À l’ère de la quatrième révolution industrielle, la robotisation, l’automatisation, l’intelligence artificielle, s’imposent partout, du champ de tomate à l’achat de la conserve à la caisse automatisée, mais également dans les médias, l’éducation et la santé. Ces technologies comblent cet éternel désir capitaliste d’efficacité et de productivité souvent déshumanisé et déshumanisant.
Ombres et lumières
Les syndicats doivent limiter les impacts négatifs de ces changements technologiques (stress, perte d’emploi, précarisation, augmentation de la sous-traitance, etc.) et trouver un équilibre entre l’implantation de technologies toujours plus performantes et l’adaptation des travailleurs et des travailleuses à cette nouvelle réalité. En Allemagne, où les syndicats sont partie prenante des décisions majeures, les entreprises qui passent à l’ère 4.0 impliquent les travailleurs. Certains syndicats québécois réussissent à adopter une stratégie proactive face à la technologie, ce qui facilite le maintien des travailleurs en poste grâce à la formation. Notons également l’impact positif sur la santé et la sécurité dans certains types d’emploi comme dans les mines, où ce sont les robots qui « travaillent » sous le contrôle des travailleurs. Mettre au jeu les travailleurs et les travailleuses n’est toutefois pas toujours garant du maintien des emplois. Amazon se vante d’être une compagnie créatrice d’emplois, alors qu’elle a éliminé plusieurs milliers d’emploi et de petites entreprises locales.
Les défis
Plusieurs changements majeurs – entreprises virtuelles, contrôle à distance de ces machines high-tech, multiplication des plates-formes de travail, ainsi que l’éloignement des travailleurs du centre de décision – remettent en question les accréditations syndicales par établissement, précarisent l’emploi, augmentent le stress et la pression psychologique, imposent le rythme de travail, et déséquilibrent le rapport de force entre syndicats et employeurs. Sur d’autres plans, les enjeux se multiplient. Le risque d’évasion fiscale augmente, mettant en danger l’avenir des services publics. Plusieurs clauses des lois du travail – droit de grève, droit à la syndicalisation – ne sont plus adéquates. Les entreprises, dans leur quête infinie d’une plus grande productivité, pourraient-elles alors croire que les robots seront les « travailleurs » de demain ? Doit-on valoriser à tout prix l’efficacité et la productivité au détriment de ce que nous sommes comme travailleurs et travailleuses ?
Synthèse d’Ariane Bilodeau[1]
Notes
- Christian Cyr est coordonnateur du comité interfédéral du secteur privé à la CSN. Ariane Bilodeau est militante syndicale et travaille à la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN). ↑
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