Candidat de Québec Solidaire, Comté de Crémazie
Au moment où les principaux pays industrialisés se dirigent vers une récession, le gouvernement Charest déclenche des élections. Quels sont ses motifs ? Derrière les promesses et les beaux discours une autre réalité nous interpelle.
Par André FRAPPIER
Durant les 5 dernières années, Jean Charest a été l’artisan d’une politique rigoureusement anti travailleurs dont le projet de loi 142 en décembre 2005 a été le point culminant, fixant par décret les conditions de travail et les salaires des employés et employées de la fonction publique du Québec.
La loi spéciale impose les conditions salariales aux 500 000 travailleuses et travailleurs du secteur public québécois, dont deux années de gel, et plusieurs reculs majeurs au niveau des conditions de travail dans une convention d’une durée sans précédant, dans ce secteur, de presque sept années.
On parle ici de la négation de droits syndicaux fondamentaux de près de 30 % des effectifs syndicaux québécois.
Rappelons particulièrement qu’au plan salarial, la loi 142 a limité à un total de 8 % les augmentations des échelles de salaire sur une période de près de sept ans. Il importe de le signaler de nouveau aujourd’hui : ce décret salarial signifie une perte minimale du pouvoir d’achat de 4,86 % pour les deux premières années de cette longue convention collective imposée.
L’effritement considérable de la politique salariale de l’État à l’égard de ses salariés-es et par rapport au marché du travail dans son ensemble combiné à une augmentation de la sous-traitance permise par la loi 31 n’est pas sans conséquences. En dégradant les conditions de travail et les salaires, le gouvernement dégrade également les services publics et ouvre la voie au privé.
Qu’adviendra-t-il, au cours des prochaines années, de la pérennité des services publics, de la capacité d’attraction du secteur public auprès de la main-d’œuvre québécoise dans un contexte de départ massif à la retraite en parallèle à des pénuries probables d’effectifs dans plusieurs titres d’emploi ? Est-ce que ce sont des emplois mal payés que l’on réserve à la jeune relève alors que le gouvernement n’a de cesse d’évoquer l’équité entre les générations ? Pour un gouvernement qui n’attend que l’occasion propice pour engager une opération d’envergure de privatisation des services publics, le décret constituait une suite logique à ses actions antérieures.
En effet, au cours de son premier mandat (2003–2007), le gouvernement Charest a mis en place les conditions nécessaires au développement des PPP en créant l’Agence des partenariats public-privé et en lui confiant l’étude de plusieurs gros projets de partenariat, dont ceux des centres hospitaliers universitaires (CHUM et CUSM).
La mise sur pied d’un groupe de travail sur le financement de la santé, présidé par Claude Castonguay, constitue un autre fait marquant du dernier mandat libéral. Le rapport du groupe de travail, dévoilé en février 2008, favorise une marchandisation accrue des besoins essentiels. Il ouvre la porte à la mixité de pratique des médecins, l’expansion de l’assurance maladie privée, des tarifications et des projets pilotes de gestion privée d’établissements de santé. Malgré une réaction initiale du gouvernement Charest laissant croire au rejet du rapport, on a découvert rapidement qu’au contraire, plusieurs mesures sont mises en chantier : projets d’agences de santé et de services sociaux acheteuses de services, pratiques de gouvernance qui font reculer la participation de la population.
Cet acharnement du PLQ de Jean Charest, depuis la campagne électorale de 2003, contre les organisations syndicales, contre le taux de présence syndicale au Québec, origine du fait que les syndicats sont les principaux obstacles aux visées néolibérales de démantèlement des services publics et d’opération de privatisation. Les promesses de bonification du salaire des infirmières de $3,000 à $8,000 par an, apparaissent donc plus clairement dans ce contexte comme un écran de fumée qui vise à nous faire oublier la stratégie qu’il a mise en place depuis des années. Une solution très à court terme d’ailleurs qui risque de durer que le temps des élections.
En cette période d’instabilité économique beaucoup plus prononcée qu’en 2003, et avec le passé qu’on lui connaît, à quel type de solutions peut-on s’attendre de la part de ce gouvernement? C’est à la lumière de cette réflexion qu’on peut mieux situer la décision de Charest de déclencher des élections maintenant. Il veut s’assurer d’être bien en selle afin de nous imposer ses solutions et reporter les effets de la crise sur les salariés et sur la majorité de la population.
Face à une telle situation, quelles seront les solutions du PQ? Si on se fie aux déclarations de Pauline Marois cette semaine, comment ne pas conclure que ce sera encore nous qui allons écoper. S’il y a un point avec lequel je suis en accord avec madame Marois, c’est que les décisions accompagnant le déficit zéro de 1997 n’étaient pas une erreur en effet. Il faut se rappeler qu’à l’époque Lucien Bouchard menaçait d’adopter une loi d’exception si les négociations n’aboutissaient pas à récupérer 6% de la masse salariale des employés de l’État. C’est dans ce contexte qu’est survenue la mise à la retraite massive de 33,000 employés de l’État, situation qui a perturbé notre système de santé et d’éducation jusqu’aujourd’hui. Pauline Marois avait même imposé son véto afin de freiner l’arrivée de nouvelles infirmières en nursing. Peu après, alors ministre des finances, elle persistait et refusait d’allouer les ressources financières aux universités québécoises pour qu’elles réactivent la formation en sciences infirmières même s’il était su et connu qu’il y avait pénurie. Quelques années plus tard en 1999, elle a fait adopter une loi spéciale forçant le retour au travail des infirmières.
Si le Parti Québécois a été capable d’adopter ces mesures anti sociales et anti syndicales dans une période économique qui ne ressemble en rien à ce qui se dessine à l’horizon, il ne fait aucun doute qu’ils appliqueront la même médecine et dans des proportions surement plus intenses, lorsqu’ils seront confrontés à une récession. Au-delà des promesses mielleuses c’est dans les gestes posés qu’on doit juger de la valeur d’un parti politique.
Fait pour le moins significatif d’ailleurs, ni le Parti Libéral, ni le PQ ne parle vraiment de récession ni de crise économique. Parions qu’au lendemain des élections cela leur servira de prétexte pour justifier un changement de cap.
Dans ce contexte, et à plus forte raison dans une période où les pressions économiques se feront de plus en plus intenses sur l’emploi, le pouvoir d’achat et sur les budgets sociaux, la construction de Québec Solidaire devient donc une nécessité incontournable.
Nous avons besoin d’un parti qui défendra les intérêts de la majorité de la population, nos intérêts, contre cette logique qui protège toujours les biens nantis et les grandes corporations sous prétexte qu’ils créent de l’emploi.
Le Québec souverain que nous voulons, c’est un Québec de justice sociale où les conditions de vie et de travail sont au cœur de nos priorités, où les services publics passent avant les profits, une société inclusive et sans discrimination, une société où l’économie est planifiée et règlementée, où la survie de notre planète doit déterminer nos choix de société, un Québec solidaire avec les peuples du monde et qui milite pour la paix.
C’est pourquoi je me porte candidat dans Crémazie et j’entends y mettre toutes mes énergies!
19 novembre 2008