Le 25 avril, des représentant(e)s de l’IE se sont joint(e)s aux syndicats d’enseignants chiliens, lors d’une grande marche pour l’éducation publique organisée dans la capitale, Santiago. Enseignant(e)s, employé(e)s de l’éducation, universitaires et étudiant(e)s ont réclamé le droit fondamental à une éducation de qualité, garantie et financée par l’Etat.
Le Colegio de profesores de Chile (CPC), l’organisation affiliée à l’IE, a mené cette initiative qui exige la fin du lucre dans l’éducation et la remise en place d’un système éducatif de gestion nationale.
Le commerce de l’éducation
Au Chili, il n’existe pas de plan national d’études, ni de budget central pour l’éducation. Chaque municipalité a ses écoles et celles-ci définissent leur propre projet éducatif, y compris les « critères d’admission des élèves ».
Il existe plusieurs agences privées (Agencias técnicas de educación – ATE), qui élaborent le plan annuel pour un montant de 15.000 USD. Les familles reçoivent des allocations (bons) et doivent payer l’école qu’elles peuvent se permettre avec cet argent.
Ce système d’éducation atomisé ressemble à une chaîne d’agences – comme s’il s’agissait de supermarchés ou de tout autre commerce – qui rivalisent, entre elles et avec le secteur privé, pour attirer les clients et en tirer des bénéfices.
La déprofessionnalisation de l’enseignement
Dans ce contexte, l’une des questions les plus préoccupantes pour les syndicats est la déprofessionnalisation de l’enseignement. La Loi générale sur l’éducation, approuvée en 2006, permet aux professionnels non enseignants d’enseigner (article 46 g).
De plus, la profession est précaire et instable: les salaires sont très inférieurs (jusqu’à 40% en moins) à ceux que reçoivent d’autres professionnels ayant des qualifications semblables. Plusieurs études récentes montrent que 16% des enseignant(e)s chilien(ne)s souffrent d’anxiété et de dépression.
A tout cela, il faut ajouter le manque de ressources publiques pour couvrir les besoins en formation continue et en recyclage. Les enseignant(e)s doivent financer leurs propres formation et perfectionnement.
Une évaluation punitive
Par ailleurs, les syndicats dénoncent que la Loi 20.501, approuvée en 2011, pénalise une nouvelle fois les enseignant(e)s par les effets de l’évaluation, et modifie des aspects techniques centraux qui en font un instrument de plus de licenciement.
Cette loi permet aux directeurs/trices de centres éducatifs de licencier des enseignant(e)s et d’engager toute personne ayant effectué 8 mois d’études universitaires dans n’importe quelle branche. De plus, elle affecte les droits des travailleurs et les droits sociaux fondamentaux, comme le congé de maternité et les crèches.
La solidarité mondiale
La délégation présente au Chili pour la marche était composée du Secrétaire général adjoint, David Edwards, du Coordinateur régional principal, Combertty Rodríguez, du Président du Comité régional de l’IE pour l’Amérique latine, Hugo Yasky et de la Vice-présidente du Comité régional, Fátima da Silva.
Les dirigeant(e)s syndicaux/ales ont participé à la marche et se sont réuni(e)s avec le personnel enseignant, les universitaires et les étudiant(e)s. De même, la délégation de l’IE a rencontré le Ministre chilien de l’Education, Harald Beyer, à qui ils ont exprimé leur inquiétude face à la volonté quasi inexistante d’écouter les demandes légitimes des organisations syndicales.
Lors d’une rencontre avec les représentant(e)s de l’Organisation internationale du Travail (OIT) au Chili, la délégation a exprimé les préoccupations de la communauté éducative mondiale concernant la Dette historique que l’Etat chilien maintient vis-à-vis de milliers d’enseignant(e)s.
La délégation de l’IE fera également partie de la Première rencontre nationale inédite et historique des Profesores Organizados (professeurs organisés), les 27 et 28 avril. Celle-ci réunira pour la première fois les dirigeant(e)s des professeurs de l’enseignement public et privé, tant subventionné que non subventionné.
Le Secrétaire général adjoint, David Edwards, a affirmé: « Cette marche est une preuve de plus de la ferme conviction du peuple chilien, qui réclame l’éducation comme droit fondamental pour toutes et tous ».
Edwards a insisté sur la nécessité d’une profonde réforme du système éducatif chilien en vue de la création d’un modèle alternatif aux politiques éducatives néolibérales. « Un processus au sein duquel les syndicats d’enseignants sont et seront les acteurs clés de la remise en place d’un système éducatif non élitiste, ouvert aux secteurs populaires ».