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Le jour où le peuple est monté à l’assaut du ciel

 

L’histoire des luttes et des mouvements populaires n’est jamais déterminée d’avance, comme s’il y avait un « grand livre » écrit quelque part. C’est au contraire une histoire en dents de scie, pleine de virages, d’inattendu, de hasard. Des déblocages surviennent parfois parce que deux choses arrivent à un point d’intersection : d’une part, les mouvements populaires ont acquis de la force, de la confiance en soi, ils représentent un projet hégémonique. Et d’autre part les dominants sont dans une grave crise, ils ne peuvent plus, ils ne savent plus comment gouverner. C’est alors qu’il y a des avancées, comme on l’a vu dans le passé.

C’est ce qui s’est passé à Paris en 1871. Les dominants implosaient sous le poids de leur corruption. Ils avaient perdu une guerre atroce qu’ils avaient eux-mêmes déclenchée. Leur monde de luxure et de pillage s’étalait au grand jour devant les yeux du peuple. De l’autre côté, une révolution populaire germait dans les quartiers populaires de Paris, avec ses clubs, ses réseaux, ses intellectuels, ses capacités organisationnelles et militaires.

Et c’est ainsi qu’un jour, sans avertissement, le régime est tombé et un nouveau pouvoir s’est érigé, la Commune. L’expérience a duré à peine deux mois, mais quelle expérience ! La Commune en fin de compte reprenait l’utopie d’un pouvoir décentralisé, communautaire, sans pouvoir érigé sur le peuple au nom du peuple. Les élus l’étaient sur la base de leur légitimité, ils étaient révocables en tout temps, tout en étant rémunérés au salaire ouvrier moyen. Le pouvoir était « direct », c’est-à-dire qu’il était exercé par des assemblées où tout le monde, y compris élus et fonctionnaires, prenaient part, brisant ainsi l’étanchéité de cet « horrible appareil » que Marx avait identifié, l’État. La Commune, c’était également le peuple en armes, assurant sa propre sécurité, et des droits sociaux et économiques importants pour l’époque (interdiction des prêteurs du gage, du travail de nuit, etc.).

La Commune ne vécut pas assez longtemps pour mener à bien ces réformes. Les forces conjuguées de la réaction, bourgeoisies et aristocraties confondues, militaires et curés, Français comme Anglais et Allemands, se sont entendues pour écraser la Commune dans un gigantesque bain de sang. Pour autant, la plus grande victoire de la Commune, comme le disait Marx, c’est d’avoir existé, même brièvement. Les mouvements populaires ont compris qu’il ne s’agit pas de « prendre le pouvoir » tout simplement, mais de détruire un appareil de classe, ce qui est une œuvre de longue haleine. Ils ont vu aussi que des erreurs devaient être évitées. Par exemple, ancrée sur les quartiers populaires de Paris, la Commune n’a pas pu briser son isolement. Enfin, la Commune n’a pas eu la capacité d’unir les forces du changement, chacun restant plus ou moins pour soi. Les résistances qui ont suivi la Commune sont allées plus loin.

Lors de l’université populaire, il y aura une discussion sur la Commune animée par Xavier Lafrance et Thierry Drapeau, deux jeunes chercheurs qui sont les coauteurs d’une étude qui vient d’être publiée sur l’époque, 150 ans après la Commune.

 

 

 

 

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