Dans sa publicité parue le 19 mai 2012, le gouvernement du Québec rappelle que les Patriotes ont lutté pour l’avènement d’un gouvernement démocratique. N’y a-t-il pas une part de cynisme dans ce message au lendemain de l’adoption d’une loi spéciale niant certains des droits fondamentaux inhérents à l’exercice d’une véritable démocratie?
En 1837 et 1838, les Patriotes ont pris les armes pour exiger plus de pouvoir démocratique et résister à la politique d’assimilation pratiquée par les Canadiens anglais et l’Empire britannique. Ce que les Patriotes visaient notamment c’était la création d’Institutions démocratiques permettant aux Canadiens français de prendre le contrôle de leur destinée. On s’en rappelle, la répression fut sans pitié.
175 ans plus tard, les Québécois et les Québécoises doivent lutter contre leur propre gouvernement qui, au lieu de débattre, réfléchir et convenir d’une solution au conflit avec les étudiants, a décidé d’utiliser la carte de la répression malgré les avis de la plupart des milieux de la société civile qui le lui déconseillait. Il est fascinant de constater que les protestations sont venues de toutes parts. Les carrés rouges, blancs et verts, les couleurs du drapeau des Patriotes, se sont retrouvés réunis face à une loi inique, exécrable et inacceptable à tout point de vue.
Les étudiantes et les étudiants sont punis pour avoir exercer ces droits fondamentaux inscrits dans la Charte des droits et libertés qui stipule à son article 3 : « Toute personne est titulaire des libertés fondamentales telles la liberté de conscience, la liberté de religion, la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de réunion pacifique et la liberté d’association. » La loi 78 adoptée le 18 mai dernier retire une partie de ces droits de manière hypocrite. Cette loi 78 ne vise pas seulement les étudiantes et les étudiants et leurs organisations, c’est l’ensemble de la population qui se retrouve muselée et privée des droits fondamentaux auxquels nous sommes profondément attachés.
La date du 18 mai 2012 passera donc à l’Histoire du Québec comme une journée noire pour la démocratie. En cette Journée nationale des Patriotes, il convient donc de saluer la détermination de nos ancêtres de même que celle des Québécoises et des Québécois d’aujourd’hui dans la lutte pour la démocratie et la liberté. Maintenant, il faut continuer à combattre et à résister. Il faut réfléchir aux meilleurs moyens pour changer cette société et mettre en échec la stratégie de la répression et de la domination. La désobéissance civile pacifique doit faire partie de cette réflexion.
Serge Roy
Candidat de Québec solidaire
dans la circonscription de Taschereau
Québec, 21 mai 2012