Jeudi 11 août 2016 à 13 h, à l’UQAM DS-2520
Depuis maintenant plusieurs années, les médias de masse privés envahissent les ondes et tout le reste. Le « modèle » vient des États-Unis : du sang, du sexe, des scandales, et partout un discours ordurier contre les organisations populaires et syndicales, contre les intellectuel-les. Au Québec, on connaît le phénomène des « radios X », également l’invasion d’un narratif de droite, souvent masqué comme des « opinions », voire de l’« humour », dans le réseau Québecor, V TV et plusieurs autres. Tout cela nourrit un populisme de droite qui prend diverses formes, dans des réseaux communautaires, des municipalités et des formations politiques de droite et même d’extrême-droite.
Quelles sont les interactions ? Pourquoi les médias-poubelles attirent-ils une grande partie des classes populaires et des jeunes? Que faire pour s’y opposer ? La gauche doit-elle changer ses manières ?
Les intervenants et l’intervenante
Francine Pelletier, journaliste
Donald Cuccioletta, chroniqueur sur les États-Unis
Sébastien Bouchard, syndicaliste
Le populisme de droite en action
Le discours et la pratique de la radio-poubelle sont qualifiés de populistes, car les animateurs qui y travaillent affirment parler au nom du peuple atomisé, désorganisé. Ainsi, les références au « monde ordinaire », au « vrai monde », au « Québécois moyen », à « l’homme de la rue », à « la majorité silencieuse » ou, plus précisément, aux cols rouges (FM 93) ou aux « X » (Radio X) ne supposent pas d’aider ces personnes à s’organiser démocratiquement pour faire entendre leur voix. D’une masse d’auditeurs se forme un groupe d’appartenance prêt à rependre les propos et à suivre les actions annoncées par les animateurs.
Dans une société de consommation où l’implication po¬li¬tique et l’organisation colletive et démocratique sont dévalorisées, le citoyen spectateur et passif es¬père la venue d’un chef, d’un justicier pour confronter l’élite et la remettre à sa place. Ce même citoyen n’a pas conscience que la véritable élite, sujet de son admiration, est précisé¬ment celle qui le maintient dans son rôle de consommateur. Les animateurs jouent en partie ce rôle, tout en maintenant un dis¬cours d’espérance d’un futur grand meneur ou chef qui ferait le ménage. Pour susciter l’adhésion, l’animateur interpelle les auditeurs en reprenant les pré-jugés populaires (non scientifiques ou jour¬na¬lis¬tiques) pour dire que ce sont « les vraies affaires », le « gros bon sens », et ainsi donner du poids à sa propagande.
Le discours populiste de droite de la radio-poubelle pro¬pose une nouvelle identité de culturelle de classe sociale, qui se réfère non pas aux intérêts objectifs concrets et matériels des travailleurs, mais plutôt au mode de vie, à la culture, à l’accent et au style. On propose un modèle culturel de « virilité » basé sur la loi du plus fort, la pollution motorisée, le sport en tant que spectacle et la musique rock. La promotion de la musique et du sport, tout à fait naturelle pour une radio, prendra un caractère po¬li¬tique à plus d’une reprise.
Références
• Un site Internet, Sortons les radios-poubelles : http://sortonslespoubelles.com/les-medias-poubelles-inspirent-les-conservateurs/
• Sébastien Bouchard, « Le populisme de droite en action », Nouveaux Cahiers du socialisme, février 2015, < https://www.cahiersdusocialisme.org/2015/02/02/la-radio-poubelle-le-populisme-de-droite-en-action1/>