1. Tendances de l’économie
« Can it be…the recovery ? » se demandait la revue britannique The Economist sur la page couverture de son édition du 17 mars dernier. En effet, depuis quelques semaines, un optimisme prudent se fait jour, alimenté par une série de nouvelles économiques plus encourageantes et un certain répit dans la crise européenne.
Il faut se réjouir de ce revirement des perceptions, mais demeurer prudents. Rien ne garantit qu’une reprise auto-entretenue et durable s’enclenche présentement, car aucun des problèmes fondamentaux à la source de la crise n’a été résolu : la déréglementation du secteur financier, les déséquilibres commerciaux entre pays, le chômage et le sous-emploi, la stagnation des salaires, l’accentuation des inégalités de revenus, l’alourdissement de l’endettement public comme privé, etc. Entre-temps, d’autres politiques à incidence négative pour la croissance économique, comme les politiques d’austérité budgétaire, ont été mises en œuvre un peu partout.
L’an dernier, à pareille date, la reprise de l’économie mondiale trébuchait, sous l’effet conjugué d’un ensemble de chocs aggravant les incidences du durcissement des politiques d’austérité budgétaire : flambée des prix alimentaires et pétroliers, séisme au Japon, approfondissement de la crise de la dette souveraine en Europe. La glissade s’est prolongée tout le reste de l’année. Elle a abouti au psychodrame de la gestion de la crise de la dette souveraine en Europe, entraînant dans son sillage la chute de plusieurs gouvernements. Ici même, l’emploi s’affaissait dramatiquement au cours du dernier trimestre de 2011.
Depuis le début de l’année, cependant, la situation s’est décrispée. À travers les turbulences, l’économie américaine a poursuivi sa consolidation tout au long de l’année dernière. Elle a continué à progresser modérément, mais à un rythme qui s’est accéléré, témoignant de sa résilience. Son élan n’est sans doute pas suffisant pour enclencher un processus auto-entretenu de croissance, mais sa résistance s’est renforcée. Pour trois des cinq derniers mois, il s’est créé au-delà de 200 000 emplois par mois. Les dépenses de consommation des ménages ont repris leur progression. En revanche, le marché immobilier ne semble pas avoir encore touché le fond.