Le Bateau de la Liberté II s’apprête à prendre le large d’ici jeudi ou vendredi. Les mobilisations des salariéEs des ports et les débardeurs ralentit le processus mais ne devrait pas l’interrompre selon les organisations syndicales concernées qui ont assuré leur collaboration. Les pressions exercées par Israël sur le gouvernement grec feront-elles effet ? Et des tentatives de sabotage sont signalées ce mardi matin sur le Louise-Michel, un des bateau affrété. En guise de préambule à cette mission de solidarité internationale, nous vous offrons une lettre ouverte des deux déléguées québécoises.
Depuis maintenant cinq ans, Israël impose un blocus illégal sur la bande de Gaza, une région déjà isolée des autres territoires de la Palestine transformée par l’occupation et la colonisation israéliennes en îlots séparés les uns des autres et sans contiguïté territoriale. Ce blocus se traduit par une impossibilité pour la presque totalité des 1,6 million de Palestiniens et Palestiniennes habitant la bande de Gaza de sortir des murs de cette région, par l’interdiction de pêcher au-delà de 3 milles marins, par des attentats ciblés, par des punitions collectives comme les destructions de maisons et le vol de terres et, évidemment, par une insuffisance de biens essentiels : matériel médical, produits alimentaires, matériaux de construction, fournitures scolaires, etc. Ce blocus se traduit également par un harcèlement de la part des soldats israéliens envers les Palestiniens, par des lois discriminatoires, par des arrestations et des détentions préventives. Gaza est littéralement une prison à ciel ouvert où le peuple qui y habite est totalement dépendant du bon vouloir de l’État d’Israël et des soldats israéliens.
Cette situation se perpétue en flagrante violation du droit international et des droits de la personne les plus fondamentaux qui interdisent entre autres choses les punitions collectives. Elle persiste « en dépit de la Résolution 1860 du Conseil de Sécurité de l’ONU et des injonctions de la communauté internationale » comme l’a rappelé récemment la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme. Cette résolution, votée en janvier 2009, exige que l’approvisionnement et la distribution de l’aide humanitaire à la population de Gaza se fassent sans entrave.
Action pacifique et humanitaire
Le geste que nous faisons est une action directe non violente, une action civile, pacifique, non partisane visant justement à livrer de l’aide humanitaire à d’autres civils palestiniens. Nous sommes conscientes des risques de cette mission. Rappelons que, l’an dernier, les soldats israéliens ont illégalement abordé la flottille, tué neuf humanitaires et blessé une quarantaine d’autres.
Il importe de rappeler ici que cette action pacifique et humanitaire met d’abord en avant des valeurs humanistes de justice et de paix. Elle est inclusive, a pour beauté la diversité des personnes à bord et l’engagement des participants en faveur de la non-violence, de la paix et des droits de la personne. Nous ne sommes pas des super héroïnes, mais de simples citoyennes qui ont choisi d’agir en faveur d’un monde meilleur, d’un monde plus juste.
Conscience collective
Il est honteux qu’une mission humanitaire soit qualifiée de provocation de la part du gouvernement canadien. Tout ce que nous voulons provoquer, c’est la conscience collective et dénoncer l’illégal et immoral blocus israélien sur Gaza. Par cette mission, nous cherchons à créer un mouvement de solidarité international envers le peuple palestinien, mais également envers l’ensemble des peuples opprimés. Le gouvernement canadien et l’ensemble de la communauté internationale doivent cesser d’avaliser aveuglément les politiques israéliennes et agir afin de faire respecter les droits des Palestiniens.
Nous sommes convaincues que l’attachement des Canadiens et des Québécois aux valeurs de justice et de paix de même que la force du mouvement de solidarité des citoyens et citoyennes de ce monde auront raison des mesures injustes qui ont cours au quotidien dans cette région du monde. Si nous reconnaissons la légitimité des peuples arabes de lutter pour la liberté, nous devons en faire autant pour le peuple palestinien. Nous rêvons d’une Palestine libre, maître de ses choix et nous agissons aujourd’hui et continuerons d’agir demain pour qu’il en soit ainsi.
Marie-Ève Rancourt – Déléguée de la Ligue des droits et libertés et Manon Massé – Déléguée de Québec solidaire