Un bilan catastrophique

À deux semaines des élections fédérales qui se tiendront le 2 mai prochain, et à l’instar de la CSN, le Conseil central du Montréal métropolitain–CSN appelle ses membres à voter pour des candidatures ayant le plus de chance de chasser les conservateurs du pouvoir.

Plusieurs éléments justifient cette position. « Les dérives et les frasques antidémocratiques de ce gouvernement font frémir », s’est insurgé le président du conseil central, Gaétan Châteauneuf, qui a fait l’énumération de quelques-unes de ses inconduites : prorogation à deux reprises du Parlement ; interdiction au personnel des ministères de comparaître devant les comités parlementaires ; contrôle absolu sur les relations de presse ; négociations secrètes d’ententes commerciales avec différents pays (Colombie, UE) ; refus de sanctionner la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, sur la question de la subvention de l’Agence canadienne de développement internationale (ACDI) pour l’organisme Kairos et Tutti Quanti. 

En matière de droits humains, il faut rappeler, entre autres, que le Canada est l’avant-dernier pays à avoir appuyé la Déclaration sur les droits des peuples autochtones, un texte pourtant adopté par 143 États à l’assemblée générale des Nations Unies le 13 septembre 2007. « C’est une véritable honte, s’est indigné le président du conseil central. En plus, il a fallu attendre trois ans pour que le Canada ratifie enfin cet important texte, et cela ne s’est fait que le 12 novembre dernier. »

Sur le plan des droits des femmes, il y a aussi matière à grande inquiétude. Depuis qu’ils sont arrivés au pouvoir, les députés conservateurs multiplient les projets de loi privés contre le droit à l’avortement (C-291, C-338, C-537, C-543, C-484 et le dernier en lice, C-510, battu en décembre 2010). Encore récemment, le gouvernement Harper décidait d’exclure les services d’avortement du plan du G20 sur la santé maternelle et infantile, niant du même coup le fait que des milliers de femmes dans le monde meurent chaque année des suites d’un avortement pratiqué dans de mauvaises conditions.

Signalons également les compressions de 43% dans le budget de fonctionnement de Condition féminine Canada (entre autres, 12 des 16 bureaux régionaux de l’organisme ont été fermés un peu partout au pays), les changements aux critères de financement des organismes de femmes, l’annulation du Programme national d’investissement dans les services de garde, l’adoption d’une loi sur l’équité salariale qui oblige les femmes à présenter, seules, leurs plaintes sans l’aide de leur syndicat, sous peine d’amende pour ce dernier.

Il faut aussi souligner les positions ultra conservatrices de ce parti, notamment en ce qui a trait au registre des armes à feu que son chef a promis d’abolir s’il décrochait une majorité le 2 mai prochain. Concernant l’assurance-emploi, le gouvernement fédéral s’est emparé, en juillet 2010, de la réserve de 57 milliards de dollars constituée des cotisations excédentaires des employeurs et des employé-es de 1996 à 2009. Un autre véritable scandale national !

Le bilan environnemental du gouvernement Harper est également déplorable. En effet, le Canada s’est opposé à l’adoption d’une résolution de l’Organisation des Nations Unies reconnaissant l’accès à l’eau comme étant un droit fondamental. De plus, il revient sur ses engagements à titre de signataire du Protocole de Kyoto : non seulement pour ce qui est des taux d’émissions de gaz à effet de serre, mais également en permettant le développement sans contrainte de l’industrie des sables bitumineux dans l’ouest canadien.

D’autre part, si les conservateurs favorisent de façon éhontée l’ajout de budgets pour la Défense nationale, rien ne se fait en revanche pour sortir de la pauvreté et de la précarité une partie importante de la population. Selon Campagne 2000, près d’une personne sur dix, y compris un enfant sur dix, vit encore dans la pauvreté ! Et cette situation est pire chez les communautés autochtones puisque dans ce cas, c’est un enfant sur quatre qui grandit en situation de pauvreté.

En matière de relations de travail, au fédéral, aucune législation n’interdit l’utilisation de travailleurs de remplacement : les briseurs de grève. « Il est grand temps qu’un gouvernement fédéral adopte enfin une réglementation permettant de meilleures relations de travail au pays grâce à une véritable loi anti-scabs, a conclu Gaétan Châteauneuf. Pour toutes ces raisons, le 2 mai prochain, il faut chasser les conservateurs du pouvoir! »

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