’est divisée en classes sociales, la bataille pour le commun a commencé. Les dominants ont fini par dire : « la terre, l’eau, la nature, c’est à ceux qui peuvent l’acheter ». Les dominés ont résisté. De ces confrontations sont nées les grandes révolutions comme en France (1789), en Russie (1917), en Chine (1948). Ça n’a jamais cessé…
Aujourd’hui, la chose se complique du fait que le « commun » s’est élargi aux dispositifs du savoir et de la production de connaissances qui permettent la reproduction de la vie. Les dominants ne cherchent plus seulement à prendre possession de la nature, mais d’en privatiser la structure même. L’important dans un capitalisme informatisé est de posséder les codes et les langages. Le capitalisme cherche finalement à établir un contrôle « biopolitique ». Cela veut dire que ce ne sont plus les choses matérielles qui sont accaparées, mais les processus qui permettent de penser, de concevoir et d’organiser ces choses. Par exemple, ce n’est plus seulement le riz, le blé ou le soja qui sont expropriés par les grands agro-industriels, mais la structure génétique des plantes.
Devant cela, les gens résistent. Dans les forêts de l’Amazonie et du Mexique, des communautés bloquent l’agrobusiness. Dans les Andes, les paysans quechuas affirment que Pachamama n’est pas à vendre, car entre l’humanité et toutes les formes de vie, et même avec toutes les formes de non-vie, il y a complémentarité : c’est un bien commun, cela ne peut être privatisé, acheté, vendu. Dans les métropoles, de nouveaux rebelles court-circuitent les barrières qui veulent posséder les données. La prolifération des médias sociaux met à mal les systèmes de censure et de contrôle qui veulent empêcher les gens de parler aux gens.
Bref, partout, une nouvelle bataille pour le commun éclate pour préserver les droits et finalement, la dignité humaine. Ce n’est pas un petit combat. L’offensive des dominants est massive, derrière un gigantesque dispositif politique et juridique, enveloppé derrière les notes en bas de page des traités de libre-échange, répercuté par des médias-mercenaires et des institutions complaisantes. De l’autre côté, la résistance est dispersée, mais par ailleurs, elle atteint des seuils inédits. De cela émerge un espace créatif, plein de valeurs et d’utopies. Le commun devient une perspective qu’on associe à un mot qui a été bien galvaudé, le commun-isme qui vient au monde, comme le papillon qui sort de son cocon. Parlant papillons, il y en aura plusieurs à l’université populaire des NCS, qui commence le 20 août prochain.