L’idéologie est partout, le mot est si galvaudé que le concept s’est comme évaporé : on dit qu’une grève est idéologique pour éviter de dire qu’elle a d’autres raisons qu’une stricte revendication. On dit qu’une réforme est idéologique pour éviter de dire qu’elle s’inscrit dans la grande reprise en main autoritaire et libérale actuelle.
Ce livre éclaire la notion d’idéologie, tout d’abord en précisant ce qu’elle n’est pas : ni une surface miroitante et trompeuse jetée par-dessus le réel qu’elle masquerait à des spectateurs consommateurs hypnotisés. Ni une superstructure mécaniquement déterminée par sa base économique et sociale, vision qui est celle d’un « marxisme » abâtardi. Isabelle Garo prend le contre-pied de ces interprétations convenues. Elle suit l’évolution de Marx sur la question de l’idéologie – depuis L’Idéologie allemande jusqu’au Capital – et elle en propose la poursuite contemporaine. Cette confrontation passé/présent montre que l’idéologie ne peut pas se définir une fois pour toutes, qu’elle est inséparablement liée aux affrontements et aux conflits d’idées d’un moment, au domaine des luttes et à celui des analyses théoriques. « Il s’agit d’arracher la notion d’idéologie à toute tentative de définition figée et de lui rendre sa capacité à débusquer les contradictions profondes qui reconduisent sans cesse les idées dominantes à l’ensemble d’un mode de production ».
Lire un extrait du livre