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Socialisme et néolibéralisme

Le débat d’idée qui prévaut sur la privatisation du secteur public ou sur l’accès à l’éducation pour tous, tient à peu de chose en réalité. Il s’agit de deux conceptions du monde sur les progrès de société.

Le néolibéralisme, avec son penseur vedette, prix Nobel d’économie, Hayek, mise sur le tout au privé. Mais d’où vient ce point de vue pro-capitaliste ? Il origine de la création en 1948, après la guerre où les résistants communistes et autres avaient acquis un grand prestige pour les sacrifices de leur vie qu’ils y avaient engagés, de petits cercles universitaires conservateurs qui voyaient dans la sociale démocratie et le communisme le mal absolu. Ces idées ont finalement culminé quand Reagan et Thatcher les ont reprises à leur compte, mystifiant la classe moyenne sur les méthodes lui permettant de tirer le meilleur parti de sa condition pour améliorer son sort : une adhésion aux valeurs profondes du capitalisme. Ces politiciens de droite ont convaincu bien des « pauvres » de voter cette fois pour les riches qui devaient assurer une prospérité sans fin à l’humanité entière.

Étonnant paradoxe où les subalternes renoncent à leur propre pouvoir pour le servir sur le plateau électoral à leurs  oppresseurs.

Alors, d’un côté le néolibéralisme … Et de l’autre les idées socialistes et communistes, mises en pratiques, que leur victoire sur le nazisme et le fascisme ont popularisées.

Dès avant la guerre, dans les années troublées de 1930 à 1940, le médecin montréalais anglophone, le docteur Norman Béthune, rend visite à l’URSS. Il y constate que la médecine socialisée y est devenu la solution aux problèmes de santé des ouvriers et du peuple soviétique. À son retour au pays, en collaboration avec le parti communiste, il fait des conférences sur son expérience de médecin en contact avec le système de santé publique le plus évolué de l’époque. C’est assez inquiétant pour les classes dominantes pour que la police le suive d’une conférence à l’autre. Ces agents de la réaction prennent des notes sur ceux qui assistent aux conférences de Béthune. Un intellectuel canadien anglais a écrit un livre sur les thèmes qu’aborde Béthune dans ses exposés grâce aux archives des journaux de l’époque … et de celles de la police !

Ces idées d’une médecine accessible, et son pendant en éducation publique, font leur chemin et les sociaux démocrates y voient une opportunité de progrès social et les adoptent pour les mettre en pratique une fois qu’ils sont au pouvoir.

Si ce compte rendu sur l’origine de la médecine publique vous semble simpliste, il n’en résume pas moins une partie de l’histoire du XX ième siècle avec ses composantes communistes que l’on s’acharne à faire oublier … même parfois chez les sociaux démocrate. Cette façon de raconter l’histoire de l’évolution des sociétés tient aux communistes. Le rejet des communistes dans l’opposition  dans plusieurs pays ne change rien à l’affaire. Le rôle joué dans la lutte antifasciste à partir des années trente reste une singularité des communistes et de leur histoire.

Hayek, théoricien du néolibéralisme, reconnaît à la révolution bolchévique de 1917 un rôle sans précédent dans l’histoire même du capitalisme du XX ième siècle qui a été conditionné par l’évolution de la défense du socialisme. Il admet que la Charte des Nations Unies elle-même, que l’on essaie maintenant d’utiliser à des fins impérialistes, a été le fruit de l’influence de cette révolution sans précédent de toute l’histoire du XX ième siècle.

Alors, il est plausible de penser maintenant que sans les idées et les programmes communistes, même la sociale démocratie n’aurait pas connu cette popularité de la conception d’une société en progrès constant … plutôt que d’une société réactionnaire où les droits des travailleurs sont durement attaqués.  Le droit au travail, que les néolibéraux remettent en cause de façon presque maladive, inspirent toutes les contestations de fermeture d’usine ou de coupures de postes dans la fonction publique. Le droit à l’éducation gratuite est lui-même inscrit à la Charte de l’ONU.

Le révisionnisme historique sur ces questions n’a donc rien de banal. Un minimum d’objectivité historique sert les idées même que les communistes ont toujours posé sur leur société : celle d’une sortie de la misère des couches les plus pauvres de l’échelle sociale vers une prise en charge politique des progrès de société par les classes subalterne. Ce à quoi les communistes travaillent au sein de Québec solidaire.

Ainsi les étudiants et les ouvriers prennent-ils en charge ensemble, avec la manifestation à Alma des travailleurs de Rio Tinto, le destin du Québec futur en agissant de plein pied à contester le Québec d’aujourd’hui. Leur émergence comme acteurs politiques de leur propre émancipation, comme salariés ou futurs instruits, met en rage tout l’appareil de publicité des classes dominantes qui ne décolèrent pas, tout effrayés qu’elles sont par le peu de portée des idées et programmes du néolibéralisme. Finalement, l’expérience pratique que les travailleurs et étudiants en font est tout simplement contradictoire avec leurs intérêts immédiats et à long terme.

Ainsi de la base au sommet des institutions de gauche, dont le parti communiste, la riposte au néolibéralisme se développe et prend une proportion historique digne des grands combats de la gauche pour libérer les forces sociales et politiques qui taraudent la société capitaliste. Et qui la « travailleront » de l’intérieur jusqu’à ce que le pouvoir change de main consciemment et radicalement.

Guy Roy

 

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