En 2011, le Forum Social Mondial retourne en Afrique. Après Bamako (Mali) en 2006 et Nairobi (Kenya) en 2007, c’est au tour de la capitale du Sénégal, Dakar, d’accueillir le FSM du 6 au 11 février 2011. Mettant l’accent sur l’histoire des résistances et des luttes des peuples africains, le FSM 2011 devrait parvenir à créer une interface utile entre les luttes globales et les stratégies communes en Afrique, au Sud, et dans le reste du monde.
Le Forum de 2011 sera organisé dans un contexte mondial marqué par la crise profonde du système néolibéral, symbolisé surtout par l’effondrement du fondamentalisme de marché illustré par la crise financière internationale. Celle-ci avait été précédée par la crise alimentaire mondiale qui a ajouté des millions de personnes à la liste déjà longue de celles qui souffrent chroniquement de la faim, estimées à plus d’un milliard selon la FAO. Les changements climatiques sont venus exacerber toutes ces crises et aggraver les menaces qui pèsent sur la planète. Le Forum Social Mondial de Belém de 2009 avait souligné les préoccupations du mouvement altermondialiste sur cette question. Toutes ces crises sont le reflet de l’essoufflement du système capitaliste dont la crise de légitimité s’approfondit chaque jour un peu plus. Tous les mythes fondateurs du capitalisme, tels que le «libre-marché», le «libre-échange», les marchés «auto-régulateurs», sont partout remis en cause, y compris dans les pays capitalistes.
Le retour du FSM en Afrique peut être interprété comme un message à la fois idéologique et politique. Sur le plan idéologique, les acteurs du FSM semblent lancer un défi au système néolibéral et à ses instruments, notamment la Banque mondiale, le FMI et l’OMC, pour leur signifier qu’ils vont les affronter en Afrique, considérée comme l’un des points faibles dans la résistance aux politiques néolibérales.
Le retour du FSM en Afrique est sûrement l’expression d’une solidarité active du mouvement social international avec les luttes des mouvements sociaux et des peuples africains. Ce soutien est d’autant plus bienvenu que l’Afrique risque de payer un lourd tribut à la crise actuelle du capitalisme. En effet, déjà affaiblis par les programmes d’ajustement structurel des années 1980 et 1990, les pays africains seront confrontés à de nouveaux défis de développement encore plus complexes (diminution de l’aide internationale, exode et migration des jeunes).
Le FSM 2011 donnera également une grande importance aux relations Sud-Sud. En effet, l’un des traits marquants du début du 21ème siècle est la montée du Sud comme acteur majeur sur la scène mondiale. La crise du capitalisme mondial, l’influence grandissante de certains pays du Sud, les développements politiques en Amérique latine et les résistances notées en Afrique contre les Accords de partenariat économique (APE), tout cela montre que les puissances occidentales ne peuvent plus imposer aussi facilement leur agenda au reste du monde. Le FSM 2011 se tiendra sur le campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar qui a une capacité d’accueil de 60 000 personnes.
Piur ceux et celles qui sont intéressé-es
Plusieurs délégations québécoises s’organisent pour participer à cet événement d’envergure mondiale. Les YMCA du Québec et UNIALTER accompagnent une délégation de plus de 50 personnes composées d’étudiants et de membre de la société civile (pour en savoir plus et suivre leurs activités via Internet : http://www.quebecfsm2011.blogspot.com/). Seront aussi présents des personnes d’Alternatives, de l’Université du Québec à Rimouski, du Réseau Outaouais de solidarité internationale, de la CSN et plusieurs autres représentant de syndicats, ONG et associations québécoises… En tout, plus d’une centaine de québécois prendront part au FSM de Dakar. Pour ceux qui ne pourront se déplacer à Dakar, plusieurs activités sont prévues à Montréal
(Extrait du Bulletin du Forum social québécois, janvier 2011, http : //forumsocialquebecois.org)