« Non seulement ce budget reprend l’essentiel des mesures budgétaires présentées en mars dernier, mais il en accentue les pires travers. Force est de constater que l’audace n’est pas au rendez-vous », de déclarer Louis Roy, président de la CSN. « Avec ce réel premier budget d’un gouvernement conservateur majoritaire, l’avenir n’est pas rassurant », renchérit Pierre Patry, trésorier de la CSN.
Les dirigeants de la CSN sont forts déçus de constater que le budget du ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, comporte le maintien de la réduction des impôts sur les bénéfices des sociétés et une accélération des compressions budgétaires afin de retrouver l’équilibre budgétaire une année plus tôt. « Depuis 2006, ce sont 220 milliards de dollars que les conservateurs ont sabré en financement des programmes et ils en ajoutent encore. Comment croire que cela n’aura pas d’impact sur ceux-ci et sur les services à la population ? Avec ce budget, les impôts des sociétés passeront à 15 %, alors qu’il y a à peine dix ans ils étaient de 29 %. Ces coupes ne sont pas anodines et on doit changer la trajectoire », soutient Pierre Patry.
Rappelons que selon les données du Fonds monétaire international (FMI), le Canada, en 2011-2012, est le pays du G20 le moins endetté avec une dette nette représentant 36,3 % de son PIB comparativement à une moyenne de 75,2 % pour l’ensemble des pays du G20.
Du soutien de l’État
Les représentants de la CSN croient en l’importance que devrait occuper l’éducation dans nos sociétés pour en assurer le développement, mais le gouvernement Harper s’obstine à ne pas rehausser les transferts fédéraux dévolus à l’enseignement supérieur. On évalue que le Québec perd 800 millions de transferts fédéraux si on compare avec la situation qui prévalait en 1994-1995.
La prolongation de certaines mesures spéciales d’assurance-emploi est insuffisante. Rappelons que le gouvernement fédéral s’est accaparé 57 milliards de dollars provenant de la caisse de l’assurance-emploi. « Ces sommes auraient pu et auraient dû servir à améliorer le régime dont l’accessibilité aux prestations, l’élimination du délai de carence et la hausse du taux de remplacement du revenu. Elles devraient aussi contribuer à mieux soutenir les personnes afin qu’elles se trouvent à nouveau un emploi. C’est ça que la population attend de son gouvernement », affirme Pierre Patry.
Une bonne nouvelle
Enfin, le gouvernement devrait verser au Québec les sommes qui lui sont dues dans le dossier de l’harmonisation des taxes, soit 2,2 milliards de dollars. Ces sommes sont dues depuis longtemps. Le Québec est la première province à avoir harmonisé l’essentiel de son régime de taxe de vente avec la TPS fédérale. Malgré cela, plusieurs provinces s’étant harmonisées récemment, comme l’Ontario et la Colombie-Britannique, ont été compensées avant le Québec.
Financement des partis politiques
« La décision de mettre fin au financement public des partis politiques représente un recul pour la démocratie et ne s’explique que par une volonté de mettre des bâtons dans les roues des autres partis politiques. L’argent ne constitue peut-être pas à lui seul le nerf de la guerre, mais il en faut pour se faire connaître. C’est un dur coup pour les plus petits partis. Monsieur Harper devrait être un meilleur joueur, s’élever au-dessus de l’idéologie et contribuer, contrairement à ce qu’il fait, au développement du débat démocratique », de soutenir Louis Roy.
La CSN représente plus de 300 000 travailleuses et travailleurs, et ce, tant dans les secteurs privé que public.