À quelques mois de la prochaine conférence de l’ONU sur les changements climatiques, on note un certain vent de pessimisme. Les « gros joueurs » comme les États-Unis et la Chine ne semblent pas disposés à céder une partie de leurs « droits » à polluer la planète et nous précipiter vers les changements climatiques qui déjà se manifestent. Ils pensent que ce sont les pays pauvres qui vont payer la note (et qui la paient déjà). Reste à voir ce que feront les vastes coalitions populaires et écologistes qui ont montré ces dernières années leurs capacités de résistance, au point où de nombreux mégaprojets ont été mis de côté devant l’opposition des gens.
Devant ce fait, les dominants créent l’impression que la gaspilleuse économie basée sur le carbone est la seule qui peut assurer le « développement » et le progrès social. C’est le langage dominant dans les enceintes du pouvoir et les médias. L’alternative écologiste, dit-on, va créer le chômage et la pauvreté. Mais cet argument passe de moins en moins.
Surgit alors une autre idée : le capitalisme, et son impitoyable volonté d’accumulation peut être « civilisés » et domptés pour devenir écologiques. Autrement dit, si c’est payant de produire vert, les entreprises vont devenir vertes. La nature devient alors une « marchandise » non seulement à protéger, mais sur laquelle on peut faire du « développement ». On pense alors à une « bourse du carbone » où on achètera et on vendra le « droit de publier ». On est d’accord avec une activité moins polluante pourvu que cela soit rentable, ce qui veut dire pourvu que vous et moi soyons prêts à acheter nos fraises deux fois plus chères. Et ainsi de suite. Certains écologistes pensent que le problème de l’environnement n’est pas « politique », ne découlent pas d’un mode d’organisation de la société (en l’occurrence, le capitalisme).
C’est une impasse méthodologique. On ne peut pas penser que tout ce qui existe dans le monde est tout simplement une « marchandise » qu’on peut acheter ou vendre au « meilleur prix ». Il ne peut y avoir de « valeur marchande » à l’eau par exemple. Son utilisation, sa production, sa redistribution doivent découler d’autres principes, qu’on peut résumer en un seul : le droit à la vie. Le capitalisme, c’est autre chose. C’est l’accumulation pour l’accumulation. Si l’eau doit échapper au capitalisme, il y en aurait d’autres choses : la terre, la forêt, l’alimentation, le logement, la santé, l’éducation, la communication, la culture.