En 2010, dans plus de 70 pays à travers le monde, des milliers de femmes participent à la troisième action internationale de la Marche mondiale des femmes. Par leurs interventions, elles souhaitent voir reculer la pauvreté et la violence et faire avancer leurs luttes pour un monde juste et égalitaire. Du 12 au 17 octobre, des femmes et des hommes de tous les coins du Québec se joindront à ce grand mouvement afin que le gouvernement réponde à leurs revendications.
Au cours des dernières décennies, il est vrai que d’importants gains ont été réalisés. On peut penser aux congés de maternité et de paternité, aux garderies à 7 $, à l’équité salariale et aux ressources maintenant disponibles pour les femmes victimes de violence. Ces victoires ont été obtenues grâce aux luttes acharnées menées par des femmes dans leurs milieux de vie et de travail.
Toutefois, même si on tente de nous faire croire que l’égalité est atteinte et que les femmes ne subissent plus de discrimination, la réalité n’est pas si rose : il reste beaucoup à faire!
Tout d’abord, au chapitre de l’autonomie économique, il faut poursuivre la lutte car, encore aujourd’hui, le revenu des femmes ne représente en moyenne que 70 % de celui des hommes. Les femmes sont aussi plus nombreuses à occuper des emplois atypiques et précaires, à être non syndiquées et sans fonds de pension. Par le fait même, elles sont plus pauvres une fois la retraite arrivée, n’ayant pas contribué autant que les hommes aux régimes de protection sociale comme la Régie des rentes du Québec. Les emplois au salaire minimum sont majoritairement (60 %) détenus par des femmes, alors que celles-ci ne représentent que 46 % de la main-d’œuvre. Or, le revenu d’une personne qui travaille 40 heures par semaine, au salaire minimum, est 11 % en dessous du seuil de faible revenu pour une personne seule avant impôt. Pourtant, l’autonomie économique est l’une des clés de l’accès à l’égalité pour les femmes.
De plus, les services publics, qui avaient progressivement permis aux femmes d’entrer sur le marché du travail, sont aujourd’hui sérieusement menacés par la privatisation et le désengagement de l’État. De ce fait, les personnes les plus pauvres de la société sont durement touchées, en particulier les femmes, puisqu’elles sont souvent les premières à prendre la relève de l‘État, parfois au prix de leur emploi, pour s’occuper d’enfants malades ou de parents en perte d’autonomie. La lutte contre la privatisation et pour la défense des services publics est importante, car les services publics sont une autre clé essentielle à l’atteinte de l’égalité pour les femmes.
Il reste aussi beaucoup à faire en regard de la violence faites aux femmes, puisque leur corps continue à être utilisé tantôt comme un objet sexuel, tantôt comme un butin de guerre, quand il n’est pas violé et honteusement mutilé. Il faut aussi se rappeler que le droit de choisir de poursuivre ou non une grossesse est régulièrement remis en question et que, chaque année, des femmes meurent encore à la suite d’avortements pratiqués dans des conditions insalubres.
Lorsque je pense à la situation de la majorité des femmes, encore aujourd’hui, il est clair que l’égalité n’est pas atteinte. Il importe donc de se retrousser les manches et de lutter pour l’autonomie économique des femmes, pour la défense du bien commun et pour l’accès aux ressources dans le but de mettre fin aux violences que subissent les femmes et pour bâtir un monde de paix, un monde plus juste. La Marche mondiale des femmes 2010 est un jalon important dans la lutte des femmes pour l’égalité.
En toute solidarité,
Régine Laurent