Les dernières décennies ont été la scène d’un vaste soulèvement populaire aux quatre coins du monde. Au début, la vague a emporté une grande partie de l’Amérique latine. Des mouvements populaires d’une puissance inédite ont renversé des gouvernements, en Argentine, en Équateur, en Bolivie. Ils ont mis la droite au pied du mur au Brésil, au Venezuela, en Uruguay. De nouvelles configurations politiques sont apparues en défiant l’ordre impérial traditionnel.
Quelques années plus tard, la révolte a traversé l’Atlantique pour se localiser en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Le « printemps arabe » a également bousculé les dominants et inspiré une nouvelle génération de mouvements en Europe du Sud, notamment en Espagne, au Portugal et surtout, en Grèce. Tout cela a retraversé l’Atlantique pour produire le mouvement Occupy, dans plus de 70 villes états-uniennes et canadiennes. Peu après, le « printemps arabe » est devenu le « printemps africain » avec des soulèvements populaires au Burkina Faso, au Sénégal et ailleurs. Des mobilisations populaires dans précédent se sont répandues à Istanbul, Bangkok et d’autres villes du monde.
Depuis quelque temps avec la montée des gauches en Grèce, en Espagne, en Irlande, en Écosse et d’autres pays européens, le vent du changement souffle de ce côté. Pour autant, les dominants et leurs réseaux transnationaux ne lâchent pas prise. Ils préfèrent, et de loin, laisser les pays s’enfoncer dans la crise plutôt que de considérer des réformes somme toute modestes que proposent les gauches. C’est partout la politique du gros bâton manipulée par les réseaux opaques, les médias et les intellectuels de service, souvent liés aux anciennes gauches qui ont capitulé depuis des décennies.
Le dilemme en Grèce découle de ce face-à-face qui n’en finit plus. Les camarades de SYRIZA sont confrontés à cette impossibilité d’activer des réformes à l’intérieur du cadre européen et capitaliste et ils doivent accepter de liquider la souveraineté nationale, les protections sociales et les services de base en santé et en éducation. En Espagne où la montée de PODEMOS est impressionnante, c’est le même concert réactionnaire en vue de l’élection de l’automne prochain : on peut dire et faire ce qu’on veut, sauf qu’on ne peut rien changer au pouvoir actuel du 1 % et de l’oligarchie financière.
Les camarades s’interrogent alors : que faire? L’idée de revenir aux vieux schémas passés visant une improbable révolution dans un rapport de force qui est très inégal n’est pas trop attirante. Faire semblant de gouverner quand tout est décidé par les cercles fermés de la Commission européenne et du Fonds monétaire international ne semble pas non plus une alternative. Il reste le chemin long et laborieux de construire la force populaire à travers des réseaux décentralisés et des initiatives locales, où on peut retrouver la dignité et la confiance et construire un bloc populaire anti-hégémonique en profondeur, ce qui a pris quelques décennies à des mouvements de libération dans diverses parties du monde. Il n’y a pas de raccourci. Ni de recette pour sauter les étapes. C’est de cela que nous pourrons parler avec nos camarades européens dans le cadre de l’université populaire des NCS.