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Haïti-Ressources minières : un pays muet au cœur d’une offensive stratégique ?

L’offensive des compagnies minières transnationales, sur les ressources en Amérique Latine et en Haïti, entre dans le cadre de stratégies économiques pour trouver une issue à la crise financière qui frappe le monde depuis 2007.

C’est l’analyse faite par l’économiste Camille Chalmers, qui intervenait le samedi 4 août 2012 a l’espace « Verite sou tanbou », un cycle de conférences-débats mis en place depuis le printemps 2011 sur le journalisme d’investigation et organisé par l’International center for journalism (Icfj), Ayiti Kale Je (Akj) et la Fondation Connaissance et Liberté (Fokal).

Le gouvernement haïtien a affiché sa volonté d’autoriser l’exploitation des ressources minières du pays, estimées à 20 milliards de dollars américains (US $ 1.00 = 43.00 gourdes ; 1 euro = 58.00 gourdes aujourd’hui), alors que des compagnies transnationales – à l’image d’Eurasian Minerals et Newmont Mining – ont déjà entrepris des explorations dans plusieurs zones.

L’inquiétude, soulevée jusqu’ici, concerne les risques pour l’environnement d’Haïti, déjà très fragilisé, et surtout la capacité des autorités haïtiennes à défendre les intérêts de l’État caribéen.

« Des explorations se font depuis plus de dix ans… L’État haïtien ne donne aucune information, ni aucun rapport. Les informations disponibles sont celles figurant, en général, sur le site web de la compagnie », critique Camille Chalmers, secrétaire exécutif de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda) et membre d’un collectif d’organisations réfléchissant, depuis plusieurs mois, sur la question minière en Haïti et l’impact des explorations et exploitations sur diverses communautés en Haïti.

Des journalistes haïtiens et étrangers, au sein du consortium médiatique Ayiti Kale Je – qui ont enquêté sur la question – se sont souvent heurtés à un mur de silence et de refus du côté des autorités haïtiennes.

Lafontaine Orvild, l’un de ces journalistes d’investigation, évoque « une violation du droit à l’information ».

« Lors de notre travail, j’ai été stupéfait par la faiblesse de l’État en ce qui a trait à une surveillance sur les compagnies. En termes de surveillance, l’État haïtien se montre très irresponsable », ajoute Orvild.

A travers les conventions internationales ratifiées par le pays, la législation haïtienne fait obligation à l’État d’accorder des informations aux citoyennes et citoyens, rappelle, pour sa part, l’avocate des droits humains, Maria-Elena Kolovos, collaborant avec un collectif d’organisations haïtiennes pour suivre les activités des mines.

« La citoyenne haïtienne / le citoyen haïtien ont droit à toutes les informations sur les projets qui vont affecter leur communauté. L’État doit avancer dans la transparence, il doit informer le peuple dans un langage facile à comprendre », souligne Kolovos, , le 4 août 2012 à l’espace « verite sou tanbou », lors de son intervention basée sur l’aspect légal de la question des mines en Haïti.

Regarder les activités minières, dans le cadre de droits humains et suivant les lois internationales, est de mise, affirme Kolovos.

D’ailleurs, « les activités des mines en Haïti dépendent de la façon, dont fonctionnent les compagnies mondiales, en particulier canadiennes et américaines. Elles dépendent également de la relation de ces compagnies avec le gouvernement et le peuple haïtien ».

« Il y a beaucoup de lois, liées aux droits humaines et au droit international. On peut déjà voir que les compagnies et l’État haïtien n’ont pas respecté ni suivi ces principes », conclut-elle.

« En ce qui concerne la loi nationale, il y a un grand problème. Un problème, qu’essaient de résoudre maintenant les autorités haïtiennes. Mais, c’est comme s’il n’y avait pas de loi. La loi minière haïtienne date de 1976. Elle n’a pas changé. Une nouvelle loi est dans les cuisines. Mais, personne n’en connait le contenu », déplore Kolovos.

La version vidéo de Ruée vers l’or en Haïti – Kiyès k ap vinn pi rich, une investigation <http://www.alterpresse.org/spip.php?article12936>  de Ayiti Kale Je (AKJ), publiée le 31 mai 2012 et qui a reçu l’attention de milliers de lectrices et lecteurs ainsi que d’auditrices et d’auditeurs au niveau national et international, a été projetée à l’occasion du débat du samedi 4 août 2012.

« A la date du 4 août 2012, il n’y a pas encore  » à ma connaissance » de contrat d’exploitation de ressources minières, délivré par les autorités nationales », argue l’ingénieur-agronome Dimitri Norris, qui soutient avoir intégré le bureau des mines et de l’énergie (Bme) il y a environ 2 mois (juin 2012).

Pendant que Norris déclare ne pas vouloir faire l’apologie de l’actuel gouvernement, il avance que le premier ministre Laurent Salvador Lamothe serait le premier à avoir mentionné, dans sa déclaration de politique générale, les opportunités possibles de l’exploitation des ressources minières en Haïti.

Norris en a profité pour inviter toute personne à se rendre au Bme pour se rendre compte de l’étendue des richesses minières dans la république caribéenne.

Les arguments de Norris n’ont pas semblé convaincre l’assistance, dont plusieurs membres ont fait état de l’extraction, depuis de nombreuses années, de ressources du sous-sol haïtien (onces d’or, iridium, etc.) au profit de particuliers ou de groupes financiers de la République Dominicaine.

L’espace « verite sou tanbou » n’est pas approprié pour donner des informations au grand public sur ce qui se passe en matière d’exploration et d’exploitation de ressources minières en Haïti, fait ressortir une religieuse qui a assiste à la conférence-débat du samedi 4 août 2012.

D’ailleurs, face au tollé provoqué par les manœuvres non transparentes, entourant l’exploration versus l’exploitation des ressources du sous-sol haïtien, Laurent Salvador Lamothe – qui était interrogé récemment par un média nord-américain -, a promis de relever jusqu’à 12 % le taux d’indemnité d’exploitation des ressources minières en Haïti par des compagnies étrangères.

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