ARRÊTONS-NOUS
Il est devenu urgent de se questionner. Si l’improvisation du départ peut se comprendre, l’État n’a toujours pas trouvé d’équilibre entre les dommages qu’il cause par ses mesures et sa gestion d’un coronavirus. Voilà pourquoi notre regroupement interpelle aujourd’hui le gouvernement à sortir d’une vision en tunnel de la Covid pour adopter une vision élargie et inclusive au bénéfice des 8,5 millions de personnes qui habitent le même territoire.
Le travail ne fait que commencer
En 1952, l’OMS a défini la santé publique comme «la science et l’art de prévenir les maladies, de prolonger la vie et d’améliorer la santé physique et mentale à un niveau individuel et collectif». Ici même au Québec, l’article 1 de Loi sur la santé publique dit clairement : «La présente loi a pour objet la protection de la santé de la population et la mise en place de conditions favorables au maintien et à l’amélioration de l’état de santé et de bien-être de la population en général».
Pourtant, depuis le début de la crise du coronavirus, l’aspect collectif et surtout préventif de la santé publique semble avoir été relégué au second plan. Pire, des décisions politiques ont rendu malades des gens en santé.
Les mesures imposées par le gouvernement ont fait subir, à différents niveaux et degrés, des dommages collatéraux à l’ensemble de la population du Québec : anxiété, dépression, maladie, perte d’emploi, violence familiale, faillite, suicide, retard de traitements médicaux, surdose, décrochage scolaire, etc. Ces mesures ont de plus touché les citoyens de manière très inégale, frappant de manière disproportionnée les plus pauvres, les enfants d’âge scolaire, ainsi que les travailleurs de secteurs entiers de l’économie.
Il n’est pas question ici de diviser la population en groupes d’intérêt, mais bien de se référer à la notion même de la santé publique qui se doit de prendre en compte le bien du plus grand nombre dans ses dimensions physiques et mentales. Le référentiel virologique unilatéral appliqué au Québec a causé des dommages profonds. Cela nous amène à poser la question suivante: est-ce que le remède aura été pire que la maladie?
Le gouvernement a fait des choix, dont celui de ne pas consulter de nombreux experts ou associations de spécialistes qui auraient pu le conseiller différemment. De plus, il a littéralement fait la sourde oreille aux interpellations répétées provenant de pédiatres, de médecins et de nombreux citoyens québécois issus de toutes les professions et de tous les milieux. Cette gouvernance autoritaire, ayant à plusieurs reprises dépassé le champ de ses compétences en interprétant à sa guise les recommandations de la Santé publique, a causé de graves préjudices envers la population.
Or, tel que démontré par de nombreux exemples au Canada et à l’étranger, chacun avec ses particularités et ses objectifs, d’autres approches étaient possibles qui auraient permis de réduire considérablement le coût social et économique des mesures. Pourtant, notre gouvernement a préféré les ignorer.
Il importe de souligner à quel point les confinements fragilisent la nature même de nos rapports en société préparant un monde de l’après-crise dominé par les chaînes de restauration rapide, les grandes surfaces et les GAFAM. En outre, il est loin d’être clair que les confinements protègent de manière adéquate et humaine les populations les plus à risque, notamment celle des personnes âgées.
La démocratie souffre également. Alors que nous avons un taux de vaccination élevé et des données qu’on connaît depuis plus de 6 mois, le gouvernement du Québec continue à utiliser le décret d’urgence sanitaire comme un instrument de gestion politique alors qu’il avait été conçu pour être utilisé de façon exceptionnelle.
Plusieurs droits fondamentaux ont également été brimés par d’autres décrets, sans aucune justification scientifique ni démonstration de l’utilité réelle des mesures employées. Le cas du passeport vaccinal est un cas flagrant de dérive alors que le consentement à un traitement se doit d’être libre, éclairé et sans contrainte. Ce cas d’espèce représente un dangereux précédent dans notre démocratie libérale que nous ne pouvons cautionner.
Malgré ces évidences, la structure de notre système de justice a grandement limité la capacité des citoyens à remettre en cause l’approche retenue par les autorités. En effet, notre système de justice n’offre aucun recours légal rapide pour contrebalancer des décisions politiques qui empièteraient sur les droits fondamentaux.
Attendu ce qui précède et afin qu’aucune autre génération ne revive les effets d’un confinement prolongé (destruction économique, perte de liens sociaux, direction politique et non basée sur la science, suspension de ses droits fondamentaux), d’un passeport vaccinal, d’un état d’urgence injustifié, nous demandons….
1 – Qu’une enquête publique et indépendante sur la gestion de la Covid-19 au Québec soit mise en place dans les plus brefs délais afin de déterminer ce qui a conduit notre province à un bilan peu enviable en termes de décès per capita. Que l’enquête fasse également l’inventaire des coûts vs bénéfices des mesures mises en place pour contrer le coronavirus.
2 – Qu’une cellule de crise composée d’experts multidisciplinaires soit mise sur pied immédiatement afin de conseiller le gouvernement vers une gestion résiliente de la crise, qui favorisera le fonctionnement normal de la société. Ce groupe devra être composé d’experts représentant les aspects physiques, psychologiques et sociaux de la Santé publique telle que définie par l’OMS : pédiatres, gériatres, psychiatres, anthropologues de la santé, sociologues, virologues-infectiologues, économistes, juristes, professeurs, spécialistes en gestion de crise, en génie, etc. Que cette cellule ait la charge de déterminer si nous sommes oui ou non en urgence sanitaire. C’est ce groupe qui aura dans l’avenir le rôle de gérer les pandémies.
3 – Que soit modifiée la Loi sur la Santé publique qui concentre, entre autres, trop de pouvoir entre les mains du parti élu en offrant en contrepartie peu de moyens à l’opposition comme à la population de s’y opposer politiquement et/ou juridiquement dans un laps de temps raisonnable en cas de dérive comme actuellement.
4 – Que soit modifié le Code de procédure civile du Québec afin que les demandes en pourvoi judiciaire visant des questions constitutionnelles soient entendues de façon urgente, pour garantir à la population une protection efficace de ses droits fondamentaux.
5 – Que dans un Québec post-covid des politiques concrètes et mesurables soient mises en place afin d’améliorer la santé physique et mentale des Québécois, et ce dès la petite enfance. L’État a prouvé depuis mars 2020 qu’il est en mesure de se mobiliser et d’investir pour un enjeu de maladie. Il est maintenant temps de le faire pour de réels enjeux de santé publique.
Quelques-uns parmi les 400 signataires qui ont endossé ce texte
1 Benoit Girouard président EAQ ex-président Union paysanne
2 Normand Mousseau professeur de physique Université de Montréal
3 Pierre Biron professeur retraité de pharmacologie médicale Université de Montréal
4 Pierre Brisson auteur en prévention des toxicomanies retraité de l’enseignant universitaire et ex-consultant formateur à l’INSPQ
5 Robert Béliveau médecin (Retraité) porte-parole de reinfocovid.ca
6 Dre Anne-Isabelle Dionne médecin de famille
7 Dre Catherine Bouchard médecin de famille
8 Dre Marie-Eve Bouchard médecin de famille
9 Dre Maya-Geneviève Cholette-Tétrault médecin de famille
10 Dre Myrian Dayana Diaz Pertuz médecin de famille