En matière de santé, la région de l’Outaouais continue de faire les manchettes, pour de mauvaises raisons : « Gatineau : pire urgence du monde occidental[1] »; « Notre population est en danger[2] »; « L’Outaouais a assez souffert[3] ». La plus récente illustration de ce qui est devenu une crise permanente de la santé en Outaouais est la mise en place d’un plan d’urgence au printemps 2024 pour éviter une rupture de services en imagerie médicale à l’Hôpital de Hull, où est situé le centre régional de traumatologie et de soins critiques[4]. Les bris[5] et les fermetures[6] de services de santé sont devenus choses courantes en Outaouais, particulièrement dans les milieux ruraux. Devant une situation aussi préoccupante à Gatineau, quatrième ville la plus peuplée du Québec, et devant la dégradation constante du système public de santé partout dans la région, prenons un pas de recul pour nous demander comment se porte le droit à la santé en Outaouais.
Ce texte vise à dresser un portrait de l’état du droit à la santé dans la région de l’Outaouais d’hier à aujourd’hui. Nous présentons d’abord quelques indicateurs sur les réalités socioéconomiques et les inégalités sociosanitaires caractérisant l’Outaouais en ce début de XXIe siècle. Par la suite, nous traçons une brève mise en contexte historique du droit à la santé dans la région. Comme on le sait, le droit à la santé, c’est-à-dire « le droit qu’a toute personne de jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu’elle soit capable d’atteindre[7] », inclut, mais aussi dépasse, l’accessibilité gratuite et universelle aux services de santé. Le droit à la santé s’inscrit en interdépendance avec l’ensemble des droits humains universels. Un retour dans l’histoire de l’Outaouais nous amène en effet à nous intéresser à l’interdépendance entre santé et logement en dressant un parallèle entre le passé canadien-français de la région et la réalité outaouaise actuelle en matière de violation du droit au logement. Avant de conclure sur quelques réflexions politiques, nous présentons enfin une série de données sur le sous-financement public de la santé et les problèmes d’accessibilité et de qualité des services publics de santé en Outaouais, lesquels constituent un terreau fertile pour la privatisation de la santé.
Les inégalités sociales de santé en Outaouais : quelques indicateurs
Les résidentes et résidents de l’Outaouais le savent bien : au-delà des anecdotes et des faits divers médiatisés, la réalité outaouaise est souvent reléguée aux marges dans le discours politique québécois. Afin de mieux connaitre cette réalité négligée à l’intérieur du Québec, examinons quelques indicateurs socioéconomiques et sanitaires[8].
En 2020, la population de l’Outaouais s’élevait à 401 388 habitants, soit 4,68 % de la population du Québec[9]. De ce nombre, 72,31 % résident dans la ville de Gatineau et le reste dans les quatre municipalités régionales de comté (MRC) des zones rurales de l’Outaouais. En 2018, le revenu disponible par habitant en Outaouais était de 27 318 $ contre 29 924 $ pour l’ensemble du Québec. Mis à part le territoire de Gatineau (9,1 %) et celui de la MRC des Collines-de-l’Outaouais (5,5 %), les taux de la mesure de faible de revenu étaient en 2018 plus élevés dans les MRC de Papineau (10,9 %), de Pontiac (13,6 %) et de la Vallée-de-la-Gatineau (15,6 %) que dans le reste du Québec (9,5 %)[10].
Ces disparités de revenu en Outaouais par rapport à l’ensemble du Québec, mais également à l’intérieur de la région, se traduisent par des inégalités sociales de santé, que l’on peut mesurer par l’espérance de vie[11] et l’indice de défavorisation matérielle et sociale[12]. Le Tableau 1 présente l’espérance de vie dans les territoires de l’Outaouais pour 2019.
Tableau 1. Espérance de vie en Outaouais en 2019

Source : Institut de la statistique du Québec. Présenté dans Bertrand Schepper et Guillaume Hébert, Portrait des inégalités d’accès aux services de santé en Outaouais, Montréal, Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, 2021.
Encore une fois, on voit une iniquité régionale par rapport à l’ensemble du Québec : l’espérance de vie dans l’ensemble des territoires de l’Outaouais, mis à part la MRC des Collines-de-l’Outaouais, est plus basse que la moyenne québécoise. De plus, comme l’ont observé Schepper et Hébert, les communautés des MRC de Pontiac et de la Vallée-de-la-Gatineau, où l’espérance de vie est la plus faible en Outaouais, se retrouvent presque toutes dans le dernier quintile de l’indice de défavorisation matérielle. Dans ces deux MRC, 12 communautés sur un total de 13 comptent entre 11,6 % et 28,4 % de personnes autochtones.
Dans le secteur Hull de la ville de Gatineau, le portrait de la défavorisation est peut-être encore plus criant. Comme le montre le Tableau 2, neuf des 21 communautés du secteur Hull ont un indice de défavorisation matérielle et sociale combinée dans le quintile le plus élevé.
Tableau 2. Indice de défavorisation de neuf communautés du secteur Hull de Gatineau

Source : Observatoire du développement de l’Outaouais. Présenté dans Bertrand Schepper et Guillaume Hébert, Portrait des inégalités d’accès aux services de santé en Outaouais, Montréal, Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, 2021.
La concentration de défavorisation dans les communautés urbaines du secteur Hull s’inscrit clairement à l’intersection de la concentration dans ces neuf communautés de personnes issues de l’immigration (de 13,4 % à 28,2 % de la population dans ces communautés) et de personnes autochtones en milieu urbain (entre 2,4 % et 7,6 % de ces populations).
Or, comme nous allons maintenant le voir, la réalité actuelle de l’Outaouais, marquée par une importante diversité culturelle – Gatineau figurant parmi les principales portes d’entrée de l’immigration au Québec – mais aussi par des inégalités sociales de santé substantielles, reflète toujours le lourd passé de la région en matière de droit à la santé.
Santé et logement en Outaouais d’hier à aujourd’hui : exclusion sociale et iniquités sociosanitaires
Située sur le territoire non cédé de la nation algonquienne, l’ancienne ville de Hull, aujourd’hui le secteur du centre de la ville fusionnée de Gatineau, a été au cœur de la colonisation, puis de l’industrialisation de l’Amérique du Nord britannique et du Canada. De 1861 à 1871, l’industrialisation entraine l’arrivée dans le canton de Hull d’une importante population canadienne-française : celle-ci passe à cette époque de 420 à 4 461 habitants, alors que la population anglophone passe de 3 291 à 3 857 habitants[13]. En matière de droit à la santé, l’histoire régionale a notamment été marquée dès le milieu du XIXe siècle par les effets néfastes sur la santé au travail de l’industrie de l’allumette, avec à sa tête la compagnie E.B. Eddy, contre laquelle s’est mobilisé le premier mouvement syndical féminin au pays, celui des « allumettières », fondé en 1918-1919[14].
Afin de mieux comprendre les problèmes sociosanitaires actuels dans la région de l’Outaouais, il est utile de revenir sur l’expérience hulloise et outaouaise des conditions matérielles des Canadiens français et des Canadiennes françaises. Les graves crises du logement et de l’itinérance qui sévissent de manière particulièrement aigüe en Outaouais en ce début de XXIe siècle s’inscrivent malheureusement en continuité avec le passé de la région. Comme l’explique l’auteur Raymond Ouimet :
Dès le début de 1937, des familles érigent des maisons rudimentaires, pour ne pas dire des cabanes, sur la rive ouest du ruisseau de la brasserie [à Hull], entre le boulevard Montclair et le pont du sentier du ruisseau de la Brasserie (alors un pont de chemin de fer). En 1941, ce secteur de la ville devient un véritable bidonville, nommé Creekside, où vivent dans un grand dénuement plus d’une centaine de personnes. Surnommé, avec mépris, Punaiseville et Puceville, le Creekside est qualifié de honte de la ville par les bien-pensants de tous bords pour qui les pauvres sont les artisans de leur propre malheur[15].
Frappés également par la crise des années 1930, les habitants et habitantes des bidonvilles de Hull figuraient parmi les exclus du capitalisme industriel anglo-saxon au Canada français. Pendant les années 1940 et 1950, le Creekside constituera une réalité à Hull, alors que la ville est également aux prises avec plusieurs logements surpeuplés[16]. Pendant ce temps, les autorités publiques contribueront à la stigmatisation et même à la répression des personnes sans logement.
On le sait, les grandes catastrophes de la première moitié du XXe siècle, période marquée par deux guerres mondiales, la Grande Dépression des années 1930 et l’expérience du totalitarisme, vont conduire à des prises de conscience quant à l’avenir de l’humanité face aux défaillances de sociétés fondées sur les principes libéraux de la liberté individuelle, de l’égalité formelle et de la propriété privée. Ces catastrophes ayant émergé dans les pays du centre du capitalisme viendront mettre en lumière les paradoxes de la « civilisation libérale » : le capitalisme industriel et l’utopie du marché autorégulateur sont des menaces aux libertés individuelles et à la démocratie[17]. Par exemple, la réduction du logement à une marchandise ne permet pas de garantir l’accès à un toit et à des conditions de vie dignes pour l’ensemble de la population.
Dans l’après-guerre, le système international de l’Organisation des Nations unies sera ainsi institué sur la reconnaissance des droits politiques, sociaux, culturels et économiques. Les nouvelles institutions internationales et le développement du droit international signaleront la nécessité pour les États de mettre en place des politiques visant la réalisation concrète de droits collectifs. Dans le préambule de sa constitution adoptée en 1946, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) reconnait le droit à la santé en le définissant comme le droit à « un état complet de bien-être physique, mental et social qui ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou de handicap ». Le texte poursuit : « La possession du meilleur état de santé qu’il est capable d’atteindre constitue l’un des droits fondamentaux de tout être humain, quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou sociale[18] ».
En Outaouais, même avec l’effort de guerre et ses retombées sur le développement économique, les conditions sociosanitaires et de logement des classes populaires hulloises tarderont à s’améliorer.
Dans les années d’après-guerre, la ville de Hull offre un spectacle désolant. La compagnie E.B. Eddy a beaucoup réduit la production de son usine de papier. Des centaines d’ouvriers se retrouvent sans emploi. Le délabrement des quartiers populaires ne fait que s’accentuer. Il y a un manque criant de logement. Forcées d’habiter dans des abris insalubres, des milliers de personnes vivent littéralement dans ce qu’on appellerait aujourd’hui des bidonvilles. Sans accès à un système d’aqueduc, encore moins à une usine de filtration d’eau, la population survit à peine et crie famine[19].
En 1952, le Creekside regroupera plus de 400 personnes et la police forcera le démantèlement du bidonville en septembre de la même année. Il en résultera que près de 300 personnes se déplaceront vers des taudis autour du lac Leamy et près de la Gatineau Boom Company[20].
À la fin des années 1960 survient un autre épisode dans l’histoire des problèmes de logement à Hull : la décision du gouvernement fédéral du premier ministre libéral Pierre Elliott Trudeau de construire un important complexe d’édifices gouvernementaux dans le centre-ville de Hull, aujourd’hui connu sous le nom de Place du Portage, toujours parmi les plus grands complexes d’espaces à bureaux du monde. La construction de Place du Portage exigera des milliers d’expropriations. La Ville de Hull met alors en œuvre un projet de « rénovation urbaine » entrainant « la démolition de plus de 1500 logements occupés par environ 6000 personnes[21] ». L’objectif, qui n’a toujours pas été atteint, était d’implanter 25 % des emplois du gouvernement fédéral sur la rive québécoise[22]. Dès le début des années 1970, de grandes mobilisations citoyennes[23] se mettront en branle en réaction à ces transformations imposées par les autorités fédérales et municipales, lesquelles vont créer d’importantes fractures sociales, urbaines et économiques dont le centre-ville de Hull ne s’est en quelque sorte jamais remis. C’est dans ce contexte, au tournant des années 1970, que les premiers logements sociaux seront construits à Hull, principalement pour loger les victimes de la « rénovation urbaine »[24].
Transportons-nous maintenant un demi-siècle plus tard. Depuis quelques années, la grave crise du logement dans la région de l’Outaouais et la ville de Gatineau s’est développée à l’intersection d’au moins deux autres crises, celles de l’itinérance et des surdoses. Ces « crises », qui sont en fait des résultats de la déresponsabilisation des États en matière de logement, des conséquences nuisibles de la financiarisation, de la spéculation et de l’inflation immobilières, ainsi que des vases communicants entre l’industrie pharmaceutique licite et l’économie informelle criminalisée, sévissent ailleurs. Cependant, leurs conséquences sont particulièrement aigües à Gatineau.
En 2023, le taux d’inoccupation dans le marché des logements locatifs était de 1,1 % à Gatineau (contre 2,1 % à Montréal) et le prix du loyer moyen des logements de deux chambres s’élevait à 1252 $, en hausse de 8,9 % sur un an (contre 1096 $, en hausse de 7,9 % à Montréal)[25]. Comme le soulignait la mission d’observation sur la situation du logement à Gatineau de la Ligue des droits et libertés dans son rapport de 2021[26], la crise du logement en Outaouais s’est vue renforcée par une série de catastrophes survenues avant la pandémie de COVID-19 : les inondations printanières de 2017 (plus de 2 200 résidences touchées dont plusieurs dans les quartiers défavorisés du secteur Gatineau) ; la tornade de force EF3 en 2018 (2 407 logements touchés dont près de 20 % inhabitables, notamment dans le quartier du Mont-Bleu où réside une importante population issue de l’immigration récente) ; et de nouvelles inondations printanières en 2018 (touchant près de 2 000 logements dans les mêmes quartiers qu’en 2017).
Avec le manque d’ambition des politiques de logement et la confiance excessive de celles-ci envers l’industrie immobilière, mais aussi en raison des récentes catastrophes climatiques, c’est le retour du Creekside « version XXIe siècle » sur les berges du ruisseau de la Brasserie et sur le site de l’ancien aréna Guertin dans le secteur Hull. Les habitantes et habitants du ruisseau de la Brasserie figurent aujourd’hui parmi les exclus de la plus récente phase du capitalisme, structurée par le pouvoir des industries de la finance, de l’assurance et – c’est particulièrement le cas en Outaouais – de l’immobilier. Montant en puissance depuis les années 1980, l’économie « FIRE » (basée sur les secteurs de la finance, des assurances et de l’immobilier[27]) a constitué la couche sur laquelle sont venus se superposer, plus récemment, le technocapitalisme[28] de monopole et son oligarchie au pouvoir aux États-Unis.
Phénomène également « importé » des États-Unis, les campements de personnes itinérantes sont malheureusement devenus chose commune dans les grandes villes canadiennes lors des dernières années. De 2018 à 2023, l’Outaouais a connu une augmentation de 268 % du nombre de personnes itinérantes, la plus forte au Québec[29]. Alors que les autorités municipales et provinciales se renvoient la balle, on peine à trouver des solutions pérennes et, surtout, pleinement humaines. Autre rappel du contrôle des classes pauvres digne du XIXe siècle, le conseil municipal de Gatineau s’est résigné, en 2024, à accepter un projet privé de « village » temporaire de conteneurs sur le site Guertin, logeant 100 personnes, proposé par une grande firme immobilière[30]. Même dans des territoires ruraux comme la MRC de la Vallée-de-la-Gatineau et la ville de Maniwaki, les dernières années furent marquées par une transformation du visage de l’itinérance et une explosion du nombre de personnes en situation d’itinérance dans tout l’Outaouais[31].
Enfin, de 2021 à 2023, on compte plus de 100 personnes mortes de surdoses de médicaments et de drogues en Outaouais[32]. Avec un taux de mortalité par surdose de 2,62 par 10 000 habitants, la crise des surdoses à Gatineau a été la plus importante au Québec de 2019 à 2022[33]. L’Outaouais est en effet devenu un « épicentre des surdoses », notamment en raison de sa situation géographique, localisée entre Toronto et Montréal. Malgré les crises sociosanitaires sévissant en Outaouais, les services en matière d’itinérance, d’injection supervisée et de santé mentale sont largement insuffisants dans la région, à l’instar des services publics de santé en général. La violation du droit à la santé et son interdépendance avec le droit au logement tendent à être normalisées à Gatineau et en Outaouais, d’hier à aujourd’hui. Une autre violation du droit à la santé qui tend à être normalisée en Outaouais est la dégradation de l’accessibilité, de la qualité et de la sécurité des services de santé publics et universels.
Sous-financement et dégradation du système public de santé en Outaouais : un terreau fertile pour la privatisation de la santé
Au cours des années 1950, il n’y avait toujours à Hull que le seul hôpital Sacré-Cœur de la rue Laurier, petit et vétuste, malgré l’augmentation de la population locale. Des subventions parvenaient au compte-gouttes du gouvernement provincial, surtout avant une élection. Ainsi, lors de l’élection provinciale de 1956, le gouvernement de l’Union nationale avait remis, par l’entremise de son candidat dans Hull, Roland Saint-Onge, un chèque de 440 000 $ à l’hôpital, au milieu d’un spectacle électoraliste bien orchestré. Il faudra attendre jusqu’en février 1958 pour que ce vieil édifice ferme définitivement, avec la construction d’un nouvel hôpital, sur le boulevard Gamelin. Les patients comme le personnel y furent transférés en plein hiver[34] !
Les crises évitables du logement, de l’itinérance et des surdoses entrainant autant de violations du droit à la santé, s’inscrivent dans le contexte d’iniquités majeures entre l’Outaouais et le reste du Québec en matière de financement public de la santé et d’accessibilité aux services de santé. Les effets de ce sous-financement sont nombreux. Si certains des effets à long terme sur l’état de santé de la population outaouaise sont difficilement mesurables, la dégradation du système public de santé marque profondément la vie quotidienne des résidents et résidentes et des communautés de l’Outaouais. Examinons les principales données quant au sous-financement public de la santé en Outaouais et quant à ses principales conséquences sur l’accessibilité, la qualité, la sécurité et la privatisation des services de santé dans la région.
En santé, l’Outaouais souffre d’un sous-financement historique avéré : en 2021-2022, la région a reçu 79,7 % de la moyenne des dépenses par habitant en santé dans les autres régions du Québec[35]. Cette iniquité dans l’allocation interrégionale du financement public de la santé s’est traduite par un manque à gagner annuel de 206 millions de dollars en 2020-2021[36]. Au fil des années, ce sous-financement chronique contribue à une importante et constante détérioration des services publics de santé dans la région, tant et si bien qu’il n’est pas exagéré de revendiquer, en plus d’un réinvestissement public massif de la part du gouvernement du Québec, des investissements additionnels visant à compenser cette détérioration du réseau de la santé et des services sociaux de l’Outaouais.
Ce sous-financement public de la santé, combiné à la situation géographique frontalière de l’Outaouais, du fait de sa proximité avec l’Ontario, force plusieurs personnes à traverser la rivière des Outaouais pour obtenir des services dans la province voisine. De 2010-2011 à 2021-2022, la Régie de l’assurance maladie du Québec a ainsi versé en moyenne 112 millions de dollars par année en services hospitaliers requis par des résidents et des résidentes de l’Outaouais en Ontario[37]. Au fil du temps, ces dépenses de l’État québécois en Ontario contribuent au sous-investissement dans les services et les infrastructures de santé en Outaouais.
On observe des conséquences majeures du sous-financement public de la santé en Outaouais. La région figure parmi les derniers de classe dans plusieurs catégories de service : nombre de lits de courte et de longue durée, temps d’attente aux urgences, durée de séjour sur civière aux urgences. Les problèmes d’accessibilité aux services de santé en Outaouais s’expliquent d’abord par d’importants manques d’infirmières et de médecins dans le réseau public de la santé. Comme le montre le Tableau 3, en 2022, il manquait en Outaouais 264 médecins et 1 138 infirmières pour rejoindre les moyennes québécoises.
Tableau 3. Nombres d’infirmières en soins directs et de médecins manquant en Outaouais par rapport à la moyenne québécoise[38]

La même année, cela représente 2,07 médecins par 1000 habitants en Outaouais contre 2,55 dans l’ensemble du Québec, et 5,67 infirmières par 1000 habitants contre 8,88 dans l’ensemble du Québec[39]. Les problèmes de conditions de travail en santé et services sociaux, causés par ce manque de personnel, ainsi que le sous-financement de l’éducation postsecondaire en Outaouais et la concurrence de l’Ontario, sont autant de facteurs contribuant à l’aggravation des problèmes de recrutement et de rétention du personnel de la santé dans la région.
Le sous-financement public et le manque de personnel contribuent en Outaouais à d’importants problèmes de qualité et de sécurité des services publics de santé. En 2021, Action santé Outaouais[40] rappelait, dans son rapport L’Outaouais à la croisée des chemins[41], que l’accessibilité à plusieurs services ne répond pas aux normes provinciales, surtout dans les MRC rurales les plus défavorisées, par exemple en soins de première ligne, aux urgences, en services psychosociaux, en imagerie diagnostique, en chirurgies prioritaires, en services aux personnes ainées, en santé mentale, aux jeunes en difficulté et en dépendance. En 2018-2019, l’Outaouais se classait 12e sur 16 régions du Québec pour le nombre d’incidents et d’accidents médicaux liés par exemple aux chutes de patients et de patientes, à la prise de médicaments et aux tests de laboratoire et d’imagerie[42]. Pire, de 2014-2015 à 2018-2019, les décès en milieu hospitalier et à la suite de chirurgies majeures se sont maintenus à des niveaux plus élevés que dans l’ensemble du Québec et même que la moyenne canadienne[43].
Ces problèmes d’accessibilité, de qualité et de sécurité des services publics de santé en Outaouais représentent sans surprise un terreau fertile pour la privatisation de la santé. Rappelons d’abord que la privatisation de la santé, encouragée par les gouvernements successifs et, notons-le, par la dernière réforme adoptée par le gouvernement de la Coalition avenir Québec en 2023, vient vampiriser le personnel du réseau public en favorisant le transfert des travailleuses et des travailleurs vers le secteur privé. Dans un contexte de sous-financement public et de concurrence de l’Ontario, la privatisation contribue à accentuer le grave manque de personnel de la santé en Outaouais. L’Outaouais constitue donc une triste illustration de l’affaiblissement du réseau public de santé causé par le recours au privé. Par exemple, dans les dernières années, la région a vécu la plus forte diminution du nombre de chirurgies effectuées dans les hôpitaux publics. De 2020-2021 à 2022-2023, la proportion des chirurgies réalisées dans le privé en Outaouais est passée de 0,5 % à 49 %, une augmentation de plus de 14 000 %[44]. Pendant ce temps, le nombre de chirurgies dans les hôpitaux publics de l’Outaouais a diminué de 24 %, alors qu’il a pourtant augmenté de 4 % dans le reste du Québec[45].
On peut prendre la mesure du paradoxe de la privatisation de la santé dans une région comme l’Outaouais avec le cas de l’imagerie médicale. Au printemps 2024, une crise éclate en imagerie médicale dans la région : le départ prochain de technologues vers l’Ontario déclenche un risque de rupture de service à l’Hôpital de Hull, le centre régional de traumatologie et de soins critiques. Le 15 juin 2024, on apprend que le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) de l’Outaouais, face à un taux d’occupation de postes de technologue de 56 %, lance un appel d’offres au secteur privé pour combler des besoins de remplacement en imagerie médicale dans les hôpitaux urbains et ruraux de la région[46]. À la suite d’une importante mobilisation des organisations syndicales et de la société civile en Outaouais, le gouvernement du Québec accepte, en septembre 2024, d’élargir à l’ensemble des hôpitaux de la région les nouvelles primes temporaires offertes aux technologues des hôpitaux urbains, sans quoi on aurait assisté à un exode des professionnel·le·s des territoires ruraux[47]. Le 3 février 2025, on apprend que 7 585 patients et patientes sont en attente d’une imagerie par résonance magnétique (IRM) en Outaouais[48]. Le CISSS de l’Outaouais explique alors cette longue liste d’attente par un taux d’occupation de moins de 40 % des postes en imagerie médicale au département d’IRM de l’Hôpital de Hull[49].
Si la privatisation de la santé était une solution, l’Outaouais aurait été l’une des premières à le savoir. La privatisation de la santé contribue aux problèmes d’accessibilité et de manque de personnel dans les services publics de santé en Outaouais. En plus de réduire la voix des citoyens et citoyennes et des communautés dans la gouvernance de la santé au profit des actionnaires, le privé en santé est inefficace, inéquitable et coûteux.
Conclusion : mobilisation et pistes de solution pour la santé en Outaouais
L’Outaouais n’est évidemment pas la seule région québécoise à souffrir d’inégalités de santé et de violation du droit à la santé. Dans les sociétés capitalistes, l’état du droit à la santé dépend largement de l’étendue de la marchandisation du travail, du revenu, du logement et des soins de santé et, à l’inverse, de la présence de politiques de démarchandisation visant la réduction de la dépendance des personnes face aux marchés[50]. La question politique fondamentale sous-jacente aux actions sur les déterminants sociaux de la santé doit être la suivante : dans quelle mesure les États participent-ils à faire du logement et des services de santé des droits plutôt que des marchandises ?
La position de l’Outaouais dans l’histoire du capitalisme canadien, sa réalité géographique et les choix politiques en santé, comme le sous-financement, la centralisation et la privatisation, ont eu et continuent d’avoir des impacts spécifiques sur le droit à la santé dans la région. Ces choix politiques ne sont pas étrangers à la réputation de l’Outaouais comme « château fort libéral ». Or, après des décennies de règne du Parti libéral du Québec dans la région, le parti ayant occupé la circonscription provinciale de Gatineau pendant 56 années consécutives, l’élection de candidats de la Coalition avenir Québec dans la région n’a toujours pas conduit à la fin du sous-financement de la santé. L’inaction des gouvernements successifs a généré une dégradation de l’accessibilité et de la qualité des services publics de santé en Outaouais. Malgré l’adoption par l’Assemblée nationale du Québec le 30 octobre 2019 d’une motion reconnaissant les « particularités importantes » de l’Outaouais[51], le réinvestissement public en santé se fait toujours attendre. Avec l’annonce de l’éventuelle construction du Centre hospitalier affilié universitaire de l’Outaouais, la région fait face au risque que le réinvestissement nécessaire en santé se limite à un mégahôpital régional, aussi nécessaire soit-il, alors que la dégradation du reste du réseau public de santé se poursuit et que le manque de personnel continue de s’accentuer. D’ailleurs, comment expliquer que la principale institution d’éducation postsecondaire de la région, l’Université du Québec en Outaouais, soit toujours dépourvue d’une faculté de médecine ?
Faisant face à des défis colossaux, l’Outaouais persévère dans sa mobilisation pour la défense du droit à la santé. Ancrées dans le contexte des expériences collectives et individuelles des problèmes sociosanitaires régionaux, ces actions de mobilisation revendiquent également un changement de paradigme à l’échelle des politiques nationales de santé. Donnons deux exemples de mobilisation portée par des citoyens et citoyennes de l’Outaouais dans la recherche de solutions en santé.
En 2011, le Comité des sans-médecins d’Action santé Outaouais publiait un rapport d’enquête conscientisante sur les obstacles dans l’accès au réseau public de santé. Fruit d’une consultation citoyenne de 180 personnes de 2009 à 2011, le rapport propose :
la mise sur pied d’une clinique médicale multidisciplinaire entièrement publique, orientée sur la prévention et composée uniquement de salariés. Ce projet pilote serait un lieu d’expérimentation d’une série d’autres recommandations […], comme la remise en question du paiement à l’acte des omnipraticiens et une répartition plus efficace des responsabilités qui feraient une place plus importante dans le réseau public à d’autres professionnels aptes à assumer davantage de responsabilités en soins de santé primaires […], comme les infirmières, les dentistes (et les hygiénistes dentaires), les psychologues, les sages-femmes, les physiothérapeutes[52].
En 2024, Action santé Outaouais publiait cette fois un rapport de consultation citoyenne[53] sur la santé dans les milieux ruraux de la région, tenue en novembre 2023 et ayant réuni une centaine de personnes dans les quatre territoires ruraux de la région. Les citoyens et citoyennes et les groupes ayant participé à l’évènement y ont identifié des solutions prioritaires[54], par exemple :
- décentraliser le système de santé en mettant en place une véritable gestion locale ;
- redonner la priorité aux citoyens et citoyennes et assurer la participation citoyenne dans les instances décisionnelles ;
- favoriser le recrutement et la rétention du personnel en offrant des conditions attrayantes et des salaires concurrentiels ;
- redonner et consolider des offres de services en centres locaux de services communautaires tout en bonifiant leur budget ;
- que le statut particulier de l’Outaouais s’accompagne d’une stratégie régionale, de mesures, de cibles et de ressources afin que cette reconnaissance puisse générer des améliorations réelles des services de santé de la région.
En plus de revendiquer un réinvestissement public massif et de proposer des solutions adaptées à leur région, les citoyens et citoyennes et les mouvements sociaux sont en Outaouais bien conscients que les solutions aux problèmes régionaux passent nécessairement par des politiques de décentralisation et de démocratisation de la gouvernance de la santé et par la défense du système public et universel de santé contre les intérêts particuliers des lobbys de la privatisation de la santé.
Mathieu Charbonneau est sociologue, professeur à temps partiel à l’Université Saint-Paul et directeur d’Action Santé Outaouais.
- Radio-Canada, « Gatineau : “une des pires urgences du monde occidental”, selon un coroner », 26 août 2016. ↑
- Dre Christal Dionne, « Santé en Outaouais : “Notre population est en danger”, Le Droit, 22 avril 2024. ↑
- Daniel LeBlanc, « Budget sabré et Santé Québec : “L’Outaouais a assez souffert” », Le Droit, 27 novembre 2024. ↑
- Radio-Canada, « Le CISSS en mode séduction pour éviter une rupture de services à l’Hôpital de Hull », 18 avril 2024. ↑
- Ani-Rose Deschatelets, « Nouvelle rupture de service en imagerie au CLSC de la Petite-Nation », Le Droit, 12 avril 2024. ↑
- Maude Ouellet, « Obstétrique à Shawville : “Les mesures ne réussissent pas”, dit le nouveau PDG du CISSSO », Radio-Canada, 9 février 2023. ↑
- Nations unies, Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels, résolution 2200 A (XXI), article 12, Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies, 16 décembre 1966, entrée en vigueur en 1976. ↑
- Dans cette première partie, nous reprenons les données analysées par Bertrand Schepper et Guillaume Hébert, Portrait des inégalités d’accès aux services de santé en Outaouais, Montréal, Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, 2021. ↑
- Source : Institut de la statistique du Québec. Présenté dans Schepper et Hébert, 2021, op. cit. ↑
- Ibid. ↑
- L’espérance de vie « correspond au nombre moyen d’années qu’une génération fictive pourrait s’attendre à vivre si elle était soumise tout au long de sa vie aux conditions de mortalité d’une année ou d’une période donnée » : Institut de la statistique du Québec, Espérance de vie, sans date. ↑
- Sur une échelle de 1 (quintile le moins défavorisé) à 5 (quintile le plus défavorisé), l’indice de défavorisation matérielle et sociale (IDMS) « comprend deux dimensions. La dimension matérielle reflète la privation de biens et de commodités de la vie courante des personnes résidant dans un territoire et ayant comme conséquence un manque de ressources matérielles (évaluée par l’éducation, l’emploi et le revenu). La dimension sociale renvoie à la fragilité du réseau social, de la famille à la communauté (évaluée par le fait de vivre seul, d’être monoparental et d’être séparé, divorcé ou veuf). L’IDMS regroupe ainsi six indicateurs qui ont été choisis pour leur relation avec l’état de santé et l’une ou l’autre des deux formes de défavorisation » : Institut national de santé publique du Québec, Indice de défavorisation matérielle et sociale, Québec, sans date. ↑
- Pierre Louis Lapointe, « Hull », L’encyclopédie canadienne, 2006. Consulté le 19 février 2025. ↑
- Kathleen Durocher, Pour sortir les allumettières de l’ombre. Les ouvrières de la manufacture d’allumettes E.B. Eddy de Hull (1854-1928), Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2022. ↑
- Raymond Ouimet, « La crise du logement 1936-1952 : le cas du Creekside », Le Droit, 19 février 2021. ↑
- Ibid. ↑
- Karl Polanyi, La Grande Transformation. Aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, 2009. ↑
- Organisation mondiale de la santé, Constitution, 1946. ↑
- Pierre Raphaël Pelletier, Les dépossédés du Vieux-Hull, Ottawa, Les Éditions David, 2020, p. 35. ↑
- Ouimet, Le Droit, 2021, op. cit. ↑
- Raymond Ouimet, « Hull : du centre-ville au centre-vide », Le Droit, 3 mars 2023. ↑
- Roger Blanchette, « Hull, champs de bataille! », À bâbord!, n° 40, été 2011. ↑
- En 1963, l’Assemblée générale de l’Ile de Hull a été créée en collaboration avec Mgr Paul-Émile Charbonneau, premier évêque de Hull, premier diocèse indépendant de l’archidiocèse d’Ottawa. En 1972, l’Assemblée sera renommée Regroupement des Comités de citoyens de Hull. En 1973, la Table ronde des organismes volontaires d’éducation populaire de l’Outaouais (TROVEPO) sera fondée afin de regrouper les groupes populaires de Hull. Voir Blanchette, À bâbord!, 2011, op. cit. et TROVEPO, La petite histoire de la Table ronde des OVEP de l’Outaouais (TROVEPO), 1973-2013 – 40 ans de luttes, 2014. ↑
- Ouimet, Le Droit, 2021, op. cit. ↑
- Société canadienne d’hypothèques et de logement, Rapport sur le marché locatif. Canada et régions métropolitaines, janvier 2024. ↑
- François Saillant, La situation du logement à Gatineau et ses impacts sur les droits humains. Rapport de la mission d’observation, Montréal, Ligue des droits et libertés, 2021. ↑
- Le terme FIRE vient des termes anglais finance, insurance and real estate. Voir André Orléan, Le pouvoir de la finance, Paris, Odile Jacob, 1999 et François Chesnais, « Le capital de placement : accumulation, internationalisation, effets économiques et politiques », dans François Chesnais (dir.), La finance mondialisée. Racines sociales et politiques, configuration, conséquences, Paris, La Découverte, 2004, p. 15‑50. ↑
- Luis Suarez-Villa, « The rise of technocapitalism », Science & Technology Studies, vol. 14, n° 2, 2001, p. 4‑20. ↑
- Lise Denis, « L’Outaouais au centre de la “crise de l’itinérance” » au Québec », Le Devoir, 14 septembre 2023. ↑
- Françoise Goulet-Pelletier, « Itinérance : la Ville de Gatineau investit 1,5 M $ pour le projet Village Transitiôn », Radio-Canada, 10 octobre 2024. ↑
- Antoine Fontaine, « Une première Nuit des sans-abri à Maniwaki pour “démystifier” les préjugés », Radio-Canada, 19 octobre 2024. ↑
- Ce nombre provient du calcul de l’auteur à partir des chiffres rapportés par diverses sources médiatiques : 27 décès en 2021, 45 en 2022 et au moins 33 en 2023. Voir respectivement : TVA Gatineau/Ottawa, « Surdoses : 27 décès en 2021 à Gatineau », 27 avril 2022 ; Jadrino Huot, « Les surdoses toujours bien présentes à Gatineau », Noovo Info, 19 avril 2023 ; Étienne Fortin-Gauthier, « Gatineau, ligne de front de la crise des surdoses », Noovo Info, 20 février 2024. ↑
- Frédérik-Xavier Duhamel, « L’Outaouais, point chaud de la crise des opioïdes », La Presse, 12 novembre 2022. ↑
- Gilles Bédard-Lalonde, Le Hull des années 1950. La dernière décennie traditionnelle, Montréal, Éditions Carte blanche, 2018, p. 60. ↑
- Alexandre Bégin, L’Outaouais en mode rattrapage. Suivi des progrès de la région en santé, éducation et culture, Gatineau, Observatoire du développement de l’Outaouais, mars 2024, p. 7. Notons que l’Outaouais souffre également d’iniquités régionales dans le financement public des services sociaux, de l’éducation professionnelle et postsecondaire, de la culture et des organismes communautaires. ↑
- Ibid., p. 8. ↑
- Ibid., p. 9. ↑
- Ibid., p. 13. ↑
- Ibid., p. 12. ↑
- Tirant ses origines du Dispensaire des citoyens de l’Ile de Hull fondé en 1970, Action santé Outaouais est le seul organisme d’éducation populaire autonome et de défense collective du droit à la santé au Québec. Voir : https://actionsanteoutaouais.org/. ↑
- ASO, L’Outaouais à la croisée des chemins. Portrait de la situation du système de soins de santé, Gatineau, Action santé Outaouais, 2021. ↑
- Ibid., p. 22. ↑
- Ibid., p. 27. ↑
- Anne Plourde, L’Outaouais comme cas d’école des effets délétères de la privatisation des chirurgies, Montréal, Institut de recherche et d’informations socioéconomiques, 2024. ↑
- Ibid. ↑
- Radio-Canada Ottawa-Gatineau, « Le CISSS de l’Outaouais fait appel au privé pour combler les besoins en imagerie médicale », 15 juin 2024. ↑
- Antoine Fontaine, « La prime de 22 000 $ pour les technologues est élargie à l’ensemble de l’Outaouais », Radio-Canada Ottawa-Gatineau, 7 septembre 2024. ↑
- Anne-Charlotte Carignan, « Plus de 7500 personnes en attente pour une IRM en Outaouais », Radio-Canada, 3 février 2025. ↑
- Ibid. ↑
- Gøsta Esping-Andersen, The Three Worlds of Welfare Capitalism, Cambridge, Polity, 1990. ↑
- Assemblée nationale du Québec, Procès-verbal de l’Assemblée, 30 octobre 2019, N° 75, p. 1314. Motion reproduite dans Bégin, L’Outaouais en mode rattrapage, 2024, op. cit. ↑
- ASO, Les soins de santé à Gatineau : la voix des citoyens entendue. Rapport de l’enquête populaire sur les obstacles à l’accès au réseau public de santé à Gatineau, Gatineau, Action santé Outaouais, 2011, p. IV. ↑
- ASO, Mieux comprendre la réalité rurale pour assurer l’accessibilité aux services de santé : analyse thématique des ateliers de discussion du 9 novembre 2023, Rapport synthèse de l’évènement public « conférence-atelier » du 9 novembre 2023, Gatineau, Action santé Outaouais, 2023, 8 pages. ↑
- Ibid. ↑





