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Et si on causait un peu des corrupteurs…

L’occasion est trop belle. Osons profiter, si j’ose dire,  de notre nouveau statut collectif  de société la plus  corrompue au Canada pour nous adresser à nos corrupteurs. Commençons par le haut, car c’est bien connu, c’est par la tête que commence à pourrir le poisson.

La première palme reviens au Parti Libéral du Canada, duquel le magazine Maclean’s a longtemps été particulièrement proche. À ce chapitre, reconnaissons donc à cette publication une certaine expertise, par association.

La commission Gomery a révélé comment, de façon systématique, le gouvernement du Canada a utilisé des fonds publics pour mener une campagne de propagande post-référendaire en permettant aux amis du régime de se sucrer joyeusement au passage. S’il y a un lien à faire entre le mouvement indépendantiste et la corruption politique au Québec, comme on ose le faire, c’est bien le fait que le gouvernement du Canada, paniqué, a utilisé la corruption politique pour contrer le mouvement indépendantiste.

Peut-être que ce record de corruption serait égalé sinon dépassé par les résultats d’une éventuelle commission d’enquête sur les liens entre le réseau politique du PLQ et le merveilleux monde des affaires. Depuis dix mois, ce peuple de corrompus réclame massivement et avec une remarquable constance la tenue d’une telle enquête. Le blocage est au sommet de l’État. La population l’a bien compris et réclame majoritairement son départ. On a vu pire comme société corrompue, incapable d’esprit critique. Le moindre qu’on puisse espérer de la part de Maclean’s, qui a déjà fait un excellent journalisme d’enquête sur Mulroney par exemple, c’est de faire les distinctions de base entre un régime politique et une société. C’est bien cet amalgame qui est inacceptable et ouvre la porte à toutes les dérives.

Bien sûr qu’il y a quelque chose de racoleur et donc de profondément insignifiant à la Une de la dernière édition de ce magazine.

Évidemment qu’il y a quelque part, un fond de commerce anti-Québec, comme le résume très bien Yves Boisvert de La Presse en soulignant que «  la condescendance coloniale fait toujours recette quand il s’agit d’expliquer le Québec à Toronto. Les vieilles thèses des années ’50 de Pierre Trudeau, le lien entre nationalisme, étroitesse d’esprit et moeurs politiques corrompues sont indémodables ». (1)

On serait tenté d’ajouter qu’il y a quelque chose de chauvin dans ce regard des nations dominantes à l’endroit des petites communautés nationales souvent soupçonnées de vivre à la frontière du tribalisme qu’on impute généreusement au caractère frileux de leur statut minoritaire. Folks society, écrivait-on dans les années ’50 pour décrire le Québec pourtant déjà urbanisé pour moitié depuis une vingtaine d’années. Il y a sans doute un brin d’ignorance et de paresse intellectuelle. Cinquante ans après la révolution tranquille, nous observons que ces tristes clichés ont la vie dure. Les Irlandais, les Tchéchènes, les Amérindiens, les Basques etc., vus dans l’oeil des dominants ont dû  essuyer pas mal de ces remarques d’anthropologues de dépanneur.

La population du Québec trouvera bien le moyen de se défaire des corrupteurs et des corrompus. En commençant le ménage par le haut, en jugulant la toute puissance du merveilleux monde des affaires sur notre vie collective, en diversifiant le système médiatique qui ressemble à un duopole et en démocratisant notre vie politique.

François Cyr,
27 septembre 2010

Note

1. «Le bonhomme Carnaval enfin expliqué», La presse, édition du 27 septembre 2010.

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