Les récents transfuges politiques nous posent la question, encore une fois, de la nécessité d’une révision en profondeur de nos normes démocratiques parlementaires.
Dans le système électoral uninominal que nous connaissons, la prépondérance du vote des électeurs et électrices se fait d’abord et avant tout en fonction du parti. Il n’y a pas ou peu de place pour le choix d’une candidature en fonction de l’individu. Dans ce contexte le changement d’allégeance politique de François Rebello du PQ tout autant que de Lise St-Denis du NPD est antidémocratique voire même indécent.
Le parti de François Legault nouvellement fondé, se retrouve déjà avec neuf députés ; Éric Caire et Marc Picard qui avaient déserté l’ADQ auxquels s’ajoutent maintenant Gérard Deltell, Sylvie Roy, François Bonnardel et Janvier Grondin, plus les deux ex péquistes Daniel Ratthé et Benoît Charrette auxquels s’ajoute maintenant François Rebello.
Pourtant personne au Québec n’a jamais voté pour ça. Ces neuf députés vont prendre position à l’assemblée nationale en fonction d’un programme pour lequel personne n’a voté. Et dire que les différents gouvernements ont jusqu’à ce jour été opposés à l’intégration de la représentation proportionnelle. On est bien loin du compte avec nos transfuges qui ne représentent maintenant qu’eux-mêmes. S’ils avaient un peu d’intégrité, ils devraient démissionner et se représenter sous leur nouvelle bannière.
Le cas de François Rebello est particulièrement révélateur. Élu sur un programme souverainiste, il rejoint un parti qui prétend que la question nationale est sans fondement. Le cas des députés adéquistes est tout aussi particulier. Leur parti s’est sabordé et a fusionné avec la CAQ sans même tenir de congrès. Belle conception de la démocratie ! Ce sont ces gens, qui refusent le droit élémentaire à la population du Québec à une réelle représentation démocratique à l’assemblée nationale, qui s’arrogent le droit confortable de changer de bateau quand bon leur semble, ce sont eux qui prétendent nous représenter et gouverner en notre nom.
La collusion d’anciens ministres avec des compagnies qui œuvrent dans le domaine où ils avaient juridictions est également symptomatique. Nathalie Normandeau vient d’être nommée vice-présidente au développement stratégique de Raymond Chabot Grant Thornton. À ce titre elle pourrait, sous certaines réserves, conseiller des minières intéressées par le Plan Nord. Avant elle l’ex ministre de la santé Philippe Couillard, joignait le fonds d’actions Persistance Capital Partners propriétaire des cliniques Medisys dans le but avoué d’accroitre l’offre de soins médicaux privés au Canada, à peine deux mois après avoir quitté ses fonctions de ministre. Il n’y a qu’un pas à faire pour comprendre que le lien des entreprises privées avec le gouvernement va beaucoup plus loin que le simple lobbying. Comment ne pas comprendre que ces liens existaient déjà alors que ces ministres étaient au gouvernement. Ajoutons le comportement non moins scandaleux du député Tony Tomassi, et de ses liens familiaux avec les entreprises privées de service de garde et le tableau est complet.
Il y a quelque-chose de pourri dans le royaume du système gouvernemental et parlementaire. Une transformation en profondeur s’impose avec urgence afin qu’une réelle démocratie puisse s’exercer. Un Québec souverain, où la population aura le plein contrôle de ses institutions, ne pourra se réaliser qu’à ce prix.