AccueilX - ArchivesGauche / Mouvements sociauxUne question de vision syndicale

Une question de vision syndicale

Il y a quelques semaines, Michel Arsenault accordait une entrevue au journal Rue Frontenac.com (6 octobre 2010) dans laquelle il définissait son rôle comme celui d’un banquier et de chef syndical. Mais à l’entendre on a souvent l’impression que le président de la FTQ est plus le dirigeant du Fonds de solidarité que de la FTQ et plus préoccupé des rendements financiers, que de la solidarité syndicale.

Lors de cette entrevue il a déclaré que le lock-out au Journal de Montréal serait déjà chose du passé si le Fonds de solidarité FTQ était devenu partenaire avec Quebecor. Insinuant probablement que le partenariat financier aurait pu conduire Péladeau à de meilleurs sentiments. Il a tout de même dit ça à un représentant du journal des lock-outés qui se battent depuis 21 mois. Rappelons-nous que l’intention manifestée par le fonds FTQ de faire équipe avec l’empire Péladeau affichant un des pires dossier de relations de travail avait soulevé l’indignation chez les 253 lock-outés qui s’étaient rendus pour manifester au siège social du boulevard Crémazie, à l’été 2009.

Pierre Karl Péladeau avait déjà tenu en lock-out Vidéotron de (mai 2002 à avril 2003), et le Journal de Québec (avril 2007 à juillet 2008), poussant jusqu’à leur limite la résistance des travailleurs afin d’imposer un maximum de concessions. Ce genre de comportement crée un sillon dans lequel s’insèreront les employeurs qui voudront à leur tour tirer le maximum des travailleurs et écarter les syndicats. Lorsque le dirigeant de la plus grande centrale syndicale au Québec affirme qu’il aurait pu être utile d’investir en partenariat avec un tel individu, cela ne peut rester sans effet.

Dans un article publié dans nos pages en juin 2009 intitulé Syndicalisme ou rendement financier, nous décrivions l’impact que représentait le choix du rendement financier au détriment de la solidarité syndicale.

« Au moment où il devrait travailler à une campagne de valorisation du syndicalisme de résistance à la crise économique, comme l’évoque entre autres le protocole convenu entre la CSN et la FTQ pour le secteur public, Michel Arsenault fait le choix de privilégier les rendements du Fonds de Solidarité au lieu d’appuyer les syndiqués de la CSN en conflit. Comment pourrons-nous maintenant reprocher aux patrons qui coupent des emplois pour rationaliser leur entreprise ou qui déménagent leur production dans des endroits où les salaires sont plus bas, de ne pas penser de façon humaine et solidaire ? Il y a fort à parier en tout cas que le gouvernement québécois saura retenir la leçon au moment des négociations. »

Dans un contexte d’intensification du discours néolibéral et de réorganisation de la droite, le patronat et les instances gouvernementales tentent de morceler le mouvement syndical afin d’imposer leurs conditions. Ils exigent des reculs profonds, comme en font foi la résurgence des clauses orphelines. Le président du comité des jeunes FTQ, Dominic Lemieux, affirme que de plus en plus d’employeurs réclament des concessions qui n’auront des impacts que sur les gens qui ne sont pas encore à l’emploi, par exemple en ce qui a trait au régime de retraite et aux avantages sociaux.

À Postes Canada par exemple, la direction a déposé à la table de négociation des demandes exigeant que les futurs employés et employées ne soient pas admissibles au régime de retraite à prestation déterminée, mais participent plutôt à un régime de retraite à cotisations déterminées et touchent, en commençant, un taux de salaire inférieur au taux de départ actuel. C’est du jamais vu dans ce secteur.

On ne convaincra pas le patronat. Notre avenir dépend de notre capacité à nous mobiliser, à contrer le discours patronal selon lequel les travailleurs doivent se serrer la ceinture, et à unifier le mouvement syndical dans la lutte pour le droit au travail, à un salaire décent et équitable pour tous et toutes, et à des conditions de travail humaines et sécuritaires.

Articles récents de la revue

L’Université ouvrière de Montréal et le féminisme révolutionnaire

L’Université ouvrière (UO) est fondée à Montréal en 1925, sous l’impulsion du militant Albert Saint-Martin (1865-1947). Prenant ses distances avec la IIIe Internationale communiste, l’Université...