C’est aujourd’hui, le 31 mars, que prennent fin tous les investissements du gouvernement fédéral pour la construction de nouveaux logements sociaux. Selon le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la contribution fédérale se retrouve à zéro, avec la fin simultanée du Plan d’action économique du Canada lancé en 2009 et de l’Initiative en matière de logement abordable (ILA) en place depuis 2002. Le Québec se retrouve privé de 85,6 millions $ par année. Ces sommes étaient utilisées dans le programme québécois AccèsLogis où elles représentaient l’équivalent des subventions pour 1223 logements sociaux par an.
Le FRAPRU considère la fin de ces minces investissements d’autant plus inadmissible que ses effets viendront s’ajouter à ceux que continue d’engendrer le retrait, depuis 17 ans, du financement à long terme de logements sociaux par le gouvernement fédéral. L’organisme évalue à 60 000 le nombre de logements qui ont été perdus en raison de ce retrait décidé par les conservateurs de Brian Mulroney en 1993 et poursuivi par tous les gouvernements qui se sont succédés à Ottawa. Il en arrive à ce résultat effarant en soustrayant les 36 217 logements sociaux financés au Québec entre 1994 et 2011, que ce soit ou non avec des fonds fédéraux, des 96 250 unités qui auraient pu se réaliser si Ottawa avait seulement poursuivi le financement à long terme de logements sociaux au même rythme qu’auparavant.
Le FRAPRU estime que ce retrait a fait perdre autour de 34 000 logements sociaux dans la seule région métropolitaine de Montréal. La perte se chiffre à 5300 logements à Québec, 2200 à Gatineau, 1400 logements à Sherbrooke et Trois-Rivières, ainsi que 1000 à Saguenay.
À la poursuite des partis
Le FRAPRU entend talonner tous les partis fédéraux, à commencer par les Conservateurs et les Libéraux pour qu’ils mettent fin à cette situation inacceptable. Il multipliera donc les actions et les coups d’éclat tout au long de la campagne pour forcer la main des partis récalcitrants. Il a débuté, hier soir, par un bruyant comité d’accueil lors de la présence du chef conservateur, Stephen Harper, à Dollard-des-Ormeaux.
« Tous les partis doivent s’engager non seulement à continuer d’investir en logement social, mais à accroître ces investissements. Nous ne nous contenterons pas de miettes », prévient François Saillant, coordonnateur du FRAPRU. Il rappelle que le gouvernement fédéral reconnaît lui-même que 982 000 ménages locataires ont des besoins impérieux de logement au Canada, dont 261 000 au Québec. Dans la région de Montréal, ce chiffre est de 156 000. Il est de 24 000 à Québec, 9000 à Gatineau, 6700 à Sherbrooke, 6500 à Trois-Rivières et 4100 à Saguenay.
Le FRAPRU réclame que les partis s’engagent à hausser de manière récurrente le financement pour de nouveaux logements sociaux à 2 milliards $ par année.
Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU)