30 janvier 2012 – Près de soixante-dix organisations ont rejoint un appel à ne pas coopérer avec le Service canadien de renseignement de sécurité (SCRS), l’agence d’espionnage canadienne. Cette campagne de complète non-collaboration est une initiative du Réseau de la Commission populaire. Les organisations participantes avisent leurs membres de ni parler, ni écouter les agents du SCRS.
« Nous avons toléré depuis trop longtemps les activités inacceptables du SCRS, par peur ou par un faux sentiment de loyauté. Nous sommes ici aujourd’hui pour dire que nous ne collaborerons jamais volontairement avec ses agents, qu’ils viennent cogner à nos portes ou qu’ils se présentent sur nos lieux de travail. Nous refusons de nous mettre en danger et d’exposer nos voisins, nos amis, nos familles ici ou outremer, nos organisations et notre travail pour la justice, en parlant aux agents du SCRS ou en les écoutant. Nous dirons non au SCRS et oui à l’affranchissement de la peur et du contrôle politique », affirme Marie-Ève Lamy, active au sein du Réseau de la Commission populaire.
Le budget du SCRS a augmenté de 140 % dans la dernière décennie, pour atteindre 430 millions de dollars en 2009. En 2010, l’agence compte près de 3000 employés et a des ententes d’échange d’information avec147 pays. Le SCRS est profondément impliqué dans plusieurs cas de transferts vers la torture, mais a réussi à sortir indemne de ces scandales, protégé par un mandat large, des lois assurant le secret de ses opérations et une absence de responsabilité publique.
« En questionnant des arabes sur leurs idées politiques ou sur leurs confrères, en suggérant que les perspectives pro-palestiniennes et anticoloniales sont suspectes, le SCRS a réussi à distiller la peur et à rendre inaudible le support pour la justice et la liberté au Moyen-Orient », ajoute Amy Darwish, organisatrice avec Tadamon!, une organisation travaillant pour la justice au Moyen-Orient.
« Les services de sécurité ont tendance à considérer les syndicalistes comme subversifs; nous ne pouvons encourager la délation, ni la transmission d’information qui pourrait piéger des personnes dont le seul tort est de vouloir faire reconnaître leurs droits », affirme Francis Lagacé, deuxième vice-président au Conseil central du Montréal métropolitain–CSN.
« Les tactiques du SCRS créent la peur et l’isolement dans nos communautés, particulièrement celles composées de personnes immigrantes. Devant son intimidation et son profilage ethnique, les groupes de justice pour les migrants répondent avec les armes de la solidarité et de l’entraide, cherchant à contrer le SCRS par une campagne de non-collaboration tout en supportant les individus mis sous pression par l’agence durant leur processus d’immigration », affirme Jaggi Singh, un membre de Solidarité sans frontières.
« Les migrants, les réfugiés, les femmes en crise vivent déjà l’insécurité. Le SCRS les exploite, utilisant leur vulnérabilité. Avec cette campagne de non-collaboration, nous leur faisons savoir que nous ne sommes pas seuls; nous sommes plusieurs à travailler en solidarité pour protéger nos communautés; pour nous protéger les uns les autres », ajoute Dolores Chew au nom du Centre communautaire des femmes sud-asiatiques.
La Commission populaire et ses alliés tiendront une série d’événements au cours des prochains mois pour porter l’attention sur les abus du SCRS et briser la peur et l’isolement que ses activités provoquent sur ses victimes. Pour en savoir plus : www.peoplescommission.org/fr/csis
Réseau de la Commission populaire
Le Conseil central du Montréal métropolitain–CSN est membre de la Commission populaire.