Les médias ont rapporté l’humiliante défaite de Berlusconi lors des élections municipales de dimanche dernier en Italie. Très peu ont cependant parlé de Giuliano Pisapia, le gagnant à Milan (deuxième ville du pays), et qui est une personnalité de la gauche, qui s’est illustré en dehors des grands partis (y compris du parti de centre-gauche, le Parti démocrate),. Celui-ci est devenu tellement populaire à Milan que le PD a été forcé d’appuyer ce candidat « outsider » finalement. Il a pu l’emporter sur l’ex-maire pro Berlusconi par une marge importante. D’autres candidats venant des mouvements sociaux et de la gauche l’ont également emporté à Naples, Bologne, Turin. À Milan, la droite a essentiellement fait campagne contre les immigrants « voleurs-de-job ».
Pisapia, un avocat syndical, a fait ses armes politiquement parlant avec le Parti de la refondation communiste (Rifondazione), qui avait tenté (et échoué) de constituer un grand parti de gauche arc-en-ciel durant la dernière décennie. Sa campagne s’est fait contre le bilan désastreux de l’administration pro-Berlusconi, mais aussi pour les droits des immigrants, la défense des services publics, le transport en commun. Tout au long de la campagne électorale, les grands médias lui ont fait une sale job en le traitant d’ultra radical, de rêveur, etc. On a aussi raconté qu’il allait construire des mosquées, qu’il allait transformer Milan en un nouveau « Stalingrad », et quoi d’autres encore ?!?!? En Italie, les médias sont largement contrôlés par le clan Berlusconi.
En fin de compte, le programme de Pisapia a été endossé dans les quartiers ouvriers et populaires, mais aussi au sein des classes moyennes du centre-ville. Les électeurs ont basculé en sa faveur, notamment par ses dénonciations de l’impitoyable système de corruption qui traverse l’administration municipale (et l’ensemble de la gouvernance en Italie).
Selon Il Manifesto (le grand journal progressiste), la victoire de Pisapia démontre que seule la gauche est en mesure de vaincre Berlusconi. Le PD (ancien parti communiste) a glissé vers le social-libéralisme ces dernières années. Les électeurs de gauche sont désabusés, le nombre d’abstentions a augmenté considérablement rendant possible la percée de la voyoucratie. Reste à voir si ces avancées municipales se concrétiseront à une plus grande échelle dans la prochaine période. En Italie comme en France, la gauche dispose d’appuis sociaux considérables, d’un réel enracinement dans les luttes et d’un fort réseau intellectuel et politique. Cela peut faire la différence.