Dans son mémoire présenté dans le cadre de la consultation menée par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et des Parcs, Protéger le Nord, la CSN reproche au gouvernement de vouloir procéder dans la précipitation et sans les connaissances nécessaires pour assurer un réel développement durable dans le Nord québécois. « Le gouvernement leurre la population du Québec en affirmant protéger 50 % du territoire et il ne garantit en rien que le développement industriel sera soumis vraiment à un processus de développement durable. Nous demandons au gouvernement de procéder à une véritable consultation sur tous les aspects du Plan Nord », affirme le trésorier de la CSN, Pierre Patry.
La CSN, qui est en accord avec le développement économique du Nord, plaide toutefois pour que ce dernier se fasse dans une perspective de développement durable qui assure le respect des droits de Autochtones et des communautés locales et protège la biodiversité et les écosystèmes exceptionnels que l’on retrouve dans le Nord québécois. « De plus, le développement doit se faire autour de projets structurants et créer des emplois de qualité. Nous devons aussi avoir l’assurance que les ressources naturelles seront transformées au Québec », ajoute Pierre Patry.
De toute évidence, le gouvernement ne détient pas actuellement les connaissances nécessaires pour permettre le déploiement de projets industriels. L’incertitude qui existe quant au type de développement industriel souhaité rend difficile, voire impossible, l’analyse d’impacts environnementaux. « Nous ne devrions pas être à la recherche d’un quelconque pourcentage du territoire à protéger, mais plutôt assister à la définition de conditions permettant un développement industriel qui soit respectueux de l’environnement », soutient le trésorier de la CSN.
Pour la CSN, il est contraire au principe de développement durable de déterminer aujourd’hui que le 50 % du territoire restant peut être soumis à des exploitations hydroélectriques, forestières ou minières sans compromettre justement le développement durable de cette région. « De plus, même si le gouvernement s’engage à protéger 50 % du territoire, que vaut cette protection si les activités industrielles sur l’autre moitié sont dévastatrices et se répercutent sur l’ensemble du territoire ? », se demande Pierre Patry.
Même si l’objectif de protection de l’état naturel des territoires est louable, le représentant de la CSN croit que le cadre juridique proposé et la mise en place de réserves de terres de capital nature ne permettent pas d’atteindre ce but. « Nous invitons le gouvernement à plus de rigueur et de prudence. Le Plan Nord est un projet de développement économique majeur qui comporte des impacts sociaux et environnementaux tout aussi majeurs. Avant d’aller trop loin, le gouvernement doit impliquer tous les groupes concernés par les questions de développement durable. Autochtones, communautés locales, groupes environnementaux, centres de recherche, organisations syndicales, tous doivent être impliqués à chaque étape de réalisation du Plan Nord, ainsi que les entreprises. Ces dernières doivent être responsabilisées quant à la protection des écosystèmes, au maintien de la biodiversité et à la restructuration des sites. Cette approche exige un changement de culture », de conclure le trésorier de la CSN.
La CSN, fondée en 1921, représente 300 000 membres répartis dans les secteurs public et privé.