Avec le rapport de la Commission Robillard, tout devient clair. Ce programme est du copier-coller des pitoyables « travaux de l’Institut économique de Montréal et des trois « mousquetaires de l’apocalypse », les ministres Leitão, Coiteux et Daoust. Mais attention, Couillard va dire, « on n’ira pas aussi loin ». Cela permettra aux mercenaires de service d’applaudir sa « modération ».
En réalité, cela commence à brasser dans les coulisses, notamment dans le monde municipal. Il ne faut pas oublier qu’entre les élus municipaux et le PLQ, c’est la grande complicité, pour ne pas dire, la chaise musicale. Par ailleurs, une grande partie du monde municipal est choquée par les mesures bulldozer alors que, dans un grand nombre de villes, il n’y a pas vraiment de gouffre financier. En fin de compte, la réingénierie de Couillard est bien plus qu’une série de mesures pour couper les dépenses. Les pouvoirs « intermédiaires » (municipalités, commissions scolaires, universités, instances régionales), doivent être réduits à rien. Le « modèle québécois », qui impliquait un certain équilibre entre les pouvoirs et également des compromis entre le 1% et le 99%, c’est cela qui est dans la mire. Cette grogne des élites municipales pourrait, à la longue, fragiliser la redoutable machine du PLQ. Ce qui veut dire pour nous : lutter et résister.
La semaine passée, le travail dans les mouvements a été fait selon des méthodes éprouvées. On s’informe, on s’éduque, on se mobilise. On a vu aussi le monde communautaire se mettre en branle avec leurs 240 minutes de grève. Pendant ce temps, les écolos sont sur le sentier de guerre. Par ailleurs, l’annonce des « frais modulés » dans les CPE n’est pas convaincante. Tout compte fait, on ira chercher près de $200 millions dans les poches de ceux qui font partie du 99 % en niant le principe d’une fiscalité juste et équitable. Pour le PLQ et le 1 %, les CPE, il faut les détruire, quitte à y aller à petit feu.
Entretemps, il est probable que le gouvernement impose avant Noël des baillons sur ses projets de loi, notamment la « réorganisation » du secteur de la santé et de la fonction publique, des coupures dans les régimes de retraite. Mais attention : une loi, c’est un acte politique, et non un décret de Dieu. On va être patients, on va accumuler des forces et à la longue, on va défaire ce gouvernement. Et c’est ainsi que se prépare déjà à relancer la mobilisation dès la rentrée de 2015. En réalité, le gros bon sens populaire nous dit que nous sommes dans un marathon et pas dans un sprint. Il faut être stratégiques et garder ses forces.
Les manifs nationales de samedi prochain seront importantes pour marquer cette détermination, sachant que la bataille se fera essentiellement dans la rue. À cet effet, les barrières organisationnelles sont en train de tomber, entre les centrales syndicales d’une part et entre celles-ci et les autres composantes du mouvement social, y compris les étudiant-es, qui restent tellement importants dans l’équation militante. Même si le leadership actuel de la bataille revient aux centrales syndicales, il est impératif de faire converger tout le monde.
Avant, il y a eu le 26 novembre une journée d’action du secteur municipal qui fait aussi partie du processus. Pour autant, nos camarades dans ce secteur interviennent surtout pour défendre leurs membres, ce qui n’a rien d’étonnant, car après tout, c’est cela la job d’un syndicat. Néanmoins, la question des retraites ne concerne pas seulement les fonctionnaires municipaux, les pompiers et les policiers. Non seulement tout le monde syndiqué est visé, mais aussi toute la population qui aura à payer les pots cassés. Ce serait une bonne idée de répercuter davantage ce message. La stratégie de l’État est justement de présenter ces travailleurs et ces travailleuses comme d’horribles privilégiés. C’est ce qu’il disait en 2012 et pourtant, il a perdu. Pourquoi ? Les étudiant-es se sont expliqué. On est sorti des campus, on a fait de grandes virées dans plusieurs régions. On a fait la bataille des idées. On a travaillé sur les médias sociaux. On a évité, jusqu’à un certain point, des « débordements », des « coups de gueule » spectaculaires qui sont souvent utilisés contre le mouvement.
Certes, ces « coups de gueule » sont souvent des réponses normales de citoyen-nes qui en ont marre. Mais vous connaissez l’expression, « la colère n’est pas bonne conseillère ». Rien ne peut être un substitut à la participation consciente et organisée de la plus grande masse, surtout pas des confrontations qui expriment le désespoir plutôt qu’une stratégie bien pensée. Une fois cela dit, on souhaite toute la chance aux camarades qui organisent la journée de perturbation mercredi. Et on se donne rendez-vous samedi prochain.