Au cours des deux dernières semaines, une délégation de l’AFPC a assisté aux travaux de la Commission des Nations Unies sur la condition de la femme, à New York. De concert avec d’autres syndicalistes du monde entier, les représentantes de l’AFPC ont dénoncé les politiques sexistes du gouvernement Harper.
Chaque année, la Commission se réunit à New York autour d’un thème précis et convient d’un train de mesures que les gouvernements et d’autres organismes devraient mettre en œuvre pour éliminer l’inégalité entre les femmes et les hommes.
Le thème retenu cette année est : « L’accès et la participation des femmes et des filles à l’éducation, à la formation, à la science et à la technologie, y compris pour la promotion de l’égalité d’accès au plein-emploi et à un travail décent ».
En matière d’éducation, les Canadiennes ont certes fait des progrès, mais il reste qu’elles ne représentent que 11 % des inscriptions aux programmes d’apprentissage de métiers spécialisés. Dans les secteurs à prédominance masculine, par exemple la construction, les femmes sont encore sous-représentées. Or, ce sont justement ces secteurs qui ont bénéficié des largesses du plan de relance économique fédéral.
L’accès à l’éducation est un enjeu important, particulièrement en ce qui concerne les enfants autochtones. Dans les réserves, les écoles financées par le fédéral touchent de 25 à 50 % de moins, par élève, que les écoles financées par les gouvernements provinciaux. À Attawapiskat, par exemple, la situation est grave : l’école est installée dans des maisons mobiles stationnées sur un terrain contaminé. Il n’est donc guère surprenant que, dans ces conditions, seuls 3 jeunes sur 10 finissent leur secondaire.
La Commission s’est aussi penchée sur le constat suivant : à elle seule, l’éducation ne suffit pas pour réaliser l’égalité des femmes sur le marché du travail. Au Canada, par exemple, les femmes constituent 60 % de la main-d’œuvre à salaire minimum et occupent la majorité des emplois à temps partiel, temporaires et précaires. En fait, 38 % des Canadiennes touchent un salaire si bas qu’elles sont exemptées d’impôt sur le revenu et ne bénéficient donc pas des réductions d’impôt.
Le 24 février 2011, Rona Ambrose, ministre de Condition féminine Canada, a présenté la position du gouvernement canadien devant la Commission. Elle a vanté l’initiative fédérale sur la santé maternelle et infantile, mais a passé sous silence le fait que le gouvernement refuse désormais de financer l’avortement dans les pays en développement.
Elle a également mentionné « la toute première stratégie destinée à enrayer les disparitions et meurtres de femmes autochtones au Canada. » Le gouvernement a effectivement annoncé récemment qu’il financera des initiatives pour régler ce problème. Il a toutefois précisé que l’argent est destiné aux projets de la GRC et du ministère de la Justice, pas à des initiatives conçues par des groupes autochtones. D’ailleurs, plusieurs organismes ont dénoncé le fait que le gouvernement cesse de financer la campagne Sœurs par l’esprit et ne se soit pas doté d’un plan d’action concerté pour mettre fin à la violence faite aux femmes autochtones.
La ministre Ambrose a annoncé que le Canada allait lancer un appel à l’action pour mettre un terme à la violence perpétrée au nom de l’honneur et autres « pratiques culturelles barbares des communautés ethniques ». Elle a omis de mentionner qu’il n’y a pas plus de violence faite aux femmes dans les communautés immigrantes que dans les autres familles canadiennes et qu’il n’y a eu que 13 meurtres d’honneur au Canada entre 2002 et 2009.
Par contre, il y a eu 4 836 homicides; dont 967 homicides conjugaux, la majorité des victimes étant des femmes. Autrement dit, au cours de la même période, 800 Canadiennes ont perdu la vie aux mains de leur conjoint. Si le gouvernement avait véritablement l’intention de mettre fin à la violence faite aux femmes, il concentrerait ses efforts sur tous les homicides conjugaux, pas seulement sur ceux qui sont commis au sein de communautés particulières. Il s’engagerait également à préserver le registre des armes à feu qui, on le sait, réduit l’incidence de crimes violents.
N’est-il pas ironique qu’à la veille de la réunion de la Commission, le gouvernement fédéral ait rejeté une proposition de la Fédération canadienne des enseignantes et des enseignants visant à former du personnel enseignant dans plusieurs pays africains et en Inde. Cette semaine, des centaines de femmes de partout au monde ont signé une pétition incitant le Canada à ne pas abandonner son rôle de défenseur de l’éducation et de bâtisseur de la paix.
Le gouvernement doit faire marche arrière et abandonner ses politiques rétrogrades. Nous insistons pour qu’il respecte et défende les droits des femmes.
Pour plus d’informations, consultez le blogue de la délégation syndicale. (En anglais seulement.)
Date de modification : 2011/03/03