Les migrants font partie intégrante de la cité : aussi devraient-ils en être reconnus citoyens. Ils seraient des citoyens avec un petit « c » puisqu’ils n’ont pas la nationalité; mais, localement, ils seraient considérés sur un pied d’égalité avec tous ceux et celles qui vivent et travaillent dans la cité. Les migrants irréguliers travaillent tous (ils ne peuvent pas se permettre de ne pas le faire) et leur exploitation contribue souvent à la compétitivité de secteurs économiques spécifiques. Ils paient des taxes sur tout ce qu’ils achètent ou louent, et utilisent peu les services publics. L’absence de statut administratif leur reconnaissant des droits les vulnérabilisent. Donner à ces personnes un statut significatif, même localement, contribuerait grandement à combattre l’exploitation et la discrimination. Pour répondre aux situations d’abus auxquels font face les migrants en situation irrégulière, quelques communautés locales ont adopté une attitude différente: leurs décisions méritent d’être mentionnées afin d’inspirer d’autres collectivités.
Depuis 2004, une campagne « don’t ask, don’t tell » a été lancée à Toronto par l’organisation No One is Illegal, afin de rendre les services d’urgence, de logement social, de banques alimentaires, de soin de santé et d’éducation accessibles à tous, y compris ceux en situation irrégulière. Depuis, le conseil des établissements du district de Toronto a adopté la politique du « don’t ask, don’t tell » pour permettre à tous les enfants de fréquenter l’école, sans égard au statut de leurs parents.
L’idée centrale est qu’il ne devrait pas y avoir de statut particulier (ou de non-statut) pour les migrants à l’échelle locale : il n’y aurait qu’un seul statut pour tous les habitants de la cité ou de la communauté locale. Toute personne qui y réside et qui participe aux dimensions économiques et sociales de la cité devrait jouir d’un statut qui lui permet de bénéficier des services en fonction de sa contribution et de participer localement aux processus politiques de prise de décision.
(Extrait d’un texte paru dans le numéro 5 des NCS, Migrations : Stratégies, acteurs et résistances)