Pendant des années, nous avons senti le vent de la droite nous souffler dans le dos, et nous avons craint l’arrivée au pouvoir des idées conservatrices qui, disions nous, allaient faire reculer nos droits. Aujourd’hui, il ne s’agit plus d’une simple inquiétude. La droite s’est installée au pouvoir et même dans certains médias. Les effets néfastes de cette droite sur la qualité de vie des femmes ne sont plus à démontrer. Depuis 2004, le Canada ne cesse de reculer dans les index internationaux d’égalité, passant du 7e rang au 25e rang en 2009, selon l’indice d’inégalité entre les sexes établi par le Forum économique mondial. Cette dégringolade n’est pas le fruit du hasard, c’est le fait d’orientations antiféministes.
La FFQ, n’échappe malheureusement pas à ce mouvement de droite, et vit actuellement d’importantes crises qui doivent êtres prises très au sérieux, car elles menacent notre survie même.
Crise financière : perte de plus du tiers de notre budget annuel
Aujourd’hui, la droite morale transforme le visage de notre démocratie en muselant la critique et en privant de subventions les groupes qui défendent d’autres valeurs. Depuis les trois dernières années, la FFQ bénéficiait d’une subvention fédérale de Condition féminine Canada. Cette subvention, qui représentait près du tiers de notre budget annuel, a pris fin le 31 mars dernier. Les règles d’admissibilité à ce programme de subvention ont été modifiées de sorte que les activités de défense des droits ne peuvent plus êtres subventionnées. Ainsi, il y a peu de chance que la FFQ soit admissible à une nouvelle subvention de Condition féminine Canada.
Crise de légitimité : des attaques médiatiques
Depuis quelques années, un antiféminisme s’affiche ouvertement dans certains médias et se traduit par un climat de méfiance envers la FFQ. Il est maintenant permis d’exprimer une certaine hostilité à l’encontre des idées féministes. De plus, les médias se font souvent l’écho d’un discours qui prône l’idée que l’égalité est atteinte et que le féminisme est dépassé. Cette perception est de plus en plus difficile à défaire dans l’opinion publique. Pourtant, toutes les statistiques indiquent que nous avons encore bien du chemin à faire avant de pouvoir affirmer que l’égalité est atteinte. Pensons seulement à l’écart salarial qui perdure entre les femmes et les hommes, sans parler du nombre de femmes présentes (ou absentes) dans les hautes sphères du pouvoir. Néanmoins, la pertinence de nos luttes est souvent remise en question et il n’est pas toujours bien vu d’être féministe de nos jours.
Crise politique : l’enracinement des idées conservatrices
Cinq années de gouvernance conservatrice laissent des traces. Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement Harper a, petit à petit, démantelé plusieurs programmes ou mesures qui visaient les droits des femmes, il a ainsi :
- annulé le programme national de financement des services de garde,
- multiplié les projets de loi remettant en question le libre choix en matière d’avortement et cessé de financer ces services au niveau de l’aide internationale,
- aboli le financement des activités de défense de droits des femmes pour faire taire des voix critiques, fermé 12 des 16 bureaux régionaux de Condition féminine Canada,
- cessé de reconnaître le travail invisible des femmes en supprimant des questions sur le travail gratuit dans le recensement,
- proposé des réformes particulièrement restrictives pour les réfugiées victimes de violence sexiste ou homophobe,
- remis en question le droit à l’équité salariale,
- financé des groupes religieux conservateurs,
- travaillé d’arrache- pied pour abolir le registre des armes à feu, qu’il promet d’abolir s’il devient majoritaire.
Se serrer les coudes
Vous souvenez-vous de ce slogan : « Coude à coude, sans relâche, pas question que les femmes lâchent ! »Il me revient constamment en tête. Car malgré les crises qui nous secouent, je sais que nous pouvons être fortes lorsque nous sommes ensemble. Alors, toutes les fois où je dois me présenter devant les médias ou devant le gouvernement pour défendre les droits des femmes, j’ai cette image de nous toutes, coude à coude, et je sais que nous avons raison de ne pas lâcher.
Nous entamerons dès ce printemps, les États généraux de l’action et de l’analyse féministe, un projet qui sera déterminant pour l’avenir de la FFQ et du mouvement des femmes. Après plusieurs années d’actions et de mobilisations, le moment est venu de faire le point sur nos pratiques, de partager nos analyses et de revoir nos priorités à la lumière de l’évolution du mouvement et de la société. Cela permettra aussi à la FFQ de se repositionner dans l’espace public et d’être mieux outillée pour faire face à la droite économique et morale.
Présentement, toutes les instances de la FFQ sont en action et nous travaillons toutes pour sortir la FFQ de cette mauvaise tourmente. Je ne vous cacherais pas que la FFQ vit des moments de grande fragilité. C’est pourquoi, aujourd’hui, je vous lance ce message si important :
- Aidez la FFQ à résoudre sa crise financière en faisant un don dès maintenant. Votre appui contribuera à renverser l’idée que l’égalité est atteinte et que les organisations comme la FFQ n’ont plus leur raison d’être.
- Convainquez une amie ou un ami de faire un don à la FFQ.
- Participez à la campagne électorale en cours, d’abord en allant voter et en essayant de convaincre votre entourage de voter en faveur des droits des femmes et de la justice sociale.
Ensemble nous pourrons y arriver, coude à coude, nous avons raison de ne pas lâcher!
Merci de votre appui et de votre solidarité,
Alexa Conradi, Présidente