Une première semaine de campagne est déjà derrière nous. Mais quoi retenir de cette série de battages médiatiques autour d’annonces lancées à la pièce. Des promesses électorales qui retiennent d’ailleurs à peine l’attention des observateurs et de la population !
Beaucoup de place a surtout été accordée à toutes les questions de corruption et de « crise étudiante ». La santé a tout de même fait l’objet de quelques sorties orchestrées par les partis. La question que soulèvent ces annonces : sommes-nous dans une course visant à déterminer quel parti propose les mesures les plus susceptibles d’améliorer la qualité, la continuité et la sécurité des soins et des services de santé ou dans un concours de popularité entre médecins aspirant au poste de ministre de la Santé ? Est-ce besoin de le rappeler, un candidat vedette, fut-il très bon praticien ou éminent spécialiste, n’est pas une garantie que des changements au système de santé publique du Québec seront réellement apportés pour mieux répondre aux besoins des Québécois-ses.
Mais au-delà de ces aspects de forme, qu’en est-il du fond des promesses lancées ? On a eu droit à quelques statistiques et à des sommes d’argent qui seraient investies pour des mesures éparses à peine expliquées : six-cents millions sur un an pour un médecin de famille par personne; création d’un fonds « Assurance autonomie » pour les personnes âgées ; quelques dizaines de millions de dollars pour des suivis téléphoniques auprès de certaines clientèles ; cinquante-huit millions pour étendre la couverture de soins dentaires aux enfants de 16 ans et moins. Mais qui, comment, où ? Pas un mot, ou presque !
En fait, ce n’est pas surprenant! Après tout, depuis des années, la première préoccupation dans le réseau de la santé et des services sociaux, c’est la gestion du budget! Une philosophie de gestion essentiellement « financière ». Les gestionnaires du réseau se concentrent sur l’atteinte d’objectifs comptables, sans se soucier de la détérioration des conditions de pratique des professionnelles en soins et des impacts sur la dispensation des soins : effectifs insuffisants, instabilité des équipes de soins, recours à la main-d’œuvre indépendante, etc., autant de facteurs qui entrainent épuisement, découragement et dévalorisation chez les professionnelles en soins.
De fait, l’importance de la relation humaine entre la soignante et le soigné est évacuée de l’exercice comptable des gestionnaires. Au-delà du geste qui fait appel à des compétences, à un savoir-faire et à un savoir-être particulier, donner des soins est aussi un geste humain empreint d’émotions et de sentiments. Il est temps d’opérer un virage à 180 degrés en adoptant une approche qui place les besoins de la personne au cœur des choix sur notre système de santé et qui assure aux professionnelles en soins un environnement de travail où elles sont respectées comme personne et comme professionnelle, où leurs compétences sont reconnues et valorisées, où elles disposent des moyens nécessaires pour dispenser des soins et des services de qualité et sécuritaires.
Mais la première étape consiste peut-être à trouver un aspirant au poste de ministre de la Santé qui peut parler de l’importance de la personne humaine au sein du réseau de la santé, qu’elle soit celle qui dispense les soins et les services de santé ou celle qui les reçoit ?