Les 194 pays présents à la Conférence de Durban, dont le Canada et les États-Unis, ont accepté de poursuivre les discussions pour parvenir à un accord de lutte au réchauffement climatique en 2015. Il a été convenu que cet accord entre en vigueur en 2020.
Les pays se sont aussi entendus pour négocier, lors de la prochaine conférence, à Qatar l’an prochain, la prolongation du protocole de Kyoto. Signé par plus de 80 pays en 1997 et mis en vigueur en 2005, ce protocole contraignant vient à échéance en 2012. Plusieurs pays, dont le Canada, ne veulent pas prolonger leur adhésion à celui-ci.
Quant au Fonds vert destiné à aider les pays en voie de développement, aucune formule de financement n’a été négociée. Le Fonds demeure une coquille vide. « Rien n’est réglé », constate Hugo Séguin d’Équiterre qui a suivi le déroulement de cette rencontre.
De leur côté, les organisations syndicales et civiles, dont la Confédération syndicale internationale (CSI) à laquelle est affilié la CSN, ont donné publiquement leur appui à la France, à l’Afrique du Sud, à la Norvège et aux pays en voie de développement. Ceux-ci proposent la mise en place de la TTF, une taxe sur les transactions financières. Une proposition qui jusqu’à ce jour n’a pas été retenue. En outre, comme le souligne Isabelle Ménard de la CSN, présente à Durban, les syndicat veulent négocier et s’impliquer dans la lutte au changement climatique. Voici le troisième qu’elle nous a envoyé.
Face aux changements climatiques
Des syndicats veulent négocier et s’impliquer
« Tout long de la semaine, au pavillon du Monde du Travail à l’Université de KwaZulu Natal, des syndicats ont fait part de leurs préoccupations face aux changements climatiques dans leur milieu de travail. Un consensus syndical se dégage avec force : les syndicats veulent être impliqués dans la mise en place des mesures qui sont nécessaires. Il y a même une organisation syndicale africaine, le COSATU, qui a décidé de négocier avec les employeurs leur politique énergétique syndical. Cela peut se concrétiser par la négociation de mesures d’économie d’énergie. Le COSATU veut en effet assurer une participation des travailleurs aux efforts de réduction des gaz à effet de serre dans les milieux de travail.
Quelque soit leur pays d’origine, les syndicats font état de mêmes constats et préoccupations. Ils dénoncent l’absence de politiques industrielles et énergétiques cohérentes, y compris dans les pays développés tels que les États-Unis et le Canada, le Québec inclus. Ils sont favorables à une amélioration des infrastructures des usines afin qu’elles soient moins polluantes et moins émettrices de gaz à effet de serre. Plusieurs délégués ont tenu à préciser que, dans le secteur manufacturier, les économies d’énergie doivent être obtenues non seulement dans les bâtiments mais aussi dans la chaîne d’approvisionnement et dans celle de la production. Pour les syndicats africains, l’exploitation des ressources naturelles est en outre une préoccupation très importante. Ils veulent intégrer des pratiques responsables d’utilisation des ressources et en discutent actuellement avec leurs vis-à-vis patronaux.
Selon un bon nombre de participants, un des facteurs de réussite des changements qui devront être opérés dans les prochaines années nécessite un dialogue social entre les parties, entre autres, entre les gouvernements, les syndicats et les employeurs. Un tel dialogue permettrait d’aller dans la même direction et de développer une vision commune de réduction des gaz à effet de serre, y compris pour diminuer l’empreinte des milieux de travail.
Durant cette semaine, les discussions ont aussi porté sur la mise en place d’un système de protection sociale pour faire face aux catastrophes liés aux changements climatiques. Des milliers de travailleurs ont déjà été sévèrement touchés par ceux-ci : perte de leur maison et de leur emploi, problèmes de santé, migration vers d’autres régions, etc. Deux présentations syndicales ont porté sur la capacité des services publics à répondre aux problèmes causés par ces changements climatiques. Or, ceux-ci ne sont pas en mesure d’y faire face. Beaucoup de travail et de sensibilisation doivent encore être faits car un fossé d’incompréhension existe entre les problèmes causés par les changements climatiques et ceux liés à la pollution en général. En outre, l’implication des travailleurs pour trouver des solutions à ce chapitre est souvent perçu comme une difficulté alors que leur participation pourrait au contraire être un atout dans la recherche de mesures efficaces. »
La Conférence de Durban, c’est quoi ?
Du 28 novembre au 9 décembre, en Afrique du Sud, la ville de Durban accueille la 17e conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Des délégations de 195 pays participent à ces négociatiions. Cette conférence sur le climat doit préparer la suite à donner protocole de Kyoto, qui vient à échéance le 31 décembre 2012.
Le protocole de Kyoto, ratifié par 193 pays, a été le seul texte contraignant jamais signé sur le climat. C’était en 1997. Il est entré en vigueur en 2005. La Conférence de Copenhague, en 2009, à laquelle 193 pays ont aussi participé, a été un fiasco. Celle de Cancún en 2010 a débouché sur un accord signé qui fixe des objectifs à atteindre mais pas les moyens d’y parvenir.
Hausse inquiétante de la température terrestre >>
Des négociations difficiles
Positions au début de la conférence
- la Chine, premier émetteur mondial de CO2, refuse de signer tout accord pour préserver son « droit au développement ». Mais au cours de cette conférence à Durban, elle manifeste une certaine ouverture et a tendance à se rallier avec le G77, le regroupement des pays en voie de développement et émergents ;
- les États-Unis, deuxième pays émetteur de la planète et qui n’a pas ratifié Kyoto, n’avanceront pas d’un pouce si la Chine ne fait rien ;
- la Russie et le Japon – qui ont paraphé Kyoto – sont du même avis ;
- l’Union européenne affirme ne rien vouloir signer sans engagement de réduction des États-Unis;
- quant au Canada, il devrait annoncer son retrait du protocole de Kyoto avant la fin de l’année.