Nous ne pouvons pas parler du futur de la gauche au Québec sans réfléchir à son passé pour la simple raison que le futur est lié au passé, et au présent. En effet, il y a un véritable fossé entre les idées qu’épousent la nouvelle génération de militants et celles de la dernière génération.
Par David Austin
Pour prévoir la direction que le changement social prendra dans l’avenir, il faut rendre compte des forces et des faiblesses, en pratique ou en théorie, des mouvements qui l’ont précédés.
L’histoire de la gauche québécoise doit inclure les mouvements sociaux et les groupes de diverses origines et ethnicités. Cette histoire ne peut négliger, ni la contribution des Premières Nations dans leur lutte pour la justice au Québec, ni la lutte et la rébellion des populations noires d’origine africaine qui ont lutté contre l’esclavage avec les Autochtones dès le 16ieme siècle. L’histoire de la gauche québécoise doit aussi inclure les divers mouvements de libération à travers le monde qui ont eu une influence importante à Montréal dans les années soixante et soixante-dix (Chile, Vietnam, Afrique, les Antilles, etc.).
Aucun mouvement social ne peut avancer sans une bonne compréhension de l’apport et de la participation active des communautés québécoises qui ne sont pas d’origine française. Ce point est particulièrement vrai pour la ville de Montréal.
La ville de Montréal a joué un rôle très important dans le mouvement social qui ont bouleversé le monde dans les années soixante et soixante dix. Ce rôle n’était pas activement ni consciemment apprécié par les Québécois – et par Québécois, je parle bien de tous les gens qui habitent ici au Québec.
Dans les années soixante et soixante dix, les pensées des Martiniquais Frantz Fanon et Aimé Césaire, d’Albert Memmi de Madagascar, et d’Amilcar Cabral de Guinée Bissau ont eu une influence politique et intellectuelle immense sur la gauche québécoise française et la gauche québécoise en général. Ce fait n’est pas suffisamment documenté dans les annales de l’histoire du Québec.
En plus, le mouvement de Black Power aux Etats Unis, les mouvements pour la libération de l’Algérie et du Vietnam, les mouvements d’indépendance en Afrique et la révolution cubaine ont aussi été sources d’inspiration pour la gauche québécoise dans les années soixante et soixante-dix. Ces deux points sont aussi mal appréciés par la gauche québécoise et ne sont pas inclus dans les annales de l’histoire du Québec.
La politique, c’est un mode de vie, une vocation et un processus. La liberté ne peut pas être atteinte sur les bancs des universités.
Les philosophes, les professeurs, etc., ont interprété le monde… mais le but est de le changer et non de l’interpréter. (K. Marx) Évidemment, la théorie et les idées ont un rôle à jouer dans l’avancée de la gauche.
Oui, un nouveau monde, un nouvel ordre global est possible, mais il devra avoir des racines locales liées à une vision et à une application qui tissent un lien sain entre le peuple et leur environnement.