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Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université de Montréal Nous avons eu raison de faire grève

par Francis Lagacé

Pourquoi ? Parce qu’entre le point de départ et le point d’arrivée, il y a un progrès notable.

La position de l’employeur :

Lorsque nous avons entamé la grève, ce que l’employeur avait mis sur la table, c’était son offre globale du 8 février, dans laquelle il n’était pas fait mention des salaires. En fait, il proposait seulement 2% pour toutes les questions financières. Il y avait une fin de non-recevoir totale et absolue sur la question de la taille des groupes-cours.

On nous avait déclaré que jamais on ne parlerait de telles clauses dans la convention.

La direction voulait prolonger la probation de trois à six cours. Elle permettait à un membre du comité d’évaluation de faire partie du comité d’appel.

L’employeur avait retiré toute limite au nombre de cours donnés par des professeurs retraités.

Sur le statut d’emploi, on se contentait de dire qu’une personne qui travaille quatre jours est en double emploi, ce qui ne signifie rien à notre époque alors que l’on peut faire beaucoup d’heures sur quelques jours ou très peu d’heures sur de nombreux jours.

La direction voulait couper de moitié la prime de départ à la retraite. Il était question de retirer la moitié de son ancienneté à un chargé de cours qui se désiste d’un contrat signé et de le jeter s’il se désistait une deuxième fois.

L’employeur parlait de pouvoir annuler un cours sans pénalité jusqu’à deux semaines avant son début.

Les accompagnateurs et coachs étaient menacés de se retrouver devant l’arbitraire patronal pour ce qui est de l’attribution. La direction voulait que les autres clauses de la convention collective ne s’appliquent pas à eux.

Le comité de santé et sécurité n’avait même pas l’obligation de se réunir.

À la suite de la grève :

Nous avons gagné une meilleure définition du statut de double emploi basée sur l’approche réaliste des heures travaillées.

L’accès général au départ à la retraite a été facilité avec maintien de la prime à la moyenne des cinq meilleures années dans les dix dernières années.

Le renvoi pour désistement n’est pas passé.

La possibilité d’annuler un cours sans paiement forfaitaire a été écartée.

Un membre du comité d’évaluation ne pourra plus faire partie du comité d’appel.

La limite à la réserve des cours des professeurs retraités, cadres, professionnels et stagiaires postdoctoraux a été maintenue à 4 %.

Le salaire sera augmenté de 6,55%, un pour cent de moins que notre demande de rattrapage. Il sera bonifié par les paramètres gouvernementaux, soit un minimum total de 10,05%. Làdessus, il y aura rétroactivité de 3,8% à janvier 2010.

Le comité de santé sécurité se réunira dans les 10 jours à la demande de l’une des parties.

Il y aura un comité décisionnel sur l’attribution d’aide d’auxiliaire d’enseignement. Nous participerons à l’élaboration des politiques à cet égard et nous pourrons établir des seuils et des balises pour décider de l’aide à accorder.

Il y a aussi des gains de nature symbolique dont les effets se feront sentir au cours des années.

Nous avons gagné une meilleure cohésion de nos membres et un renforcement de la base. La direction a perdu de sa crédibilité, et nos membres savent maintenant qui ils doivent croire.

Par ailleurs, la couverture nationale du conflit a fait en sorte que les chargés de cours existent maintenant dans l’imaginaire du public. La prochaine étape consistera à mieux faire connaître nos conditions d’exercices ainsi que notre réalité complexe et diversifiée.

Pour toutes ces bonnes raisons, oui, nous avons vu juste en faisant grève.

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