À propos de ce numéro
Le collectif d’auteurEs regroupéEs pour produire ce numéro des NCS porte une attention particulière aux transformations de l’État, au développement du capitalisme au Canada, aux politiques des gouvernements en matière de travail, de culture, d’immigration ainsi qu’aux très importants dispositifs pour « punir, surveiller et contrôler ». Également, le numéro entreprend une relecture des résistances dans l’espace canadien tout en décortiquant les raisons qui expliquent la difficulté des mouvements populaires de mettre en place un bloc contre-hégémonique.
Lisez quelques extraits de ce numéro ci-dessous.
Capitalisme, confédération et luttes de classes
Par Pierre Beaudet
L’histoire sociale est portée à reconnaître la réalité des classes sociales (au sens de groupements distincts, différenciés par la situation qu’ils occupent dans un système de production, de rapports de travail, de propriété, de pouvoir) et de la nation (au sens d’une communauté possédant sa propre langue et sa culture, occupant un territoire donné, liée par une économie commune, tendant à chercher ou à affirmer une expression politico-étatique qui lui soit propre). Loin de nier le rôle des individus, des sujets individuels ou collectifs, une telle reconnaissance permet de le rendre explicable en faisant ressortir le contexte social réel au sein duquel leur vie et leur action se déroulent.
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Un colosse aux pieds de bitume
Par Louis Gill
L’éclatement de la bulle technologique en 2000-2001 et le ralentissement économique qui en a résulté, le Canada a connu de 2002 à 2007 une forte croissance, stimulée elle-même par la croissance des États-Unis qui sont les principaux importateurs de ses produits (75 % des exportations canadiennes y sont dirigées) et par celle, exceptionnelle, des pays émergents comme la Chine et l’Inde, vers lesquels s’est déplacée une partie importante de la production mondiale. La forte demande de produits de base (pétrole et autres ressources naturelles) en provenance de ces derniers a par ailleurs contribué à hausser les prix de ces produits et ainsi bénéficié encore davantage aux pays qui les exportent, dont le Canada.
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Luttes autochtones : invisibilité et résistance
Par Dalie Giroux
Je voudrais ouvrir mon propos sur « l’état des luttes autochtones » en reprenant l’interrogation de Suzy Basile publiée dans les pages du Devoir pendant ce qu’on a appelé la « crise attikamekw » de l’été 2012. À cette occasion, plusieurs membres de la nation attikamekw, avec l’appui des Conseils de Wemotaci, Manawan et Opitciwan, ont bloqué des routes sur le territoire limitant l’accès des exploitants aux ressources forestières. Qualifiant l’action attikamekw de « geste d’éclat pour attirer l’attention du public sur la stagnation du processus de règlement de leurs revendications territoriales », Suzy Basile s’impatiente de voir se développer « une analyse détaillée de la situation dans laquelle se trouve la nation attikamekw » et souligne la « surprenante méconnaissance du peuple attikamekw par les Québécois ». Elle souligne l’absence d’une compréhension minimale du « lien particulier au territoire qui caractérise l’ensemble des peuples autochtones », et en particulier de cette conception attikamekw de la forêt comme « milieu de vie et garde-manger traditionnel de la nation ».
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