Il est 18h30 et les écrans du Bella Center, qui accueille la conférence des Nations unies, diffusent en direct les images d’une soixantaine de militants, encadrés par des policiers, agenouillés de force au sol et menottés. Médusés, les officiels regardent se dérouler la scène. « C’est humiliant », murmure un journaliste. Vers 19h, le visage de la présidente de la Conférence des parties réapparait sur les écrans, les militants viennent d’être emmenés par la police.
Quelques heures plus tôt, l’ambiance est au beau fixe pour les organisateurs de la manifestation internationale du 12 décembre, fiers d’avoir rassemblé entre 30 000 et 100 000 manifestants. Brandissant des milliers de drapeaux et de banderoles en direction du centre de négociations officielles sur le climat, les militants venus du monde entier viennent réclamer un véritable accord contraignant et la justice climatique. Familles, syndicalistes, étudiants et écologistes défilent au rythme du groupe britannique Massive Attack.
Les manifestants sont sur le chemin du Bella Center quand le cortège est soudainement divisé par des camions de police. Environ 200 personnes sont bloquées, dont des manifestants portant des drapeaux d’organisations d’Attac notamment. « Des black blocs se trouvent parmi elles », justifient la police qui fait sortir certains manifestants au compte goutte. « Je ne vois aucune raison pour que les flics nous bloquent, réagit Ihsane peu coutumière des manifestations. Ils ont fait une chaine, leurs camions bloquaient la vue et leurs chiens hurlaient à la mort. Ils sont arrivés en courant comme des tarés, c’était flippant, vraiment impressionnant. ».
En photo : la police danoise avait semble-t-il hâte de remplir ses cages à lapins (droits réservés)
Une heure et demie s’écoule. La tension monte. Quelques centaines de militants, venus soutenir les raflés, crient de les laisser sortir sur fond de samba. La police procède finalement à une soixantaine d’arrestations. Du côté des organisateurs de la manifestation, on ne cache pas son énervement : « la police ne respecte pas les accords passés avec elle ». Selon Jørn Andersen, un des organisateurs de l’initiative du 12 décembre, « nous nous sommes rencontrés plusieurs fois depuis le début, le deal c’était que chaque bloc devait s’auto-gérer. S’ils étaient débordés, les ouvriers du bâtiment [service d’ordre général] devaient intervenir. Si ces derniers se trouvaient face à une situation qu’ils ne pouvaient maitriser, la police pouvait entrer en scène ».
Tous les témoignages recueillis évoquent « une grande agressivité » de la police. Suite à des bris de vitrines par des black blocs un peu plus tard, la police déclare avoir procéder à quelques centaines d’arrestations. Sur l’ensemble de la manifestation, plus de 900 personnes auraient été arrêtées (mais les chiffres annoncés ne cessent de changer). Organisée en réaction, une manifestation de solidarité a rassemblé environ 200 personnes à 21h, à Valby, près du lieu de détention. A 23h, chargés par la police, ils n’étaient plus qu’une cinquantaine. Les personnes interpellées, dont beaucoup ne sont pas danoises, peuvent resterjusqu’à 72 heures en détention arbitraire.
Ronack Monabay et Sophie Chapelle