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Un peu de rouge dans l’arc-en-ciel

Les élections municipales démontrent la montée d’une gauche arc-en-ciel au Québec. Et non seulement à Montréal, mais aussi à Longueuil, Sherbrooke, Saguenay et plusieurs autres sites. À Montréal, cette gauche pluraliste couvre un grand Spectrum politique, de l’ancienne social-démocratie (héritée du RCM), jusqu’à des secteurs populaires radicalisés et des écologistes en passant par de larges franges des couches moyennes et populaires. C’est en gros le même territoire qui est investi par Québec Solidaire.

C’est une bonne nouvelle.

Il faut admettre que, sur la scène politique électorale, c’est le seul moyen de faire sa marque, en bonne partie à cause du système politique antidémocratique que le Québec a hérité de la tradition britannique. Le but est cette politique réactionnaire est de baliser la politique sur une pseudo alternance ente la droite-droite et le centre-droit, comme on le constate au Canada, aux États-Unis et ailleurs.

Briser cette pseudo démocratie par une alliance centre-gauche est donc un exploit.

Évidemment, il y a un coût à payer pour cela du point de vue d’une gauche écosocialiste. Le programme de l’arc-en-ciel dilue énormément le projet d’une transition complexe promue par cette gauche. Les objectifs sont rétrécis, généralement, et limités à mieux gérer le statu quo, à l’humaniser, à réaliser quelques réformes nécessaires mais en les éloignant d’une perspective de transformation à plus long terme.

Aussi, il faut être réaliste. Se présenter sous une bannière explicitement écosocialiste ne sert pas à grand-chose, si ce n’est qu’à brandir un drapeau. Pour entrer sur la scène électorale politique, il n’y a d’autre choix que de se localiser au sein de l’arc-en-ciel, quitte à devoir exercer un constant et ardu devoir de vigilance.

Cependant, la présence de la gauche ne peut se limiter à cela. Le chemin est alors celui des mouvements populaires, des luttes populaires, de la construction d’une nouvelle culture politique. En ces temps incertains, on sent qu’il y a un appétit pour sortir des sentiers battus. Comme le disaient les jeunes dans les rues récemment, « le problème n’est pas le climat mais le capitalisme » !

Entre la scène politique, surtout quand elle est dominée par le centre-gauche, et les mouvements de base, il y a un va-et-vient (généralement, les mouvements vont appuyer le centre-gauche), mais aussi des confrontations.

Les mouvements peuvent et doivent pousser fort. Dans le cas de Montréal, les appels de Valérie Plante à s’occuper de la crise du logement n’auraient probablement pas pris la place importante de ce dossier chaud, comme on l’a constaté dans la campagne électorale, si cette poussée par en vas n’était pas survenue. Ce sont les luttes et les revendications de mouvements combatifs comme le FRAPRU et le Comité d’action populaire de Parc-X qui ont mis cette grande cause au-devant de l’agenda. Les promesses de Valérie Plante sont justement cela, des promesses, dans un contexte où l’administration de Projet Montréal devra naviguer avec le déficit budgétaire, le lobby des promoteurs, l’étalement urbain et tant d’autres facteurs qui vont, comme à l’habitude, diluer des promesses généreuses.

Alors on voit comment le jeu politique s’exécute réellement. La scène politique électorale, avec les contraintes évoquées plus haut, n’est pas le seul terrain de la lutte. Certes, élire des partis progressistes est mieux que le contraire. Mais si on veut aller plus fondamentalement dans la « grande transition », c’est la force, la détermination, l’ancrage et la clarté stratégique des mouvements populaires qui sont le facteur principal.

Dans les arc-en-ciel du centre gauche, il ne faut pas oublier ce « petit » carré rouge qui vient d’en bas et qui souvent change vraiment les choses.

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