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Crise écologique, capitalisme et altermondialisme. Un point de vue éco socialiste

par Michael Löwy

Actuel Marx

2008/2 (n° 44)

La crise écologique planétaire a pris un tournant décisif avec le phénomène du changement climatique. Premier constat : tout s’accélère bien plus vite que prévu. L’accumulation de gaz carbonique, la montée des températures, la fonte des glaciers polaires et des « neiges éternelles », les sécheresses, les inondations : tout se précipite, et les bilans des scientifiques, à peine l’encre des documents séchée, se révèlent trop optimistes. On penche maintenant, de plus en plus, pour les fourchettes les plus élevées, dans les prévisions pour les dix, vingt, trente prochaines années. À cela, il faut ajouter certains dangers, encore peu étudiés, mais qui risquent de provoquer un saut qualitatif en matière d’effet de serre et un dérapage incontrôlable du réchauffement de la planète : les 400 milliards de tonnes de CO2 pour le moment emprisonnées dans le pergélisol (permafrost), cette toundra congelée qui s’étend du Canada à la Sibérie. Si les glaciers commencent à fondre, pourquoi le pergélisol ne fondrait-il pas, lui aussi ? Il existe peu de scénarios du pire, c’est-à-dire une température dépassant les 2-3 degrés : les scientifiques évitent de dresser des tableaux catastrophiques. Mais on sait déjà les risques encourus : montée du niveau de la mer et inondation non seulement de Dacca et d’autres villes maritimes asiatiques, mais aussi de… Londres et New York, désertification à une échelle gigantesque, manque d’eau potable, catastrophes « naturelles » (ouragans, tsunamis, etc.) en série. On pourrait allonger la liste. À partir d’un certain niveau de température – six degrés par exemple – la terre sera-t-elle encore habitable pour notre espèce ? Malheureusement, nous ne disposons pas d’une planète de rechange dans l’univers connu des astronomes.

CRISE ÉCOLOGIQUE ET CHANGEMENT CLIMATIQUE

Qui est responsable de cette situation inédite dans l’histoire de l’humanité ? C’est l’Homme, nous répondent les scientifiques. La réponse est juste, mais un peu courte : l’homme habite sur Terre depuis des millénaires, et la concentration de CO2 a commencé à devenir un danger depuis quelques décennies seulement. En tant que marxistes, nous répondons ceci : la faute en incombe au système capitaliste, à sa logique absurde et irrationnelle d’expansion et d’accumulation à l’infini, à son productivisme obsédé par la recherche de profits. Quelles sont donc les propositions, les solutions, les alternatives proposées par les « responsables », les élites capitalistes dirigeantes ? C’est peu de dire qu’elles ne sont pas à la hauteur du défi. Parfois, elles frisent le ridicule : que dire de la dernière réunion du G8 (juin 2007), cette pompeuse rencontre des puissants de ce monde, qui a solennellement décidé, avec l’accord de George Bush, de l’Union européenne, du Japon et du Canada – les grands pollueurs de la planète – de « prendre sérieusement en considération » la proposition de réduction des émissions de CO2 ? N’est-ce pas formidable ? D’ailleurs, Nicolas Sarkozy s’est bruyamment félicité d’avoir convaincu George W. Bush d’inclure, in extremis, l’adverbe « sérieusement » dans la résolution…[1]

Un autre exemple éclairant : la fonte des glaciers arctiques du Pôle Nord se produit bien plus vite que prévu. Selon les dernières observations scientifiques (octobre 2007), on prévoit leur complète dissolution non plus vers 2050, mais vers 2020 ! Elle risque d’avoir des conséquences dramatiques : d’une part, un effet de feed-back – alors que la glace réfléchissait, comme un miroir, la chaleur solaire, la mer ou la terre l’absorbent, intensifiant ainsi le changement climatique ; d’autre part, le danger, à terme, d’une montée du niveau de la mer submergeant des pays entiers (un risque réel pour les Pays-Bas, selon un rapport de l’Union européenne). Or, que font les gouvernements limitrophes de la région, USA, Russie et Canada ? Ils se disputent, à coups d’expéditions militaires patriotiques, le tracé de leurs zones de souveraineté respectives, en vue de la future exploitation du pétrole qui gît actuellement sous les glaciers…

Et que dire des accords de Kyoto, expression des gouvernements (bourgeois) les plus « éclairés », du point de vue écologique ? Son dispositif central, le « marché des droits d’émission », s’est révélé une opération tragicomique : les quotas d’émission distribués par les « responsables » étaient tellement généreux que tous les pays ont fini l’année 2006 avec d’importants excédents de « droits d’émission ». Résultat : le prix de la tonne de CO2 s’est effondré de 20 euros en 2006 à moins d’un euro actuellement… Mentionnons également le dernier remède miracle, parrainé par Bush et Lula, mais qui intéresse aussi l’Europe : remplacer le pétrole – de toute façon destiné à s’épuiser – par les agrocarburants. Les céréales ou le maïs, plutôt que de nourrir les peuples affamés du Tiers-monde, rempliront les réservoirs des voitures des pays riches. Selon la FAO (Food and Agriculture Organisation) des Nations unies, les prix des céréales ont déjà considérablement augmenté, à cause de forte demande des agrocarburants, vouant à la faim des millions de personnes des pays pauvres. Sans parler du fait que la production de ces carburants, qui exige des fertilisants, des pesticides, etc., risque de produire autant de CO2 que les énergies fossiles.

GRANDEUR ET LIMITES DE L’ÉCOLOGIE

La grande contribution de l’écologie a été – et est encore – de nous faire prendre conscience des dangers qui menacent la planète en raison de l’actuel mode de production et de consommation. La croissance exponentielle des agressions à l’environnement et la menace grandissante d’une rupture de l’équilibre écologique configurent un scénario-catastrophe qui met en question la survivance même de la vie humaine. Nous sommes confrontés à une crise de civilisation qui exige des changements radicaux.

Le problème est que les propositions avancées par la plupart des ONG et par les courants dominants de l’écologie politique européenne sont très insuffisantes ou aboutissent à des impasses. Leur principale faiblesse est d’ignorer la connexion nécessaire entre le productivisme et le capitalisme, ce qui conduit à l’illusion d’un « capitalisme propre » ou de réformes capables d’en contrôler les « excès » (comme par exemple les écotaxes). Ou alors, prenant comme prétexte l’imitation, par les économies bureaucratiques de commandement, du productivisme occidental, ils renvoient dos-à-dos capitalisme et « socialisme » comme des variantes du même modèle – un argument qui a beaucoup perdu de son intérêt après l’écroulement du prétendu « socialisme réel ».

Les écologistes se trompent s’ils pensent pouvoir faire l’économie de la critique marxienne du capitalisme : une écologie qui ne se rend pas compte du rapport entre « productivisme » et logique du profit est vouée à l’échec – ou, pire, à la récupération par le système. Les exemples ne manquent pas… L’absence d’une posture anticapitaliste cohérente a conduit la plupart des partis Verts européens – France, Allemagne, Italie, Belgique – à devenir de simples partenaires « éco-réformistes » de la gestion social libérale du capitalisme par les gouvernements de centre-gauche.

Considérant les travailleurs comme irrémédiablement voués au productivisme, certains écologistes font l’impasse sur le mouvement ouvrier, et ont inscrit sur leur drapeau : « ni gauche, ni droite ». Des ex-marxistes convertis à l’écologie déclarent hâtivement « adieu à la classe ouvrière » (André Gorz), tandis que d’autres (Alain Lipietz) insistent sur la nécessité de quitter le « rouge » – c’est-à-dire le marxisme ou le socialisme – pour adhérer au « vert », nouveau paradigme qui apporterait une réponse à tous les problèmes économiques et sociaux.

L’ÉCO SOCIALISME

Qu’est-ce donc que l’éco-socialisme ? Il s’agit d’un courant de pensée et d’action écologique qui fait siens les acquis fondamentaux du marxisme, tout en le débarrassant de ses scories productivistes. Pour les écosocialistes, la logique du marché et du profit, de même que celle de l’autoritarisme bureaucratique de feu le « socialisme réel », sont incompatibles avec les exigences de sauvegarde de l’environnement naturel. Tout en critiquant l’idéologie des courants dominants du mouvement ouvrier, ils savent que les travailleurs et leurs organisations sont une force essentielle pour toute transformation radicale du système et pour l’établissement d’une nouvelle société, socialiste et écologique. Ce courant est loin d’être politiquement homogène, mais la plupart de ses représentants partagent certains thèmes communs. En rupture avec l’idéologie productiviste du progrès – dans sa forme capitaliste et/ou bureaucratique – et opposé à l’expansion à l’infini d’un mode de production et de consommation destructeur de la nature, il représente une tentative originale d’articuler les idées fondamentales du socialisme marxiste avec les acquis de la critique écologique.

Le raisonnement éco-socialiste repose sur deux arguments essentiels :

Le mode de production et de consommation actuel des pays capitalistes avancés, fondé sur une logique d’accumulation illimitée (du capital, des profits, des marchandises), de gaspillage des ressources, de consommation ostentatoire et de destruction accélérée de l’environnement, ne peut aucunement être étendu à l’ensemble de la planète, sous peine de crise écologique majeure. Selon des calculs récents, si l’on généralisait à l’ensemble de la population mondiale la consommation moyenne d’énergie des USA, les réserves connues de pétrole seraient épuisées en dix-neuf jours.[2] Ce système est donc nécessairement fondé sur le maintien et l’aggravation de l’inégalité criante entre le Nord et le Sud.

En tout état de cause, la continuation du « progrès » capitaliste et l’expansion de la civilisation fondée sur l’économie de marché – même sous cette forme brutalement inégalitaire – menace directement, à moyen terme (toute prévision serait hasardeuse), la survie même de l’espèce humaine, notamment à cause des conséquences catastrophiques du changement climatique.

La rationalité bornée du marché capitaliste, avec son calcul à court terme des pertes et des profits, est intrinsèquement contradictoire avec une rationalité écologique, qui prend en compte la temporalité longue des cycles naturels. Il ne s’agit pas d’opposer les « mauvais » capitalistes écocides aux « bons » capitalistes verts : c’est le système lui-même, fondé sur l’impitoyable compétition, les exigences de rentabilité, la course au profit rapide, qui est destructeur des équilibres naturels. Le prétendu capitalisme vert n’est qu’une manœuvre publicitaire, une étiquette visant à vendre une marchandise ou, dans le meilleur des cas, une initiative locale équivalente à une goutte d’eau sur le sol aride du désert capitaliste. Contre le fétichisme de la marchandise et l’autonomisation réifiée de l’économie par le néo-libéralisme, l’enjeu de l’avenir est, pour les écosocialistes, la mise en œuvre d’une « économie morale » au sens que donnait E.P. Tompson à ce terme, c’est-à-dire une politique économique fondée sur des critères non monétaires et extra-économiques : en d’autres termes, la « réintrication » de l’économique dans l’écologique, le social et le politique. [3].

Les réformes partielles sont totalement insuffisantes : il faut remplacer la micro-rationalité du profit par une macro-rationalité sociale et écologique, ce qui exige un véritable changement de civilisation[4]. Cela est impossible sans une profonde réorientation technologique, visant au remplacement des sources actuelles d’énergie par d’autres, non polluantes et renouvelables, telles que l’énergie éolienne ou solaire[5]. La première question qui se pose est donc celle du contrôle des moyens de production, et surtout des décisions d’investissement et de mutation technologique, qui doit être arraché aux banques et entreprises capitalistes pour devenir un bien commun de la société. Certes, le changement radical concerne non seulement la production, mais aussi la consommation. Cependant, le problème de la civilisation bourgeoise-industrielle n’est pas – comme le prétendent souvent les écologistes – « la consommation excessive » de la population et la solution n’est pas une « limitation » générale de la consommation, notamment dans les pays capitalistes avancés. C’est le type de consommation actuel, fondé sur l’ostentation, le gaspillage, l’aliénation marchande et l’obsession accumulatrice, qui doit être mis en question.

ÉCOLOGIE ET ALTERMONDIALISME

Oui, nous répondra-t-on, elle est sympathique cette utopie, mais en attendant, faut-il rester les bras croisés ? Certainement pas ! Il faut mener bataille pour chaque avancée, chaque réglementation, chaque action de défense de l’environnement. Chaque kilomètre d’autoroute bloqué, chaque mesure en faveur des transports collectifs, est important, non seulement parce qu’ils ralentissent la course vers l’abîme, mais aussi parce qu’ils permettent aux gens, aux travailleurs, aux individus de s’organiser, de lutter et de prendre conscience des enjeux du combat, de comprendre, par leur expérience collective, la faillite du système capitaliste et la nécessité d’un changement de civilisation.

C’est dans cet esprit que les forces les plus actives de l’écologie se sont engagées, dès le début, dans le mouvement altermondialiste. Cet engagement correspond à la prise de conscience que les grands enjeux de la crise écologique sont planétaires et ne peuvent donc être affrontés que dans une démarche résolument cosmopolitique, supranationale, mondiale. Le mouvement altermondialiste est sans doute le plus important phénomène de résistance anti-systémique du début du XXIe siècle. Cette vaste nébuleuse, cette sorte de « mouvement des mouvements », qui se manifeste de manière visible lors des forums sociaux – régionaux ou mondiaux – et des grandes manifestations de protestation – contre l’OMC, le G 8 ou la guerre impériale en Irak –, ne correspond pas aux formes habituelles de l’action sociale ou politique. Large réseau décentralisé, il est multiple, divers et hétérogène, associant syndicats ouvriers et mouvements paysans, ONG et organisations indigènes, mouvements de femmes et associations écologiques, intellectuels et jeunes activistes. Loin d’être une faiblesse, cette pluralité est une des sources de la force, croissante et expansive, du mouvement. On peut dire que l’acte de naissance de l’altermondialisme a été la grande manifestation populaire qui a fait échouer la réunion de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) à Seattle en 1999. La tête visible de ce combat était la convergence surprenante de deux forces : turtles and teamsters, des écologistes habillés en tortues (espèce en voie de disparition) et des syndicalistes du secteur des transports. La question écologique était donc, dès le début, au cœur des mobilisations contre la globalisation capitaliste néolibérale. Le mot d’ordre central du mouvement, « le monde n’est pas une marchandise », vise aussi, évidemment, l’air, l’eau, la terre, en un mot, l’environnement naturel, de plus en plus soumis à la mainmise du capital.

On peut dire que l’altermondialisme comporte trois moments : 1) la protestation radicale contre l’ordre de choses existant, et ses sinistres institutions : le FMI, la Banque Mondiale, l’OMC, le G-8 ; 2) un ensemble de mesures concrètes, de propositions pouvant être immédiatement réalisées : la taxation des capitaux financiers, la suppression de la dette du Tiers-monde, la fin des guerres impérialistes ; 3) l’utopie d’un « autre monde possible », fondé sur des valeurs communes comme la liberté, la démocratie participative, la justice sociale, la défense de l’environnement. La dimension écologique est présente dans ces trois moments : elle inspire aussi bien la révolte contre un système qui conduit l’humanité à une tragique impasse qu’un ensemble de propositions précises – moratoire sur les OGM, développement des transports collectifs gratuits – ainsi que l’utopie d’une société vivant en harmonie avec les écosystèmes, esquissée par les documents du mouvement. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas de contradictions, résultant aussi bien de la résistance aux revendications écologiques de la part des secteurs du syndicalisme, perçues comme « une menace pour l’emploi », que de la nature bornée et peu sociale de certaines organisations écologiques… Mais une des caractéristiques les plus positives des forums sociaux, et de l’altermondialisme dans son ensemble, c’est la possibilité de la rencontre, du débat, du dialogue et de l’apprentissage réciproque de différents types de mouvements.

Il faut ajouter que la mouvance écologique elle-même est loin d’être homogène : elle est très diverse couvrant un spectre qui va des ONG modérées, habituées aux pressions du lobbying, aux mouvements combatifs investis dans un travail militant à la base ; de la gestion « réaliste » de l’État (au niveau local ou national) aux luttes qui mettent en question la logique du système ; de la correction des « excès » de l’économie de marché aux initiatives d’orientation éco-socialiste. Cette hétérogénéité caractérise d’ailleurs tout le mouvement altermondialiste, même si une sensibilité anticapitaliste prédomine, surtout en Amérique Latine. C’est la raison pour laquelle le Forum Social Mondial, précieux lieu de rencontre – comme l’explique si bien notre ami Chico Whitacker [6] – où différentes initiatives peuvent prendre racine, ne peut pas devenir un mouvement sociopolitique structuré, avec une « ligne » commune, des résolutions adoptées par la majorité, etc. Il est important de souligner que la présence de l’écologie dans le « mouvement des mouvements » ne se limite pas aux organisations écologiques – Greenpeace, WWF, parmi d’autres. Elle devient de plus en plus une dimension prise en compte, dans l’action et dans la réflexion, par différents mouvements sociaux, paysans, indigènes, féministes, religieux (théologie de la libération).

Un exemple frappant de cette intégration « organique » des questions écologiques par d’autres mouvements sociaux est le MST, Mouvement des Travailleurs Ruraux sans Terre du Brésil, qui, avec ses camarades du réseau international Via Campesina, forme un des piliers du Forum Social Mondial et du mouvement altermondialiste. Hostile, depuis son origine, au capitalisme et à son expression rurale, l’agro-business, le MST a intégré de plus en plus la dimension écologique dans son combat pour une réforme agraire radicale et pour un autre modèle d’agriculture. Lors de la célébration du 20e anniversaire du mouvement, à Rio (2005), le document des organisateurs précisait : notre rêve est « un monde égalitaire, qui socialise ces richesses matérielles et culturelles », un chemin nouveau pour la société, « fondé sur l’égalité entre les êtres humains et les principes écologiques ». Cela se traduit dans l’action – souvent en marge de la « légalité » – du MST contre les OGM, qui est à la fois un combat contre la tentative des multinationales – Monsanto, Syngenta – de contrôler totalement les semences, en soumettant les paysans à sa domination, et une lutte contre un facteur de pollution et de contamination incontrôlable des champs. Ainsi, grâce à une occupation « sauvage », le MST a obtenu en 2006 l’expropriation d’un champ de maïs et de soja transgéniques de Syngenta Seeds dans l’État du Parana, qui est devenu le campement paysan « Terre Libre ». Il faut mentionner aussi leur affrontement avec les multinationales de la pâte à papier, qui multiplient, sur des centaines de milliers d’hectares, de véritables « déserts verts », des forêts d’eucalyptus (monoculture) qui assèchent toutes les sources d’eau et détruisent toute diversité biologique. Ces combats sont inséparables, pour les cadres et les activistes du MST, d’une perspective anticapitaliste radicale. Les coopératives agricoles du MST développent, de plus en plus, une agriculture biologique soucieuse de la biodiversité et de l’environnement en général et constituent ainsi des exemples concrets d’une forme de production alternative. En juillet 2007, le MST et ses partenaires du mouvement Via Campesina ont organisé à Curitiba (État du Parana) une Journée de l’Agro-écologie, en présence de centaines de délégués, des ingénieurs agronomes, des universitaires et des théologiens de la libération (Leonardo Boff, Frei Betto). Bien entendu, ces expériences et ces luttes ne se limitent pas au Brésil. On en trouve, sous des formes différentes, dans beaucoup d’autres pays, et pas seulement du Tiers-monde, et elles constituent une partie significative de l’arsenal combatif de l’altermondialisme et de la nouvelle culture cosmopolitique dont il est porteur.

Notes

[1] Le Monde, 9 juin 2007, p. 4.

[2] M. Mies, « Liberacion del consumo o politizacion de la vida cotidiana », Mientras Tanto, n° 48,1992, p. 73.

[ 3] Voir Daniel Bensaïd, Marx l’intempestif, Paris, Fayard, 1995, pp. 385-386,396 et Jorge Riechman, Problemas con los frenos de emergencia ? Madrid, Editorial Revolucion, 1991, p. 15.

[4] Voir Jorge Riechman, « El socialismo puede llegar solo en bicicleta », Papeles de la Fondation de Investigaciones Marxistas, Madrid, n° 6,1996.

[5] Voir David Schwartzman, « Solar Communism », Science and Society, vol. 60, n° 3,1996.

[6] Voir C. Whitaker, « Le défidu Forum social mondial : un autre monde au-delà du capitalisme », Actuel Marx, n° 42,2007.

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