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Comprendre le capitalisme aujourd’hui

Nous assistons depuis les trois dernières décennies à des changements importants dans l’expérience de travail liées à la victoire du néolibéralisme et son assaut multidimensionnelle sur les protections modestes offertes aux travailleurs sous le régime fordiste. Entre autre, nous observons le phénomène de la précarisation croissante du travail. C’est une triste ironie que le mouvement syndical se bat actuellement afin de préserver les vestiges des gains obtenus dans la seconde partie du 20e siècle sous la forme d’avantages sociaux comme les régimes de retraites parrainées par les entreprises, les régimes d’assurance santé supplémentaire, les congés de maladie et les vacances payées, au même moment historique où le fondement de ces protections, c’est à dire l’emploi stable à plein temps, est en train de s’écrouler et le 9 à 5 cède la place à la main d’œuvre « juste à temps ».

Le virage vers le travail dit « non-standard » « a-typique » ou « hors normes » qui inclut le temps partiel (moins de 30 heures par semaine selon la définition de Statistiques Canada), le travail contractuel, le travail temporaire, le travail saisonnier et le travail à la pige est en grande mesure le résultat d’une quête de la flexibilité — un euphémisme pour l’érosion des emplois stables et des avantages sociaux qui y sont associés — parmi les entreprises dans tous les pays hyper développés. Avec la diminution des marges de profit, les grandes entreprises en particulier cherchent de plus en plus de latitude pour ajuster leurs besoins de main-d’œuvre en tout temps et ce pour mieux pouvoir contrôler leurs coûts et investir aussi peu que possible dans la formation. Les engagements à long-terme deviennent une allergie. Les « buzzwords » on les entend partout : adaptabilité, rapidité de réaction, production dégraissée… Au-delà des attaques sur les avantages sociaux des travailleurs syndiqués, l’expansion du travail atypique est un moyen important pour les employeurs de réduire les coûts salariaux et sert en même temps de stratégie pour discipliner les travailleurs établis Et ce  phénomène ne se limite pas au secteur privé : il se produit dans le secteur public avec la sous-traitance et la privatisation des services.

L’emploi atypique est quasiment synonyme d’emploi précaire non seulement parce que celles et ceux qui font le travail hors-normes (à forte proportion les femmes, les immigrants et les jeunes) touchent souvent à un salaire relativement faible et ont beaucoup moins de sécurité par rapport à la permanence de leurs emplois, mais aussi parce qu’elles ont, de façon générale, moins d’accès aux avantages sociaux allant de régimes de retraite au congé parental.

Les estimations de l’étendu du travail atypique au Canada varient selon les définitions et les chercheurs, mais on le mesure généralement comme étant à plus du tiers des emplois actuels. Dans ma conférence pour l’Université de l’été des Nouveaux Cahiers du socialisme, je propose d’analyser le phénomène du travail atypique plus en détail, en jetant un coup d’œil aussi à une tendance récente dans les mutations de travail — les stages non-rémunérées, qui frôlent les frontières de l’esclavage contemporaine — et je tenterai de résumer quelques débats clés entamés sur ce thème dans la littérature de gauche.

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