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Pierre Beaudet et la revue Mobilisation : une méthode d’enquête originale

Nouveaux Cahiers du socialisme - No. 29 - Printemps 2023

Au printemps 1972, Pierre Beaudet et d’autres camarades fondent la Librairie progressiste, au coin des rues Ontario et Amherst, aujourd’hui Atateken[1]. Ils et elles se procurent de petites presses de calibre commercial et achètent des livres de toutes les tendances de la gauche radicale, puis organisent une fête pour l’ouverture du lieu. La nouvelle librairie devient vite un point de repère pour la gauche en ébullition. De jeunes syndicalistes viennent s’y procurer des ouvrages sur l’économie politique ou sur les mouvements de grève qui secouent le monde. Des professeur·e·s de cégep y font imprimer le Manifeste du Parti communiste[2] qui figure dans leur plan de cours. La Librairie progressiste est aussi un lieu de rencontre. On vient y faire un tour :

En principe pour acheter des livres. Mais aussi pour se donner rendez-vous, débattre, élaborer des concertations et des stratégies, et s’engueuler aussi, de manière plus ou moins polie. C’est une sorte de café sans café, d’espace politique ouvert à presque tous les vents[3].

Une des initiatives les plus intéressantes associées à la Librairie progressiste est la publication de la revue Mobilisation. Fondée en tant qu’organe du Front de libération populaire (un petit groupe militant issu d’une scission de l’aile gauche du Rassemblement pour l’indépendance nationale), elle connait une refonte en 1972, sous la direction de Pierre Beaudet et de ses camarades de la librairie. Mobilisation se conçoit comme une revue marxiste œuvrant à l’édification du parti du prolétariat. Elle souhaite accueillir des militantes et militants de différents milieux et renforcer les liens entre les groupes et les individus progressistes.

La revue publie des textes d’analyse politique et des articles de fond sur les enjeux internationaux. On y traite par exemple de la lutte de libération en Angola ou du mouvement révolutionnaire au Chili. Mais l’aspect le plus important de Mobilisation est son travail de réflexion approfondie sur les étapes de la liaison entre les intellectuel·le·s et le mouvement ouvrier. Dans ce texte, je souhaite présenter la méthode d’enquête de Mobilisation, une approche originale qui consiste à combiner la description détaillée d’un milieu, l’analyse de l’inscription de ce milieu dans un système plus vaste, la réflexion critique sur les actions militantes posées dans ce milieu et la prise en compte des leçons à en tirer pour agir ailleurs. Loin d’avoir un intérêt purement historique, ces considérations sur la revue Mobilisation me semblent avoir une pertinence aujourd’hui, pour tenter de reconstruire le lien entre la gauche et les personnes des classes populaires.

Un contexte bouillonnant

La nouvelle mouture de Mobilisation, à partir de 1972, émerge dans un climat politique orageux, dont l’atmosphère est bien saisie par le documentaire 24 heures ou plus de Gilles Groulx[4]. De 1963 à 1968, la revue Parti pris et le Rassemblement pour l’indépendance nationale contribuent à populariser l’idée d’indépendance. En 1968, la fondation du Parti québécois soulève bien des espoirs. Mais à son premier test électoral, au printemps 1970, le nouveau parti ne fait élire que sept députés, malgré 23 % des voix. Cette distorsion du système électoral convainc plusieurs jeunes militantes et militants que la voie parlementaire est un cul-de-sac. À gauche, certaines et certains se méfient aussi déjà de ce parti dont beaucoup de membres sont issus de la bourgeoisie et de la petite bourgeoisie.

À Montréal, depuis le milieu des années 1960, des comités de citoyennes et citoyens s’activent pour revendiquer des améliorations à la vie quotidienne dans les quartiers populaires. Ils demandent – et obtiennent parfois – de nouvelles infrastructures : coopératives d’habitation, centres communautaires, écoles, etc. Forts de ces gains, mais conscients des limites de leur action, ils décident de se coaliser pour agir à l’échelle municipale. En collaboration avec les syndicats, particulièrement la Confédération des syndicats nationaux (CSN) qui adopte des positions de plus en plus radicales, ils se transforment en comités d’action politique (CAP) et forment le Front d’action politique (FRAP)[5], un parti municipal opposé à l’administration Drapeau.

La campagne électorale municipale se déroule à l’automne 1970… en même temps que l’enlèvement de James Cross et de Pierre Laporte par le Front de libération du Québec (FLQ) et la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre par le gouvernement fédéral de Pierre Elliott Trudeau[6]. Le FRAP, associé injustement au FLQ, subit un échec cuisant. Pour beaucoup de militantes et militants des CAP, cette défaite est interprétée comme le signe que le FRAP n’avait pas un ancrage populaire assez solide. De même, face à l’ampleur de la répression militaire et policière, il devient évident pour plusieurs que l’action armée clandestine du FLQ n’est pas la voie à suivre, puisqu’elle est peu soutenue par la population.

Ces évènements se déroulent durant une période où le nombre de conflits de travail dans la province ne cesse d’augmenter, au point où, au milieu des années 1970, le Québec devient avec l’Italie une des nations occidentales où la conflictualité ouvrière est la plus grande. Les travailleuses et travailleurs obtiennent des augmentations de salaire et des améliorations de leurs conditions de travail, en plus d’expérimenter de nouvelles formes de lutte et d’exprimer une certaine aspiration au contrôle de leurs milieux de travail. Le point culminant de cette mobilisation syndicale est la grève du Front commun du secteur public au printemps 1972[7], qui reste encore aujourd’hui l’une des principales grèves de l’histoire du Québec.

Dans l’esprit de bon nombre de militantes et militants de gauche, dont une forte proportion est composée d’étudiantes et étudiants de cégep ou d’université, ces évènements se conjuguent et indiquent la direction à prendre : il faut se lier davantage à la classe ouvrière. Les groupes qui collaborent avec Mobilisation – le CAP Saint-Jacques, le CAP Maisonneuve, le Centre de recherche et d’information du Québec (CRIQ), l’Agence de presse libre du Québec (APLQ) et plusieurs autres plus petits groupes – partagent tous une lecture marxiste des qui les invite à créer des liens plus solides avec les travailleurs et les travailleuses.

L’élaboration d’une méthode d’enquête à partir du conflit à l’entreprise Rémi Carrier

Le 9 novembre 1971, une quarantaine de travailleurs et travailleuses de Rémi Carrier, une petite usine de rembourrage située sur la rue Ontario, dans l’est de Montréal, débraient pour protester contre le congédiement injuste de cinq de leurs camarades impliqués dans la campagne de syndicalisation de l’entreprise. Quand les militantes et militants du CAP Maisonneuve entendent parler du conflit dans les journaux, ils y voient une occasion de mettre en pratique leur volonté de renforcer les liens avec des ouvriers et des ouvrières. Bien accueilli·e·s sur la ligne de piquetage, les membres du CAP se joignent à la lutte et y acquièrent rapidement un rôle de direction.

Les militantes et militants du CAP Maisonneuve mènent également une enquête sur Rémi Carrier qui débouche sur la publication du dossier On s’organise, diffusé dans d’autres usines et dans les milieux étudiants. Ce texte d’une trentaine de pages a été écrit à la suite de deux semaines de rencontres entre les membres du CAP et deux groupes de dix travailleurs et travailleuses. Le dossier décrit en détail les opérations de production à l’usine. Cette description permet d’une part de montrer comment les travailleuses et les travailleurs sont divisés dans le processus de production, ce qui nuit à leur unité politique. Elle permet d’autre part de mieux comprendre comment fonctionne l’exploitation, en se servant de l’exemple concret de l’usine de rembourrage pour présenter des concepts de base du marxisme, comme le profit et la force de travail.

En juin 1974, deux ans après la fin du conflit, Mobilisation publie un dossier en profondeur qui fait le bilan de la grève à Rémi Carrier. Le texte dense reprend et approfondit certains éléments du dossier On s’organise, mais il y ajoute une description chronologique de la lutte, accompagnée de réflexions critiques sur les succès et les échecs du travail militant effectué durant la grève. Les textes de Mobilisation ne sont pas signés, mais Pierre Beaudet m’a confirmé qu’il était le principal auteur de ce dossier. L’écriture a représenté un travail de longue haleine appuyé sur des rencontres avec les principaux protagonistes de la lutte. On suppose aussi que Pierre a lui-même participé de près ou de loin aux actions de soutien à la grève, ou du moins qu’il en a suivi attentivement le déroulement avec ses camarades du CAP.

Le texte « La lutte des travailleurs de Rémi Carrier » débute par une analyse du développement des forces productives dans l’entreprise. L’usine de 75 employé·e·s à la production est en pleine expansion, grâce notamment à un contrat de Bombardier pour la fabrication de bancs de motoneige. En décrivant l’évolution et le fonctionnement de l’entreprise, Mobilisation souhaite expliquer comment le patron parvient à maintenir l’exploitation, par exemple en embauchant des jeunes et des femmes qu’il se permet de payer moins cher, ou encore en congédiant les employé·e·s dès qu’ils et elles acquièrent de l’expérience. Cette pratique entraine un taux de roulement élevé qui mine les efforts de syndicalisation[8]. Ces réflexions sur l’organisation interne de l’entreprise Rémi Carrier s’accompagnent aussi d’une analyse du rôle que les petites entreprises jouent dans l’économie capitaliste. Chargées de fabriquer des produits dont le taux de profit est bas et forcées de se concurrencer entre elles pour obtenir des contrats de joueurs plus gros, elles sont souvent amenées à surexploiter leur main-d’œuvre[9].

Après la description de l’entreprise Rémi Carrier, le texte de Mobilisation est structuré autour du récit chronologique de la grève, qui s’est étalée de novembre 1971 à avril 1972. Tout au long du récit, on fait ressortir les aspects positifs et les aspects négatifs de l’intervention des militantes et militants du CAP. On souligne ainsi que l’implication du CAP et ses efforts de sensibilisation auprès de différents groupes ont permis aux employé·e·s de Rémi Carrier d’obtenir des dons en argent et du soutien sur la ligne de piquetage, entre autres[10]. En même temps, on relève, parfois de manière sévère, les erreurs tactiques et stratégiques des membres du CAP. On affirme par exemple qu’en essayant de recruter les travailleurs les plus conscientisés dans les CAP, on les a isolés de leurs collègues. On mentionne aussi que le dossier On s’organise n’était pas suffisamment accessible pour la plupart des ouvriers et des ouvrières[11].

Le conflit à Rémi Carrier se solde en principe par une victoire. Le syndicat a été reconnu et les employé·e·s congédiés ont été réembauchés. Toutefois, durant la grève, la production, qui n’a jamais été interrompue complètement, a été réorganisée, de sorte que la moitié des ouvrières et ouvriers sont mis à pied. En pratique, il ne reste donc à peu près rien de la mobilisation exemplaire des grévistes de l’usine.

De cette première expérience de liaison avec la classe ouvrière, les militantes et militants du CAP tirent la leçon qu’au lieu de soutenir les luttes ouvrières de l’extérieur, il vaut mieux être présent à l’intérieur même des milieux de travail. Leur objectif est de mieux connaitre la réalité ouvrière et de créer au sein des entreprises des structures qui permettent aux plus politisé·e·s de rester en contact avec leurs collègues, plutôt que de se couper d’eux et elles en intégrant une organisation comme le CAP. La grève à Rémi Carrier constitue donc un des points de départ du processus d’implantation de militantes et militants en usine et dans les hôpitaux qui marque le mouvement marxiste-léniniste durant les années 1970.

En phase avec ce virage vers la classe ouvrière, le dossier de Mobilisation sur Rémi Carrier inaugure une méthode d’enquête caractérisée par les traits suivants :

  • Penser dans l’action. Les militantes et militants des groupes proches de la revue sont encouragés à s’implanter dans des milieux de travail ou à s’investir dans des projets dans les quartiers populaires. Les textes de la revue se veulent donc directement liés à ces expériences concrètes. Ils sont écrits par les acteurs de ces initiatives ou en collaboration étroite avec eux.
  • Faire l’analyse sociale, économique et politique d’un milieu pour en extraire une meilleure compréhension des facteurs qui facilitent ou entravent l’intervention militante.
  • Faire un bilan de pratique qui intègre une réflexion critique sur les bons coups et les erreurs commises durant une lutte.
  • Tirer des leçons de cette analyse pour infléchir la pratique militante, y compris en envisageant de changer de modèle d’organisation ou de milieu d’implantation si cela parait plus propice à l’action.

Une méthode d’enquête transposée à d’autres milieux de travail

La méthode d’enquête élaborée à partir de Rémi Carrier est reprise par la suite dans d’autres numéros de Mobilisation, notamment par des militantes et militants qui rendent compte de leurs premières tentatives d’implantation en milieu ouvrier. Par exemple, deux militants racontent comment, pendant deux ans, ils se sont impliqués dans la syndicalisation d’une petite usine du quartier Saint-Michel. La description de l’entreprise et de ses travailleurs permet de saisir les défis de l’organisation politique dans ce milieu : on constate en effet que les ouvriers sont divisés en fonction de leur âge, de leur poste et de leur origine ethnique[12]. L’explication du déroulement de la campagne de syndicalisation met en lumière le rôle d’adversaire que peuvent jouer les conseillers permanents des centrales syndicales dans certains contextes. Comme à Rémi Carrier, les travailleurs de l’usine de Saint-Michel mènent une grève victorieuse, mais le taux de roulement élevé et le paternalisme patronal amoindrissent considérablement les gains militants.

En vue des négociations collectives du secteur public de 1975-1976, Mobilisation publie des textes qui effectuent un retour critique sur le Front commun de 1972 et appellent à un « front commun à la base » pour les prochaines négociations[13]. L’analyse que fait Mobilisation du rôle du système hospitalier dans l’économie capitaliste justifie que des militantes et militants marxistes s’implantent dans ce secteur et y consacrent beaucoup d’énergie, alors que leurs homologues d’autres pays ont souvent tendance à négliger les milieux non industriels. De plus, Mobilisation insiste sur les efforts de l’État pour opposer les travailleurs et les travailleuses du secteur public à ceux et celles du secteur privé, ce qui incite les militantes et militants de gauche à élaborer un discours axé sur l’unité entre les différentes fractions de la classe ouvrière.

Dans les textes de la revue, l’analyse socio-économique et la réflexion stratégique se nourrissent donc mutuellement. Leur imbrication permet d’identifier les échecs qui relèvent d’obstacles structurels ou contextuels et ceux qui relèvent d’erreurs militantes. Ainsi, il est possible pour les militantes et militants d’apprendre de leurs erreurs afin de ne pas les reproduire, par exemple produire du matériel de mobilisation qui vulgarise mieux leurs analyses pour s’ajuster au niveau de compréhension des ouvriers et des ouvrières qu’ils côtoient. Il est aussi possible de concevoir des manières de contourner les obstacles structurels auxquels ils et elles font face. Par exemple, après les expériences de Rémi Carrier et de Saint-Michel, les militants et militantes font le constat que les petites entreprises sont trop précaires et trop fragiles pour y faire du travail politique et syndical durable. Ils décident donc de s’orienter plutôt vers les grandes usines et les hôpitaux, « où les conditions de stabilité et d’organisation sont plus propices pour un travail politique prolongé[14] ». Cet aller-retour entre l’action et l’analyse permet donc de s’ajuster aux conditions concrètes.

Une démarche encore actuelle

En 2019, le processus de production du numéro 22 des Nouveaux Cahiers du socialisme (NCS) – « Valleyfield, mémoires et résistances » – a fait ressortir la persistance d’une culture militante forte dans cette ville industrielle encore aujourd’hui. Valleyfield s’est construite autour de l’usine de la Montreal Cotton, pendant un temps la plus grande usine de textile au Canada, où, en 1946, une grève victorieuse de 100 jours contre les patrons, les briseurs de grève et la police du premier ministre Maurice Duplessis a eu un retentissement important. Dans les années 1970, plusieurs jeunes militantes et militants, inspirés par cette grève héroïque, se sont impliqués dans les syndicats industriels de la région.

En juillet 2021, Pierre Beaudet a voulu poursuivre l’enquête entamée en 2019 par le dossier des NCS sur Valleyfield et pour explorer davantage ce qu’il reste de la tradition syndicale de la ville. Le dossier des NCS avait interrogé principalement des intellectuel·le·s et des militantes et militants de longue date. En 2021, Pierre proposait de faire des entrevues en profondeur avec des travailleurs et travailleuses « de la base » pour comprendre quelle est la condition ouvrière aujourd’hui. Ces rencontres auraient inclus à la fois des responsables syndicaux et des employé·e·s peu ou moins engagés, pour saisir aussi ce qui freine l’implication des travailleurs et travailleuses de la base. Les personnes participantes auraient pu relire le texte final pour s’assurer qu’il reflète bien leur pensée et leurs aspirations. La démarche se serait conclue par une table ronde « sur cette condition ouvrière, sur les espoirs et les luttes, et aussi les obstacles ».

En un sens, Pierre revenait par ce projet à la méthode d’enquête qu’il avait contribué à créer à l’époque de Mobilisation. Il s’agissait d’aller sur le terrain avec ouverture pour explorer un milieu sous toutes ses dimensions, avec la participation pleine et entière des protagonistes de ce milieu. L’objectif était aussi de mettre nos capacités de rédaction au service de personnes qui sont actives dans leur milieu, mais qui n’ont pas nécessairement la plume facile. En d’autres mots, il s’agissait d’utiliser l’écriture pour mettre en forme et synthétiser la parole des gens et rendre visible leur expérience de la vie quotidienne, afin de voir ce qui peut en surgir. Menée dans une diversité de milieux, une telle démarche d’enquête pourrait peut-être faire émerger de nouvelles pistes d’action.

Guillaume Tremblay-Boily, chercheur à l’IRIS.


NOTES

  1. Pour plus de détails sur l’histoire de Mobilisation et sur son rôle dans l’émergence du mouvement marxiste-léniniste québécois, voir le premier chapitre de ma thèse de doctorat, disponible en ligne. Guillaume Tremblay-Boily, Le virage vers la classe ouvrière. L’implantation et l’engagement des marxistes-léninistes québécois·es en milieu de travail, Montréal, Université Concordia, 2022.
  2. Karl Marx et Friedrich Engels, Le Manifeste du Parti communiste, 1848.
  3. Pierre Beaudet, On a raison de se révolter. Chronique des années 70, Montréal, Écosociété, 2008, p. 130-132.
  4. Gilles Groulx, 24 heures ou plus, documentaire politique, ONF, 1973.
  5. Sur l’expérience du FRAP telle que vécue par son président, voir Paul Cliche, Un militant qui n’a jamais lâché. Chronique de la gauche politique des années 1950 à aujourd’hui, Montréal, Varia, 2018, ainsi que Pierre Beaudet, « L’entrevue : Paul Cliche », Nouveaux Cahiers du socialisme, n° 13, 2015.
  6. Pour un récit de ces évènements, voir entre autres Éric Bédard, Chronique d’une insurrection appréhendée. Jeunesse et crise d’Octobre, Québec, Septentrion, 2020.
  7. En 1972, les trois grandes centrales syndicales (la Fédération des travailleurs du Québec, FTQ, la Confédération des syndicats nationaux, CSN, la Centrale de l’enseignement du Québec, CEQ) forment pour la première fois un front commun face au gouvernement dans le cadre des négociations du secteur public et parapublic. Au mois d’avril, les travailleuses et travailleurs du Front commun déclenchent une grève générale illimitée, mais ils rentrent au travail à la suite de la promulgation d’une loi spéciale. Or, quand un juge ordonne l’emprisonnement des chefs des trois centrales pour avoir incité leurs membres à défier des injonctions, cela entraine une vaste grève spontanée. Des centaines de milliers de personnes du secteur privé et du secteur public protestent contre cet outrage, ce qui amène le gouvernement à faire des concessions majeures aux syndiqué·e·s. De plus, dans certains endroits au Québec, dont Sept-Îles, les travailleuses et travailleurs expérimentent des formes d’autogestion.
  8. « La lutte des travailleurs chez Rémi Carrier » Mobilisation, vol. 3, n° 8, 1974a, p. 3.
  9. Ibid., p. 16.
  10. Ibid., p. 10.
  11. Ibid., p. 7.
  12. « La syndicalisation dans une petite usine », Mobilisation, vol. 3, n° 9, 1974b, p. 3.
  13. « Pour un Front commun à la base », Mobilisation, vol. 4, 1975, n° 8.
  14. Mobilisation, 1974a, op. cit. p. 17.

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