Selon Françoise David, la situation actuelle de la gauche est paradoxale au Québec. Celle qui partage avec Amir Khadir la tâche de porte-parole pour Québec Solidaire et qui était à l’Université d’été des NCS estime «qu’on a de la difficulté à sentir qu’on est des centaines de milliers de personnes qui veulent changer le monde». De toute évidence constate-e-elle, le mouvement social est résistant : syndicalistes, étudiant-es, sans compter ce qui s’en vient avec les actions de la Marche mondiale des femmes qui commenceront en octobre 2010. Parallèlement, le mouvement écologique mène des luttes constantes et nous pousse à une réflexion en profondeur. «On retrouve aussi des centaines de comités de citoyens qui travaillent dans l’ombre et sans aide de l’État». Même le mouvement syndical, qu’on décrit parfois comme déclinant, annonce le retour du front sociopolitique contre le gouvernement Charest. Elle salue notamment les efforts de la FTQ (syndicalisation des travailleurs agricoles) et de la CSQ (syndicalisation des responsables de garde en milieu familial). Bref, «le Québec est en marche, mais on ne s’en rend pas toujours compte».
Pour David, la gauche doit apprendre à fonctionner différemment. «Ne cherchons pas l’unanimité, c’est impossible. Par contre, il est possible de faire front commun sur des enjeux précis (coalition contre la hausse des tarifs, MMF, mouvement étudiant)». Elle rappelle également que QS n’est pas LA gauche québécoise, mais un acteur de la gauche québécoise. Les temps sont un peu mêlés, certains points de repère (le socialisme dans ses formes antérieures) sont en déperdition. «C’est une période un peu chaotique, un peu éparpillée, mais est-ce si grave, demande David ? Peut-être pas, parce que devant l’urgence, on est capable de se mettre ensemble».