Les auteurs montrent combien les processus actuels d’émancipation en Amérique latine empruntent à la pensée d’Ernesto Guevara et de Simon Bolívar. Éthique révolutionnaire, devoir internationaliste, démocratie participative et émancipation humaine, voie originale et refus de modèle, en constituent les traits saillants. C’est un combat constant, tant l’héritage de décennies d’exploitation, de domination, d’autoritarisme, reste difficile à éliminer.
Pour les protagonistes (chavistes, militants du MAS bolivien, d’Alianza País en Équateur…) du « socialisme du xxie siècle », le Che est omniprésent dans l’actuelle vague de transformation sociale qui secoue l’Amérique latine, et toujours l’objet d’une bataille politique et idéologique permanente, d’enjeux historiques et mémoriels ô combien actuels, cible enfin d’un révisionnisme pervers.
Pour nombre d’observateurs, surtout européens, le Che serait « de retour » depuis les années 1990, de même que l’expérience cubaine. Les militants latino-américains répondent : il n’est jamais parti ! C’est que l’exemple du « guérillero héroïque », ses analyses de l’impérialisme, sa vision de l’unité continentale, de l’internationalisme, et bien sûr le mythe, sont restés vivaces depuis cette exécution qui le mythifia encore plus. Il est mort en quelque sorte au moment où il devait mourir, pour devenir un symbole. Sa force propulsive demeure intacte, imprégnée certes de romantisme, mais surtout de germes d’autres mondes possibles. Le souvenir du Che pousse des millions d’hommes à résister, à « utopiser ». On assiste depuis une quinzaine d’années en Amérique latine à un retour des utopies émancipatrices, à une critique renouvelée du capitalisme.
Toutefois, influence et omniprésence n’impliquent nullement modèle à appliquer, ni aveuglement, ni suivisme ; au contraire, elles nécessitent une lucidité critique, notamment à propos de l’échec de la lutte armée révolutionnaire des années 1960 et 1970. Nous allons donc essayer de remettre en perspective la pensée du Che, sa pratique, et les confronter aux défis d’aujourd’hui, de comprendre en quoi elles peuvent s’inscrire dans les grandes problématiques actuelles. Pourquoi le symbole reste-t-il si fort ? Pourquoi demeure-t-il un référent de résistance ? Un changeur de monde ?
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