FIQ vs gouvernement Charest

La bataille que mène actuellement la FIQ dépasse le simple intérêt de ses membres : elle concerne toute la population. La Fédération tient à garder le cap sur des mesures structurantes et permanentes pour insuffler les changements qui feront en sorte que les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes, les infirmières et les perfusionnistes seront capables de prodiguer des soins demain et au-delà des cinq prochaines années.

Au cours des dernières semaines, vous avez signé la pétition en appui au réseau public de santé et aux revendications des professionnelles en soins. Toutefois, vous vous êtes peut-être demandé pourquoi les membres de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec – FIQ ont refusé les propositions gouvernementales.

En juin dernier, une entente de principe avec trois centrales syndicales a fait en sorte de fixer les conditions de travail de seulement 20 % des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires œuvrant au sein du réseau public de santé du Québec. Par contre, à ce jour, le gouvernement n’a toujours rien réglé avec les 80 % d’infirmières, d’infirmières auxiliaires, d’inhalothérapeutes et de perfusionnistes qui sont représentées par la FIQ.

En effet, cette entente a été rejetée à l’unanimité par les déléguées de la Fédération il y a plusieurs semaines. De fait, les représentantes élues par les membres la jugent aux antipodes des mesures nécessaires pour reconnaitre et valoriser les conditions difficiles dans lesquelles les professionnelles en soins pratiquent depuis de nombreuses années. Cette entente incarne l’un des pires scénarios envisagés par la FIQ pour sceller la dérive des soins publics de santé au Québec.

Le ministre Bolduc reconnait que les professionnelles en soins ont des horaires inadéquats. Il reconnaît aussi que le fait d’exécuter des heures supplémentaires obligatoires et de travailler fréquemment 16 heures consécutives est une situation intenable. Cependant, il affirme également que si elles veulent régler leurs problèmes, elles doivent elles-mêmes trouver le personnel pour les remplacer et assumer les couts en réduisant leurs vacances.

De plus, au lieu de proposer des mesures concrètes pour régler les problématiques que vivent les professionnelles en soins, le ministre Bolduc décrète la mise en place de nouveaux comités. Ainsi, encore une fois, les mêmes solutions seront présentées et les employeurs refuseront, comme à l’habitude, de les appliquer.

Il n’y a rien dans cette proposition qui vise à enrayer la pénurie de professionnelles en soins. Pourtant, au cours des quatre prochaines années, des milliers d’infirmières partiront à la retraite. Des milliers d’autres quitteront le réseau public pour les entreprises privées de placement en soins où il est possible de choisir ses horaires. Beaucoup d’autres abandonneront tout simplement la profession. Avec l’actuelle proposition gouvernementale, il n’y a rien qui pourrait retenir les 15 000 infirmières susceptibles de quitter le réseau public à très court terme. Les bris de service appréhendés seront inévitables et le recours à grands frais aux entreprises privées et aux heures supplémentaires augmentera sans cesse.

Sous le couvert de titres accrocheurs, des mesures trompe-l’œil apportent, dans le meilleur des cas, un immobilisme substantiel aux problématiques criantes du réseau, alors que d’autres dispositions cautionnent des reculs majeurs qui ramèneraient les conditions des professionnelles en soins à des luttes menées il y a de cela 4 décennies !

Ce n’est donc ni par caprice, ni par entêtement aveugle que les 58 000 professionnelles en soins représentées par la FIQ ont refusé le contenu de cette entente. Elles ne peuvent tout simplement pas concevoir l’avenir de leurs professions si elles donnent leur aval à un gouvernement qui a clairement démontré ses intentions de démanteler des pans entiers des services publics du Québec. Sachez que chacune de ces 58 000 professionnelles en soins est aux premières loges de ce démantèlement du réseau de santé, entamé depuis plusieurs années, et que chacune d’elle subit au quotidien le désengagement du gouvernement à l’endroit des services publics qui sont pourtant si chers à une très forte majorité de la population québécoise.

Appuyons notre système de santé

La bataille que mène actuellement la FIQ dépasse le simple intérêt de ses membres : elle concerne toute la population. La Fédération tient à garder le cap sur des mesures structurantes et permanentes pour insuffler les changements qui feront en sorte que les infirmières auxiliaires, les inhalothérapeutes, les infirmières et les perfusionnistes seront capables de prodiguer des soins demain et au-delà des cinq prochaines années.

Vous êtes parmi les premier-ère-s citoyen-ne-s à avoir manifesté votre appui en signant notre pétition. Nous vous en remercions. Devant l’intransigeance du gouvernement et son incompréhension des véritables enjeux, nous devons accentuer davantage notre mobilisation citoyenne. Pour ce faire, il est primordial que vous invitiez les personnes de votre entourage à signer la pétition pour démontrer l’importance accordée à l’intégrité de notre réseau de santé. Ensemble, nous pourrons convaincre nos décideurs de l’obligation de mettre en place de vraies solutions.

Lien vers la pétition : http://www.appuyonslafiq.qc.ca/

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