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Jacques Roumain et le marxisme en Haïti

Jean-Jacques Cadet, Contretemps, 3 septembre 2015

 

Haïti est au carrefour de l’Atlantique noir et de l’Amérique latine : le pays s’est trouvé tour à tour au coeur du système d’esclavage de plantation et de la traite négrière, puis de la politique impérialiste des États-Unis en Amérique latine. Cette histoire longue a été scandée par de puissantes figures émancipatrices, comme Toussaint Louverture. Ce texte s’attarde sur Jacques Roumain, écrivain et militant communiste haïtien, et s’interroge sur la singularité d’un marxisme de la périphérie, inscrit dans la question noire comme dans l’ensemble plus vaste du marxisme latino-américain.

Un compte-rendu critique du livre de Yves Dorestal, Jacques Roumain (1907-1944) : un communiste haïtien.

Introduction

L’ouvrage de Yves Dorestal, Jacques Roumain (1907-1944) : un communiste haïtien, mérite notre attention pour la bonne raison qu’il met en avant une dimension de Jacques Roumain assez peu documentée, son engagement communiste. Les multiples publications dédiées s’intéressent au romancier, poète, journaliste et ethnologue. Le leader politico-idéologique n’est jamais évoqué au point de constituer une œuvre. Yves Dorestal, docteur en philosophie et professeur à l’Université d’Etat d’Haïti (UEH), va à contre-courant de cette lecture qui minimise le courant idéologique structurant ses œuvres. Dans son livre publié aux C3 éditions en mai 2015, il analyse la réception du marxisme chez Jacques Roumain tout en situant les débuts de cette pensée en Haïti. Sa démarche consiste à retracer le commencement du marxisme en Haïti afin de montrer ses liens avec l’Amérique latine (avec Mariatégui, Anibal et Mella) et l’Europe (l’Internationale communiste). ¨Il faut, écrit l’auteur, ¨déshaitianiser¨ Roumain et le placer dans un contexte mondial et latino-américain¨1.

Les grandes lignes de force de l’ouvrage

Dès le début, l’auteur souligne la thèse centrale de l’ouvrage : ¨On ne peut pas interpréter la pensée de Jacques Roumain sans la caractériser comme l’expression de la première étape ou le commencement de l’histoire du marxisme haïtien¨2. Il faut prendre en compte cette dimension tout en la situant, ajoute-t-il, dans le contexte du marxisme en Amérique latine. Il insiste sur le marxisme de Jacques Roumain comme partie constitutive du marxisme latino américain représenté par José Carlos Mariatégui, Anibal Ponce et Julio Antonio Mella. Pour étayer son argumentation, l’auteur évoque d’abord le rapport de Karl Marx avec Haïti pour ensuite cerner le marxisme de Jacques Roumain dans sa ¨longue marche¨ vers les nombreux mouvements communistes dans le monde.

L’auteur dialectise le marxisme en Haïti, avec le marxisme en Amérique latine et le marxisme occidental. Il estime que son histoire n’ayant pas encore été visitée, elle est en cela dépendante de la forme occidentale et de l’histoire générale du marxisme. La considérer comme spécifique permettrait d’avoir les bases d’une histoire systématique du marxisme en Amérique latine, y compris le marxisme en Haïti considéré comme étape importante de sa constitution. Ainsi, on peut dire qu’il faut en finir avec la centralité du marxisme européen afin de prendre en compte ses multiples agencements dans les autres régions du monde.

Plus loin, l’auteur affirme clairement que Marx et Engels n’ont pas abordé la question haïtienne mais ils s’y réfèrent. Ce qui montre, écrit l’auteur, qu’ils ne se désintéressaient pas de l’Amérique latine. Néanmoins, dans cette région, les mouvements communistes n’évoluaient pas au même rythme : le parti communiste haïtien (PCH) créé en 1934, expression de la dimension politique du courant marxiste en Haïti, était en retard par rapport aux autres. Ce qui n’empêche pas l’auteur de le situer dans la mouvance théorique régionale, surtout marquée par l’importance des problèmes de race et de religion.

La partie la plus importante concerne la spécificité du marxisme de Jacques Roumain. Il y est traité des points faisant de son marxisme une pensée sui generis en raison de sa référence tiers-mondiste. Dès le départ, l’auteur questionne la lecture de Jacques Roumain des œuvres de Karl Marx, ce qu’il appelle le ¨laboratoire Roumain¨. Il pense qu’il lit directement les textes de Karl Marx, non pas les commentateurs, et ceci en allemand, prenant en compte toutes ses dimensions. Cette méthode de lecture serait semblable à celle de Lénine chez qui la théorie est une arme de combat. Serait-il proche du léninisme de style stalinien ou du stalinisme, vu ses hommages à Staline ? A cette question, l’auteur recommande de contextualiser l’hommage à Staline, ce dernier étant envisagé d’abord comme chef de guerre contre le fascisme, ensuite comme théoricien. D’où le sens de son rapport à ce dernier, d’autant que c’est une période où le stalinisme domine. Par là, l’auteur rejette la lecture (celle de Léon François Hoffmann et André-Marcel d’Ans) qui fait de Jacques Roumain un stalinien, donc un ultra-marxiste. Selon lui, son marxisme serait plus proche de celui de Rosa Luxembourg. Ce qui lui donne une spécificité problématique. En se référant constamment à Schopenhauer et Nietzsche, deux auteurs antimarxistes, Jacques Roumain s’érige en pionnier du trait d’union entre Marx et Nietzsche. Il donne aussi une place importante à Hegel. Le dernier point original du marxisme roumainien, affirme l’auteur, est sa préférence pour l’anthropologie. Il pense, écrit-il, ¨qu’il faut être anthropologue pour être un bon marxiste¨3. Avec Jacques Roumain, on a un marxisme à l’aune de la réalité haïtienne, que j’appelle un marxisme à l’Haïtienne, avec le risque d’être éloigné de l’original.

Pertinences et controverses

Cette publication est la bienvenue dans un contexte marqué par le centenaire de l’occupation américaine en Haïti. Elle a duré dix-neuf ans et a déclenché l’avènement du marxisme en Haïti. Disons mieux, le marxisme a officiellement pénétré la société haïtienne sous l’occupation américaine 1915-1934. Sa nécessité se faisait sentir depuis le revirement idéologique des Nationalistes au pouvoir en 1930, rejetant les revendications populaires. Il fallait, comme l’affirme Jacques Roumain, une théorie de classe dont la question de l’impérialisme serait au centre. De 1930 à 1934, la transition marxiste s’est effectuée avec la création du PCH (Parti Communiste Haïtien). Donc, aujourd’hui devrait être un moment de discussion sur les outils idéologiques, comme le marxisme, qui ont contribué au départ des Américains d’Haïti en 1934. Ce qui pourrait nous servir pour des combats contre les nouvelles formes d’occupation.

En dépit de ces éléments pertinences, l’ouvrage souffre d’une carence en analyses approfondies alors que les hypothèses sont valables. En s’écartant avec brio d’une présentation historique de Jacques Roumain, l’auteur nous livre, en revanche, un travail inachevé quant aux grandes idées qu’il a développées. En moins de cent cinquante pages au format de poche et avec beaucoup de fragments allemands non traduits, cet ouvrage nous laisse sur notre faim. Des points annoncés, comme le rapport marxiste de Jacques Roumain à l’art, ne sont pas traités. Néanmoins, les jeux de mots dialectisants sont au rendez-vous. Les références haïtiennes sont, elles, presque absentes au profit d’un penchant pour la littérature allemande, sauf au moment de parler des ouvrages inédits comme Le marxisme et le mouvement ouvrier en Amérique latine (Yves Dorestal) cité aux pages 44 et 68.

Quant aux confusions théoriques, elles entravent toute véritable discussion. La première concerne la méthode de lecture utilisée par l’auteur pour analyser la pensée de Jacques Roumain. Tout d’abord, il faut dire qu’il remet en question une lecture réductionniste selon laquelle Gouverneurs de la rosée, publié en 1944, serait le point de compréhension de sa pensée. On éclipse souvent, nous dit l’auteur, l’analyse schématique 32-34 pour son orientation communiste avérée. Ou bien est reproché à ce texte un certain stalinisme. Dès le premier chapitre ¨métacritique des lectures de Jacques Roumain¨, il s’inscrit en faux contre cette allégation en prenant en compte ¨les textes de positionnement théorique¨ qui donnent toute la vision politico-idéologique de Jacques Roumain. Aussi propose-t-il, dans une démarche dialectique, de considérer l’œuvre de Jacques Roumain comme un tout à plusieurs dimensions. ¨Roumain est un tout, une unité et la dialectique enseigne que si le tout est raison, il ne peut s’exprimer qu’à travers l’unité qui est en même temps la multiplicité de ses voix¨4, écrit-il pour éviter tout rejet d’une œuvre sous risque de présenter un Roumain incomplet.

L’auteur aurait raison s’il avait appliqué cette méthode dialectique dans ses analyses des œuvres de Jacques Roumain. Il se retrouve pourtant pris au même piège de lecture réductionniste en écartant systématiquement les ouvrages d’avant 1930 pour cerner l’adoption du marxisme par Jacques Roumain. Des textes comme Réflexions (mars 1928) où il fait sa première critique de la bourgeoisie haïtienne, Manifeste à la Jeunesse (avril 1928) où il prône l’union de toutes les classes, Défense de Paul Morand (mai 1928) où il rejette le marxisme dogmatique, Notre bulletin incriminé (juillet 1928) où le bolchévisme est mis de côté, Vision d’outre-tombe (septembre 1927) qui met en avant le poète cubain Rafael Garcia Barcena, pour ne citer que ceux-là. Naïvement, il part des premières analyses marxistes de Jacques Roumain sans prendre en compte les contradictions théoriques qui leur ont donné naissance. Il adopte une démarche selon laquelle Jacques Roumain ne serait pas mature pendant la période de 1927 à 1930, par conséquent il serait insignifiant de considérer les œuvres majoritairement poétiques d’alors. Par là, l’auteur nous livre un certain Roumain qui ferait fi de ses pensées de jeunesse dans lesquelles se trouvent pourtant ses premières postures marxistes. C’est pourquoi il va faire de l’identité marxiste ¨la voie royale d’entrée¨ de la pensée de Jacques Roumain, oubliant ce faisant qu’il n’a pas toujours été marxiste, qu’il en a même rejeté une variante.

L’avantage des œuvres d’avant 1930 est qu’elles comportent paradoxalement une certaine sensibilité antimarxiste. Jacques Roumain qui exprime officiellement son intérêt pour le marxisme dans les années 1930 était déjà bien au fait de cette pensée. Pour bien comprendre ses positions communistes, il faut remonter jusqu’à ses engagements nationalistes progressistes exprimés dans ses premières publications, dès son retour en Haïti en 1927. Avec le présent article, on voudrait souligner les multiples réticences marxistes de Jacques Roumain, éléments importants pour comprendre sa lecture non orthodoxe de Karl Marx.

Dans un article publié en mai 1928, ayant pour titre Défense de Paul Morand, Jacques Roumain critique les ¨idées d’exportation¨, en référence à la théorie marxiste, qui, dit-il, ¨ne font que pourrir la terre où on les a plantés¨5. Il continue en dénonçant le rapport angélique qu’a la jeunesse universitaire avec cette pensée. Il soutient plutôt les agissements antimarxistes de Paul Morand en les inscrivant dans une critique antidogmatique. Il écrit : ¨Morand a visité plusieurs pays de l’Amérique, il a vu une bonne parti de la jeunesse universitaire engouée de communisme, il les a vus emportés, séduits et trompés par l’enthousiasme latin, partir, nouveaux conquistadores, à la découverte de l’Eldorado marxiste et prendre la glaciale aurore boréale slave pour un chaud soleil¨6.

Il y est question de la critique d’un certain usage du marxisme dominé par le dogmatisme. Dans cette même dynamique, il évite de s’identifier au bolchévisme, une variante du marxisme. Il s’insurge en juillet 1928 dans Notre bulletin incriminé :

¨D’abord, cette crasse ignorance de nous appeler bolchéviste et anarchiste en même temps !

Le bolchévisme, quelques défauts qu’on veuille lui trouver, est constructif tandis que l’anarchie est la négation de tout ordre : une puissance destructive.

Nous ne sommes ni l’un ni l’autre¨7.

Toujours dans sa réticence au marxisme, Jacques Roumain prônait l’union des classes pour combattre l’occupation. En avril 1928, dans son Manifeste à la Jeunesse, il souligne qu’il n’y aurait ni riches, ni pauvres. Par là, il évite toute analyse en termes de luttes des classes pour adopter une posture nationaliste de réconciliation. A l’époque, il admirait Gandhi qu’il considérait comme ¨un homme contre un empire¨ dans ses mouvances nationalistes. Néanmoins il est à rappeler qu’il le critiquera au moment de s’approcher du marxisme qui est essentiellement internationaliste.

En laissant de coté la période 1927-1930, Yves Dorestal fait l’économie de matériaux permettant une compréhension approfondie du marxisme chez Jacques Roumain. Cette période abrite ses premières attitudes intellectuelles et idéologiques face à l’occupation. Ainsi, était-il méfiant des théories étrangères, y compris du marxisme, tout en naviguant entre le patriotisme (qui sera plus tard un nationalisme) et l’internationalisme. Toute démarche de compréhension du marxisme de Roumain est insuffisante si elle ne part pas de cette jeunesse pendant laquelle il exécute des pas pré-marxistes.

Cette ambigüité de lecture va engendrer d’autres confusions quant aux catégories de marxisme et de communisme. Yves Dorestal utilise les deux termes comme équivalents bien que soit signalée leur différence. Il n’a pas pris la peine de les délimiter parce que, dit-il, Jacques Roumain était les deux, à la fois communiste et marxiste. Cette confusion majeure traverse tout le livre depuis la couverture où l’auteur passe de communisme à marxisme jusqu’aux derniers chapitres où est convoqué le marxisme latino-américain. N’était-il pas important de clarifier l’usage de ces concepts lorsqu’on sait que tout marxiste est communiste mais que tout communiste n’est pas marxiste. D’autant plus que Jacques Roumain ne s’est jamais réclamé du marxisme (ou du bolchévisme) alors qu’il le fait à plusieurs reprises s’agissant du communisme. D’ailleurs, parmi ses préférences allemandes, Karl Marx est en arrière-plan du poète Heine et du philosophe Nietzche.

L’ouvrage part de l’hypothèse selon laquelle Jacques Roumain serait marxiste mais il ne dit pas en quoi il l’est. Yves Dorestal expose l’originalité de son marxisme sans le justifier. Or, il est assez aléatoire de poser un Roumain marxiste, vu l’originalité de ses positionnements sur les questions stratégiques. Il peut exister chez lui sans qu’il le soit pleinement. Etre marxiste suppose avant tout une référence constante au mode de production capitaliste comme véritable responsable de la misère des masses populaires et une disparition de ce système économico-social par l’instauration de la ¨dictature du prolétariat¨. Une critique de la bourgeoisie est insuffisante, il faut aussi prévoir sa disparition.

Cette imprudence s’avère criante chez l’auteur lorsqu’il évoque un ¨marxisme haïtien¨ chez Jacques Roumain. Il passe allégrement du marxisme en Haïti au marxisme haïtien. En lisant Jacques Roumain, on retrouve l’expression ¨communisme haïtien¨, mais pas marxisme haïtien. Ce dernier est ambivalent à cause du terme haïtien qui lui donne une couverture nationale. Tandis que le marxisme, pour paraphraser Karl Marx, n’a pas de patrie. Le marxisme, étant essentiellement internationaliste, est incompatible avec tout nationalisme. Le socialisme scientifique ne peut pas s’enfermer dans une nation, ce qui peut créer à la manière d’un racisme des déviations graves. Donc, l’expression ¨marxisme haïtien¨ ne respecte ni l’esprit de Karl Marx ni celui de Jacques Roumain.

En lisant l’ouvrage de Dorestal, on sent le malaise de l’auteur à forger cette expression. Parfois, il utilise plutôt la formule ¨marxisme en Haïti¨. De plus, l’idée de marxisme haïtien n’est pas développée au point d’ignorer son contenu. D’ailleurs, il serait difficile de le situer chez le premier marxiste haïtien. On ne sait pas ce dont parle l’auteur en utilisant cette expression, sauf qu’il s’agit d’un ¨marxisme au visage de Bouqui¨8 ou d’un ¨marxisme sui generis¨9, comme il le mentionne. Mieux vaudrait parler d’un marxisme à l’haïtienne pour éviter le piège nationaliste. Dans un tel cas, il faudrait le développer et le détailler afin de cerner les traductions opérées par Jacques Roumain pour mieux se rendre compte de la situation haïtienne. Et voir dans quelle mesure il réussit ou échoue à l’image de Michel Serres10 lorsqu’il évoque un échec idéologique en référence aux Gouverneur de la rosée.

Yves Dorestal esquive aussi des tensions évidentes, comme le rapport entre le marxisme et l’indigénisme. Ce dernier n’a jamais disparu des œuvres de Jacques Roumain, malgré son intérêt pour les classes sociales. L’indigénisme, orienté vers la défense et l’illustration des valeurs noires, est de tendance nationaliste et raciste. Jusqu’aux derniers textes (Afrique, j’ai gardé ta mémoire ; Bois d’ébène ; Sales nègres), Jacques Roumain ne cesse de penser en termes de race africaine. ¨Son marxisme, affirme l’auteur, n’est pas étranger à cette problématique de race¨11. A-t-il pu concilier le marxisme et l’indigénisme ? L’auteur ne nous a pas dit si ces deux là font bon ménage chez Jacques Roumain, comme le pense Claude Souffrant dans Une négritude socialiste (1978). En faisant référence à l’Amérique latine, il serait pertinent d’évaluer l’hypothèse d’un ¨marxisme indigéniste¨12.

L’idée majeure du livre qui, malheureusement, n’est pas explicitée, est la suivante : il faut que l’histoire du marxisme cesse d’être une histoire occidentalisée. Pour qu’elle le soit, le marxisme doit être traduit dans les sociétés du tiers-monde afin qu’il prenne compte des réalités singulières. Malgré ses multiples références européennes, cette pensée est appelée à expliquer les nouvelles formes de domination du capitalisme mondialisé. Cette démarche de déplacement du marxisme ne doit pas compromettre les grands piliers sur lesquels il repose. En désoccidentalisant son histoire, on risque de le dénaturer. Il serait mieux de le ¨provincialiser¨, à la manière de Dipesh Chakrabarty13, afin qu’il garde son socle analytique.

Conclusion

L’une des plus grandes forces du livre est l’analyse des deux références de Karl Marx à Haïti. La première concerne l’image de Soulouque, dirigeant ignorant, cruel et vaniteux, pour critiquer les dirigeants européens. L’autre se réfère au café de Saint-Domingue. Par là, l’auteur rejette une idée selon laquelle Karl Marx n’aurait jamais cité Haïti et donc toute éventuelle analyse marxiste de la société haïtienne serait invalide. Cette dimension didactique marche de pair avec les problématiques marxistes en Haïti qui méritent d’être discutées. Cet ouvrage soulève un débat auquel sont conviés tous ceux qui s’intéressent aux idéologies ayant marquées l’histoire d’Haïti.

 

Bibliographie

Yves Dorestal (2015), Jacques Roumain (1907-1944) : un communiste haïtien, C3 éditions, Port-au-Prince.

Glodel Mézilas (2003), Généalogie de la théorie sociale en Amérique latine. L’Occident en question. Editions de l’Université d’Etat d’Haïti.

Léon-François Hoffmann (dir.) (2003), Jacques Roumain, Œuvres complètes. Edition critique, Madrid : UNESCO (Collection Archivos)

Dipesch Chakrabarty (2009), Provincialiser l’Europe, Editions Amsterdam, Paris.

Michel Serres (1974), Hermes III : La traduction, Critique, Paris, Les éditions de Minuit.

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